Interview du docteur Ibrahim Moussa
Interview du docteur Ibrahim Moussa, porte-parole officiel du gouvernement libyen, par Arrai TV - 1er octobre 2011 (*) Traduite de l'arabe par Libya 360°
7 octobre 2011
Libya 360° : En ligne avec nous le Dr. Ibrahim Moussa, porte-parole officiel du gouvernement libyen. Docteur, je voudrais commencer en remerciant Dieu de vous savoir sain et sauf. Les mensonges et les tromperies des media affirmaient que vous aviez tenté de fuir en revêtant des habits de femme et un niqab (voile qui cache entièrement le visage). Pensez-vous que ce soit une tentative de diffamer et salir l'image de la résistance et des combattants jihadistes comme vous ?
Dr. I. Moussa : Je vous salue cher frère et je salue les spectateurs de cette chaîne de télévision courageuse. Nous avons donné nos vies et nos âmes pour le bien de ce pays et nous participons à une cause honorable et dédiée à un projet de véritable civilisation et je ne suis pas surpris que ces voix et mensonges aient été soutenus par les chefs du Conseil de la honte et de la trahison de la Libye, et ni ne m'étonne que ces déclarations soient diffusées par les media qui collaborent de façon organisée avec l'OTAN et avec les rebelles-OTAN.
Ils essaient de salir l'image de la glorieuse jeunesse de Libye, qui a entrepris cette guerre sainte contre les grandes puissances du monde, mais cette image est plus grande et pure que leur guerre. Nous ne déserterons pas le champ de bataille. Nous combattrons jusqu'à la mort ou jusqu'au triomphe, si Dieu veut.
Ces voix sont des mensonges. J'étais près de la ligne de front à Syrte et, avec moi, se trouvait un escadron de 23 grands et loyaux combattants. Huit d'entre eux arrivaient de Syrte, deux de Harwara, deux de Tarhouna, trois de Werfella et un de Wershifana, un de Seesan et six de la courageuse Zliten.
Nous avons été pris dans une attaque surprise par une bande de miliciens de l'OTAN et contraints à nous retirer dans une zone isolée. Le groupe de jeunes qui étaient avec moi est resté au combat contre les milices OTAN, bien armées et équipées par leur maudit allié atlantique, alors que nous n'avions, nous, que des armes légères, etc. Le combat a continué pendant plus d'un jour et demi. Ils ont annoncé ma capture et mon arrestation, mais c'était faux. En réalité ils n'ont jamais été sur le point de me capturer. Les jeunes ont continué à se battre dans les vallées des déserts. Certains d'entre eux sont morts en martyrs dans cette bataille courageuse et pure : un jeune de Werfella et un de Seesan, pendant qu'avec les autres nous nous sommes repliés en sécurité. Que Dieu accorde sa miséricorde aux martyrs qu'il accueillera avec bienveillance, au contraire de l'OTAN.
Ceci nous apporte une autre vision du front de la guerre, qui témoigne de la détermination, de l'abnégation et du moral élevé des combattants. Mais les media menteurs essaient de diffuser autant de rumeurs infondées et mensonges que possible pour miner le moral du mouvement de résistance.
Je voudrais saisir l'occasion que vous me donnez pour dire que j'ai assisté personnellement, de mes yeux, à la façon dont ils ont tué à Zwaitneeya, Wershifna, Seesan, Werfella, Tarhouna, Hrawa et dans les tribus de la région de Syrte qui allaient main dans la main, côte à côte, et comment les avions volaient au-dessus de nous, comment ils bombardaient sans répit et comment la milice à terre essayait d'attaquer. Je jure, cher frère, que les yeux de ces combattants brillaient d'une lueur de colère et de lutte et que tout le monde parlait des martyrs et des camarades courageux, et de leurs familles, avec amour et compassion. Cela a été un spectacle incroyable. Ces gens n'avaient pas été entraînés. Ils n'ont pas été entraînés par Al Qaeda, ni par l'OTAN, la France et le Qatar. Ces jeunes sont des gens normaux, des gens ordinaires comme ceux qui regardent Al-Rai en ce moment et qui, ensuite, changeront de chaîne pour aller voir un programme de télé, un film ou des clips vidéo musicaux. Ce sont des jeunes ordinaires transformés de façon surprenante en lions et en héros parce qu'ils sentaient qu'ils avaient à présent un objectif plus élevé, celui de devoir être des combattants et des héros. J'ai demandé à plusieurs d'entre eux qui ils étaient, de quelles familles ils venaient, ce qu'ils faisaient dans la vie, leur travail. Certains étaient étudiants, enseignants, entrepreneurs, techniciens, etc. Tous ces gens n'avaient pas d'autre objectif ou aspirations que de combattre ces terroristes et renverser et abattre cette conquête coloniale de leur pays.
Je jure cher frère, que même si nombre de ces personnes ne sont pas instruites politiquement elles le sont cependant moralement et comprennent tout ce qui est en train de se passer. Ces gens ne peuvent pas être trompés par des mots pompeux comme « démocratie », « liberté » et changement, mensonges trompeurs pour masquer les vues coloniales sur la Libye. Ils comprennent collectivement de façon transparente et honnête que c'est leur devoir de combattre. Je voudrais une fois de plus rendre hommage aux deux martyrs que j'ai cités tout à l'heure et un salut à mes frères qui sont encore au combat sur les nombreux fronts de la bataille.
Libya 360° : Nous n'avons pas douté une seconde qu'Ibrahim Moussa « le combattant » aurait pu fuir la bataille au moment où on avait besoin de lui. En toutes occasions, Docteur, les media diffusent des rumeurs sur les civils qui fuiraient Syrte. Pensez-vous qu'il s'agisse de donner l'impression que la ville a été évacuée et d'affirmer que tout le monde a fui, pour pouvoir ensuite passer au massacre et « nettoyer » toute la ville et sa population ?
Dr. I. Moussa : Bien sûr, cher frère, et ils ont déjà commencé. Les spectateurs arabes du monde entier, Arabie Saoudite, Emirats, Egypte, Syrie, Irak, Algérie, Maroc, Soudan et tous les pays arabes, doivent savoir que les habitants de Syrte ont été littéralement massacrés et chassés de leur maison... je veux le répéter « de leur maison », le nombre de morts a atteint les milliers. Ceci n'est pas une exagération, des milliers de gens !
Ceci est manifeste dans la mesure où l'odeur de la mort, des tueries et de la destruction est devenue tellement oppressante que les organisations internationales l'ont ressentie même depuis les villages éloignés où se trouve l'ennemi. L'odeur, comme on dit en anglais, est trop forte pour l'ignorer.
Les manigances des media ont recommencé, disant que les habitants de Syrte sont en fuite, pour couvrir le fait que ce sont eux et pas nous qui tuons et bombardons les civils. Il s'agit d'une stratégie claire avancée par Al Jazeera et quelques autres qui sont désormais les porteurs les plus qualifiés et consumés du mensonge et de la tromperie. Je peux dire que j'ai été un expert de niveau mondial à propos de ces chaînes et de leurs capacités, pour avoir amplement traité avec eux et pour les avoir observés de près pendant les 9 derniers mois. Je sais que leur composition et la façon dont ils opèrent de l'intérieur n'est en réalité qu'une partie de cette opération internationale impériale. Partie fausse, cosmétique et pré-ordonnée.
La ville a encore 180.000 de ses habitants. Quelques centaines ont fui car leurs maisons et leurs vies avaient été détruites. Mais 180.000 personnes restent encore dans la ville, en sachant aussi que des tribus entières ont fui vers Syrte parce que leurs villages avaient été envahis par des bandes armées et qu'en ce moment justement ils sont bombardés, leurs maisons s'écroulent... Les tanks, les régiments les missiles Grad frappent sans distinction édifices civils et militaires.
Cher frère, j'ai eu personnellement des entretiens téléphoniques avec des organisations internationales et avec certaines chaînes de télévision et j'ai appelé les organisations des droits de l'homme, j'ai appelé des fonctionnaires et des autorités connues des Nations Unies. Je leur ai demandé à tous de venir à Syrte, en considérant les précédentes visites qu'ils avaient faites dans d'autres villes de Libye alors qu'était menée la conspiration contre nous. Pourquoi ne viennent-ils pas maintenant enregistrer et recueillir des informations sur la destruction et les crimes de guerre à Syrte ?
Ils disent d'accord nous viendrons, nous nous organisons et nous viendrons. Un mois est passé depuis ma requête, et pas une seule chaîne de télé n'est entrée à Syrte, pas une seule délégation de la Croix-Rouge n'a rejoint Syrte. Pas une seule entité islamique ou autorité des Nations Unies n'a fait de commentaire sur la destruction de la ville de Syrte !
La conspiration est claire pour qui a un coeur ou peut écouter ce qui est en train de se passer. Pour ceux qui n'ont pas de coeur et ne veulent pas savoir ou apprendre ou analyser ou abattre cet injuste régime de la mondialisation, mieux vaut bien sûr vivre dans une ignorance béate, mais nous, nous préférons étendre notre connaissance et toujours approfondir ce que nous savons.
Dans toute guerre, la recherche de la vérité est ce qui prime et nous sommes du côté de la vérité, avec l'aide de Dieu !
Libya 360° : Dr. Moussa, quelle est la situation sur le terrain, en première ligne, surtout dans les villes résistantes assiégées ? Je veux dire : Bani Walid, Ghadamis et Syrte ?
Dr. I. Moussa : Je vais essayer de vous donner une synthèse. Il y a deux types de première ligne, de champs de bataille. Les fronts principaux : Bani Walid, Syrte et Sabha et il y a d'autres fronts dans les villes envahies.
Pour ces dernières, nous pouvons observer que le mouvement de résistance a augmenté. Continuellement de nouvelles opérations sont en cours à Zliten, Tripoli, Zawiya, Azizia et Tarhouna et dans d'autres villes. Certaines sont des opérations planifiées et organisées tandis que d'autres sont menées par quelques individus seulement. Toutes ont réussi et on voit des résultats positifs. Il y a eu des victimes chez l'ennemi. Mais la chose la plus importante est que le drapeau de la lutte reste hissé. La continuation de ces opérations montre que l'OTAN ne peut pas prendre le contrôle de la Libye.
Pour ce qui est du front principal, grâce à Dieu, Bani Walid a été réellement et complètement nettoyée (des forces ennemies, NdT) dans une vaste rayon entourant la ville et il faut dire que, d'une certaine manière, nous sommes encore en train, bien sûr, d'en subir les effets.
Mais il y a des cadavres de miliciens de l'OTAN dans les montagnes et les vallées de Bani Walid. Et bien sûr les chefs des forces de terre des rebelles OTAN sont tout à fait au courant de cela.
L'hôpital de Tarhouna, celui de Tajoura, le Tripoli Medical Center sont tous pleins des corps provenant du champ de bataille de Bani Walid. Et de ce fait, pour ces bandes armées, Bani Walid signifie maintenant « mort ». Les rapports en provenance de ce front sont excellents. La dernière attaque contre Bani Walid a eu lieu hier, aujourd'hui il n'y a pas eu d'attaque (samedi 1er octobre 2011 ; l'absence d'informations, au jour le jour, sur ces terrains de bataille, équivaut à l'information que ces régions ne sont pas tombées aux mains des rebelles-OTAN ; sinon, ce serait le titre de tous nos media, NdT). Hier beaucoup de nos combattants ont sacrifié leur vie. Je voudrais saluer toutes les tribus de Bani Walid, surtout celle de la bataille dans la Vallée de Ghalboun, et nos frères de Sbaya et Asahbaa, Kimmat, Qbool, Gwaydaa, qui nous ont protégés et défendus.
Du point de vue de la seconde ligne principale du front de la ville résistante de Syrte, les attaques ont été majeures. Les ennemis sont arrivés de cinq points différents, soutenus par de lourds bombardements OTAN et équipés d'armes très modernes. Mais les jeunes de Syrte ont été capables de résister à cette attaque. Et je peux donner une information arrivée il y a deux heures seulement, sur des jeunes de Syrte qui ont réalisé une forte avancée dans la partie est de la ville, obligeant l'ennemi à s'enfuir et à reculer de plusieurs kilomètres, ce qui a permis la réquisition de certaines de leurs armes. Au sud et à l'ouest de la ville aussi, il semble qu'ils soient pareillement en bonne posture.
Ceci dit je voudrais informer les téléspectateurs que nous nous attendons à ce que les attaques contre Syrte s'intensifient à partir de demain (dimanche 2 octobre, NdT) surtout dans la zones ouest et sud. Mais nous sommes prêts et nous comptons sur une force importante à l'ouest, et, avec un travail soutenu sur les fronts sud et est, nous pensons pouvoir éliminer complètement la menace dans les prochains jours.
Si je peux, je voudrais saisir l'occasion de faire ici une déclaration aux tribus des cités violées, par exemple à la population honorable de Tarhouna. Nous savons que le peuple fier et patriote de Tarhouna n'accepte pas les rebelles de l'OTAN et nous recevons chaque jour des lettres d'eux qui nous indiquent leur opposition à l'OTAN mais ils sont contraints pour le moment au silence contre leur volonté.
Nous leur disons que s'ils ne peuvent pas, et n'ont pas les moyens d'ouvrir un champ de bataille et de résistance dans la cité même, que du moins les loyalistes se déplacent par centaines de Tarhouna, Wershefanna, Seesan et Hawamed et de tout autre endroit pour se joindre au front de Bani Walid et Syrte. Nous avons déjà, bien sûr, un grand nombre de combattants appartenant à ces tribus sur ces champs de bataille, mais ils doivent continuer à envoyer le plus possible de gens afin que nos forces puissent s'accroître et, à la fin, ouvrir un front de bataille dans leur ville.
Libya 360° : Docteur, en remerciant Dieu à nouveau que vous soyez sain et sauf, nous vous remercions de votre participation et vous saluons ainsi que la résistance.
Dr. I. Moussa : Avant de conclure, je voudrais transmettre les condoléances personnelles de notre Guide de la Révolution Muammar Kadhafi à la famille du héros Jamal Abdel Nasser pour son fils Khalid. Avec la pitié de Dieu, Muammar Kadhafi veut exprimer son plus profond respect à la famille de Jamal Abdul Nasser, à tout le peuple libyen et à tous les Arabes.
Et nous voudrions renforcer la lutte que Jamal Abdel Nasser a menée pour la liberté, pour la fierté et la lutte que tous les Arabes mènent contre les occupants étrangers, contre le vol du pétrole, contre la création des bases militaires en Libye et dans tout pays arabe. Nous voudrions présenter une fois de plus nos plus profondes condoléances au peuple arabe. Nous voudrions dire que, plaise à Dieu, nous garderons haute la bannière de la liberté, de la fierté, de l'Islam et de l'honnêteté jusqu'à la victoire, si Dieu veut.
Interview du DR. Ibrahim Moussa par Arrai TV - 1er Octobre 2011
(*) Voir la vidéo de cette transcription effectuée et publiée par libya360.wordpress.com par Alexandra Valiente pour www.resistenze.org du Centro di Cultura e Documentazione Popolare di Torino, Nuove Resistenti n° 379 (jeudi 6 octobre 2011).
Traduction Marie-Ange Patrizio (07.10.2011)
Toutes les versions de cet article :
- Dr. Moussa Ibrahim : We will not leave the battleground.
- Dr. Moussa Ibrahim : Non abbandoneremo il campo di battaglia
[:mmd]
silviacattori.net