Roland Nasky
Arrivés à Bruxelles hier samedi 8 octobre, et malgré les heurts avec les forces de l'ordre, les « Indignés » ont réussi à faire passer une image relativement positive et juste de leurs manifestations non-violentes. Tout ne devrait-il pas être fait pour préserver cette bonne réputation auprès de la presse comme du grand public ?
Accueil en fanfare
L'arrivée des Marches au Parc Elisabeth vers 19h fut haute en couleurs et nous pouvons témoigner de l'intense émotion qui régnait. Accolades, chants, fanfares, danses, caméras et perches des médias présents sur place occupaient densément l'entrée du parc. Et puis, jaillissant comme un geyser de la foule compacte, une tente colorée fut lancée en l'air pour retomber sur la pelouse du parc comme un symbole de la prise des lieux et du "toma la plaza" si cher aux Indignés espagnols. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, une trentaine d'autres tentes furent plantées.
La parole est à la police
Quelques personnes ont alors commencé à parcourir la foule en criant : "Assemblée ! Assemblée !". Une fois le cercle formé, une représentante de la police a été invitée à s'exprimer au mégaphone en tant que porte-parole des autorités communales et policières, informant les Indignés présents de l'issue des négociations qui avaient eu lieu avec les organisateurs belges depuis quelques semaines : la visibilité et le potentiel de contact avec la population est assuré dans le sens où le Parc peut être occupé en journée, toute la semaine, de 6h du matin à 22h. Il a aussi été convenu que le bâtiment désafecté de la KUL, situé le long du parc, était mis à la disposition des Indignés.
Débats
L'unique question à débattre durant l'Assemblée Populaire était celle-là : camper dans le parc la nuit et risquer la confrontation avec les forces de l'ordre, ou bien se rabattre sur une solution difficile à accepter pour certains, à savoir tenir l'Agora Internationale dans le parc sans pouvoir réellement habiter les lieux.
L'heure des choix
Après de longs tours de parole, il apparut qu'il était impossible de trancher cette question. Il fut admis par tous qu'il y aurait deux campements, mais que tous resteraient unis. Une grande majorité des Indignés ont pris la direction de la KUL, alors qu'une cinquantaine d'entre eux ont choisi de ne pas bouger. La suite avait été annoncée, une brigade spéciale de 150 hommes, en alerte depuis 24h, est intervenues pour les encercler et déplier les tentes. Les chants, la fanfare et les cordons policiers qui se formaient donnaient à la scène des allures complètement surréalistes. Deux heures plus tard, ils les privaient de leur liberté. Attachés et embarqués dans un bus. En route pour une garde à vue de 12h.
Couverture médiatique
Remarquons que, dans son ensemble, la presse n'a pas occulté le nombre important de participants présents dès ce samedi 8 octobre, pour accueillir les principales "Marches des Indignés". La presse généraliste (voyez toutes les références et liens au bas de l'article) a par contre mis l'accent sur les arrestations administratives effectuées en fin de soirée, principalement des personnes qui insistaient pour planter leur tente dans le Parc Elisabeth.
Rappel : refus de la violence
D'après l'article publié à 23h55 par la rédaction du journal Le Soir, "Une vingtaine de personnes ont été arrêtées. Il y a eu des échanges de coups entre les policiers et certains « indignés »." Précisons que nous étions sur place, qu'aucun échange de coup n'a eu lieu, que les forces de l'ordre ont utilisé des chiens et des colsons pour neutraliser les indignés en question et les embarquer dans un bus affrété pour les besoins de la cause et que le nombre d'arrestations était plus proche de la cinquantaine que de la vingtaine dont fait état le quotidien belge. Les quelques dizaines d'interpellés ont été libérés dans la matinée, sans avoir fait l'objet de poursuites pénales ou administratives.
"Public" ?
Il faut souligner à quel point l'enjeu lié à l'espace public est sensible pour les Indignés, dont l'un des projets consiste explicitement à se le réapproprier. Voilà qui pourrait naturellement nous encourager à entamer un grand débat - pas seulement là dans le Parc Elisabeth mais chacun dans son monde, son entourage, sa famille, etc. - à propos de l'idée même d'"espace public".
Déjà des centaines de personnes
Au final ce sont donc plusieurs centaines de personnes qui ont rejoint quelques 150 marcheurs arrivés d'Espagne et de France. Une mobilisation de bon augure pour la suite du Mouvement, alors que ce n'était hier que le premier jour d'une semaine d'intense activité (assemblées populaires, ateliers de réflexion...), qui doit aboutir samedi prochain à une grande "Marche des Indignés" de 10 km à travers les rues de la capitale.
Un mouvement global : "150"
Le même jour, le 15 octobre 2011, les Indignés de nombreux pays appellent à des manifestations massives dans toutes les grandes villes du monde. Sous le thème de "Global Revolution", face aux dangers qui guettent la planète sur le plan tant social qu'environnemental, ils appellent à une véritable insurrection des consciences.
N'est-il pas grand temps de revoir nos modes de vie ? Parlons-en !
Roland Nasky & Badi Baltazar
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