Une lettre de Mouammar Kadhafi au chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, demandant d'«arrêter les bombardements» en Libye a été publiée lundi 24 octobre par l'hebdomadaire Paris Match, cinq jours après la capture et l'assassinat de l'ancien dictateur et de son fils Mouatissim. «Cher Silvio. Je te fais parvenir cette lettre par l'intermédiaire de tes concitoyens qui sont venus en Libye nous apporter leur soutien dans un moment aussi difficile pour le peuple de la Grande Jamahiriya. J'ai été surpris par l'attitude d'un ami avec qui j'ai scellé un traité d'amitié favorable à nos deux peuples.
J'aurais espéré de ta part au moins que tu t'intéresses aux faits et que tu tentes une médiation avant d'apporter ton soutien à cette guerre. Je ne te blâme pas pour ce dont tu n'es pas responsable car je sais bien que tu n'étais pas favorable à cette action néfaste qui n'honore ni toi ni le peuple italien.
Mais je crois que tu as encore la possibilité de faire marche arrière et de faire prévaloir les intérêts de nos peuples. Arrête ces bombardements qui tuent nos frères libyens et nos enfants. Parle avec tes amis et vos alliés pour parvenir à ce que cesse cette agression à l'encontre de mon pays. J'espère que Dieu Tout-Puissant te guidera sur le chemin de la justice», poursuit le document, selon la traduction mise en ligne par Paris Match.
Cette lettre aurait été remise début août à Rome aux autorités italiennes par un couple d'amis italiens de Mouammar Kadhafi, qui dirigent une agence d'hôtesses d'accueil en Italie.
L'Italie, qui était le premier partenaire commercial de la Libye sous Kadhafi, avait été réticente à lâcher le colonel Kadhafi, avec lequel elle avait signé en 2008 un traité d'amitié et de coopération économique.
Cet accord, signé à Benghazi par Silvio Berlusconi, enterrait le contentieux colonial entre les deux pays et engageait l'Italie à investir 5 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) sur vingt ans en Libye, en échange de quoi Tripoli promettait de surveiller ses côtes pour empêcher le départ d'immigrés vers la rive italienne de la Méditerranée et d'accepter les clandestins refoulés.