26/10/2011 alterinfo.net  3min #59031

 Massacre à Syrte

Les trésors de la Libye exposés aux pillages

Selon l'Unesco, les principaux sites historiques libyens n'ont pas été sérieusement endommagés par la guerre. Cependant, une enquête est menée sur la disparition des milliers de pièces anciennes, dérobées il y a un mois de la banque de Benghazi.

On ignore, si c'est un hasard, mais l'Unesco a organisé une réunion d'experts sur le patrimoine historique et culturel de la Libye au lendemain de la mort de Mouammar Kadhafi. Le pays, qui compte cinq sites inscrits au Patrimoine de l'Unesco, n'a pas subi de graves dommages lors du conflits, sauf l'infrastructure, a reconnu Irina Bokova, directrice générale de l'organisation lors de l'ouverture de la conférence à Paris.

«La situation est plutôt satisfaisante, il n'y a pas eu de dégâts majeurs sur la plus part des sites culturels du pays», a-t-elle annoncé. «Leptis Magna a, par exemple été globalement épargné. C'est d'abord grâce aux populations des alentours, qui même dans les moments les plus difficiles, se sont mobilisées pour les protéger».

Cependant toutes les nouvelles ne sont pas bonnes. «Une mosaïque a été détruite à Cyrène. Trois amphores ont été volées au musée d'Apollonia. Et surtout le vol du trésor de Benghazi est un vrai cataclysme», s'est indigné Francesco Bandarin, sous-directeur général pour la culture de l'Unesco.

Une collection de 10.000 pièces volée

Le vol du «trésor de Benghazi», un ensemble de près de 10.000 pièces de monnaie et objets précieux datant de l'époque de la Grèce ancienne s'est produit il y a un mois. Les pièces ont été dérobées des coffres de la banque de Benghazi, où les autorités les avaient déposées en 1961, l'année à laquelle l'Italie les avait restituées à la Libye. Depuis leur disparition, l'Unesco mène une enquête en coopération avec Interpol sur la disparition de ces pièces d'or.

Le professeur italien Serenella Ensoli, qui a dévoilé le pillage, apelle à agir. «Il faut aller à la Banque de Benghazi au plus vite et voir ce qui se passe de cette caisse», a-t-elle dit. On ignore le prix des pièces de la collection libyenne, mais on peut estimer qu'elles vallent très cher. Il y a deux semaines, une pièce grecque, un tristatère d'électrum de Carthage, a été adjugé lors d'une vente aux enchères pour 303.825 euros en France.

Risques de pillage existent

Même si la situation par ailleurs reste globalement satisfaisante, des risques de pillage subsitent toujours en Libye, craint Francesco Bandarin. «On a vu qu'en Irak et en Afghanistan que c'est l'après-conflit qui est le plus dangereux : il y a beaucoup d'armes, d'instabilité et de risques de pillage». Toutefois, selon les membres présents à la conférence, les populations autour des sites historiques ont tendance à se mobiliser, et s'identifier à leur patrimoine.

En Irak, qui est devenu depuis la fin de guerre la première source de ce genre de crimes, les pillages rapportent en tout jusqu'à 13 milliards de dollars par an. C'est la raison pour laquelle les experts s'inquiètent de l'absence de structures de préservation du patrimoine en Libye.

«Le pays ne possède aucune infrastructure de préservation de son patrimoine. Il n'y a pas de laboratoire, pas d'unité de secours des sites. Tout se fait avec des missions étrangères», a indiqué lors de la conférence Saleh Al Agab Abdallah, directeur du département des antiquités de Libye. C'est la raison, pour laquelle Irina Bokova a annoncé la création prochaine d'une présence permanente de l'Unesco à Tripoli.

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