22/02/2012 3 articles contreinfo.info  3min #63966

 Grèce : la mise à mort

Eurocrise : Grèce, austérité, le retour des erreurs des années 1930, par Paul Krugman

La réponse des dirigeants européens « confrontés à une grave insuffisance de la demande - le secteur privé ne dépense tout simplement pas assez - consiste à attendre, déréglementer et libéraliser les échanges. » Paul Krugman assiste médusé à cet entêtement européen à retarder les échéances, à appliquer des politiques non seulement inadaptées mais nuisibles, par manque de courage politique, mais aussi parce que les leçons si chèrement acquises durant la crise des années 1930 paraissent oubliées.

Par Paul Krugman, 21 février 2012

Le nouveau « plan de sauvetage » de la Grèce

Que dire ? Comme  l'écrit Felix Salmon, ce n'est vraiment pas crédible. Le problème, lors de tous les épisodes précédents, était que les politiques d'austérité dépriment à un tel point l'activité économique qu'elles annulent la plupart des recettes fiscales : les revenus déclinent, comme le PIB, de sorte que le ratio dette / PIB attendu, empire.

Aujourd'hui, voici une nouvelle cure d'austérité - qui est supposée ne pas provoquer trop de dégâts sur la croissance. Les espérances prennent le pas sur la réalité.

OK, en la matière, personne n'est complètement idiot. Ce qui se passe, c'est que personne n'est prêt à s'engager sur des chemins qui pourraient éventuellement déboucher sur : une aide soutenue (et non des prêts) à la Grèce, ou sa sortie de l'euro, conduisant finalement à une plus grande compétitivité et une croissance plus rapide. Ces deux options seraient politiquement catastrophiques, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas être prises avant qu'il n'y ait littéralement pas d'autre alternative.

La Grèce sera donc éreintée un peu plus.

Le retour des erreurs des années 1930

J'ai lu voici quelque temps « La Grande Dépression », de Lionel Robbins, paru en 1934. C'est l'ouvrage d'une Personnalité considérée comme Très Sérieuse (PTS) à son époque. Sa solution consistait en un retour à l'étalon-or - qui n'aurait fait qu'empirer les choses - et au libre-échange, ce qui n'avait fondamentalement rien à voir avec un problème qui était celui d'une insuffisance de la demande.

Les PTS ont-ils donc appris quelque chose durant ces 78 dernières années ? Non.

Quand j'ai vu les unes annonçant l'appel lancé par les dirigeants européens pour une action en faveur de la croissance, je me suis demandé, juste pendant une seconde, si une fissure apparaissait dans le consensus pour l'austérité. Mais noooon...

Leur réponse, confrontés à une grave insuffisance de la demande - le secteur privé ne dépense tout simplement pas assez - consiste à attendre, déréglementer et libéraliser les échanges.

Ce n'est pas tant qu'il s'agisse d'une mauvaise idée que d'une idée dénuée de pertinence.

[les vraies questions sont] : Que faudrait-il faire pour réduire le fardeau de la dette des ménages ? Que faudrait-il faire pour réduire ces excédents allemands déstructurants ? [1]

On commence à comprendre la macroéconomie lorsque l'on saisit que ce qui est correct d'un point de microéconomique peut s'avérer hors de propos, voire même nuisible d'un point de vue macroéconomique, lorsque l'économie est déprimée.

Mais cette compréhension difficilement acquise a été volontairement oubliée.

C'est sans espoir.


Source : Paul Krugman  I et  II, traduction Contre Info
[1] Krugman écrit : the destructive German surplus - ndt

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Ce discours de Sonia Mitralia, membre du Comite grec contre la Dette et de l'Initiative des Femmes contre la Dette et les Mesures d'Austérité, a été prononcé au meeting de Marseille du 17 février, organisé par la campagne française « pour un audit citoyen de la dette publique »

Le cours de l'histoire s'accélère et les événements cataclysmiques des derniers jours en Grèce doivent désormais convaincre même les plus hésitants : La Grèce tend à devenir aujourd'hui pour cette Europe de 2012 ce qu'a été l'Espagne pour l'Europe de 1936 !  Cette constatation apparemment osée n'est pas le fait de quelques romantiques.