Après avoir présenté ce mercredi en Conseil des ministres le décret qui doit instaurer la censure de sites internet sur simple ordre administratif, qui sera publié dans les prochains jours ou les toutes prochaines semaines, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a de nouveau défendu cette mesure très contestable, issue de la loi anti-terrorisme de novembre 2014.
Le dispositif oblige les FAI à bloquer dans les 24 heures l'ensemble des sites dont la liste est dressée par les services de la Place Beauvau, sous le seul contrôle confidentiel d'une personnalité issue de la CNIL. Par rapport à la loi qui n'en faisant pas mention, le décret ajoute tout de même un mécanisme permettant d'exercer un recours a posteriori en cas de blocage abusif. Déjà critiqué, le dispositif devrait être bientôt étendu à de nouvelles catégories de propos, dont la qualification pénale ne sera plus laissée à un juge indépendant.
"On ne combattra pas le terrorisme si on ne prend pas des mesures de régulation d'Internet qui ne sont pas là pour attenter aux libertés d'expression, mais qui sont là simplement pour faire en sorte que l'appel au terrorisme, la provocation au terrorisme qui peut avoir un impact sur des esprits vulnérables soit arrêtée et maîtrisée", a expliqué mercredi Bernard Cazeneuve.
Mardi soir, à l'occasion d'une déclaration sur la neutralisation d'une filière djihadiste, le ministre de l'intérieur a confirmé qu'il se rendrait fin février aux Etats-Unis, non seulement pour rencontrer ses homologues américains, mais aussi "les grands opérateurs du Net comme Google, Facebook, Twitter, Microsoft". L'objectif sera de "les inciter vivement à rejoindre notre combat contre la propagande terroriste sur le Net et les réseaux sociaux", ce qu'il avait déjà annoncé dès le 14 janvier.
Au moment où la France et l'occident n'hésitent plus à parler de guerre contre l'Etat Islamique et les djihadistes de toute obédience, les géants du web américains sont invités à faire preuve de patriotisme et à participer à l'effort de contre-propagande qui sied à tout conflit armé. La semaine dernière, le Gouvernement français a lancé son site anti-djihad, et payé Google pour qu'il soit mis en avant dans les résultats de recherche.