Le retour de la vieille stratégie de la manipulation de l'État Profond ou le retour de la stratégie du chaos durable.
La gigantesque machine de propagande et de manipulation est au régime maximal. Le Foreign Policy sonne le pas de charge en annonçant la perte par la République islamique d'Iran du Moyen-Orient. Première explication néo-conservatrice de la quatrième vague de révolutions affectant l'Irak et le Liban. Mais également d'autres pays à travers le monde.
Second pas de charge : l'élimination pour la énième fois de l'épouvantail dénommé Abou Bakr Al-Baghdadi marque le retour aux affaires des factions les plus intellectuellement sclérosées et bellicistes de l'État Profond ou Deep State. Selon la nouvelle narration modifiée pour la grandeur de l'exceptionnalisme américain, le retrait des forces US du Nord et de l'Est de la Syrie avait pour objectif de débusquer Al-Baghdadi afin de l'éliminer pour la énième fois. Un outil, même démodé, peut toujours servir.
Que faut-il lire dans ces événements ?
L'outil « révolution » dans un contexte de crise économique aiguë et de fortes inégalités socio-économique ou de clivages (interconfessionnels, inter-ethniques ou n'importe quelle autre vraie ou fausse division de diversion) est quasiment imparable. Dans le le cas de l'Irak où des groupes armés ont infiltrés les manifestations, avec un très lourd tribut humain, la situation semble avoir atteint un seuil de non-retour.
Au Liban, pays en crise endémique, les forces de la résistance ont cerné le danger à temps. Ce danger mortel a commencé au moment précis où une partie des protestataires, sortis pour exprimer leur colère contre les conditions socio-économiques, a réclamé le désarmement du Hezbollah Libanais, l'ultime rempart de ce pays de la Grande Syrie qui n'a jamais été vraiment à l'aise en tant qu'État-Nation.
Pour la Syrie, Hollywood reprend du service. Nous avons un nouveau film : Al-Baghdadi III est en pleine promo pour la sauvegarde de l'honneur d'un Rambo vieillissant et humilié. En réalité, Rambo a sous-traité le casting cette fois aux soldats turcs. Au retrait annoncé de Syrie, se superpose une nouvelle narration. Celle d'une ruse de guerre pour faire sortir Al-Baghdadi de sa prétendue cachette. Par toute coïncidence, cette cachette s'est déplacée à la vitesse de la Reine de Saba d'Irak en Libye avant de réapparaître en Syrie orientale, près du camp Delta de bérets verts de la CIA ayant abandonné leur positions depuis une année. Le générique de la fin du film est sain et sauf. Il y aura une suite au film comique de Benladen. La propagande de l'Empire carbure à plein régime. La contre-attaque a commencé à Hong Kong où la méthode utilisée est jugée imparable. Cette méthode a été encouragée par la mollesse et la faiblesse de la réaction chinoise, laquelle était en position de blocage dans un jeu de Go.
Il y aura des révolutions partout. Il y a cent ans la révolution bolchévique voulait s'exporter partout. Désormais c'est la révolution hybride, causée en partie par des conditions socio-économiques impossibles sur des populations qui n'en peuvent plus. Cette révolution en apparence légitime est alimentée et manipulée par les mêmes parties qui maîtrisent les coûts des matières premières, les taux d'intérêt et les dettes nationales.
Al-Baghdadi est donc un outil d'altération d'une narration justifiant ce que l'État Profond qualifie d'errements de la politique étrangères US au Moyen-Orient.
L'épouvantail de Al-Baghdadi vient à point nommé. La Turquie a joué et continue de jouer à un Janus regardant non plus dans deux directions opposées mais dans les quatre directions cardinales. Dans un jeu d'échec la Turquie ne serait pas la Tour mais le Fou du Roi. Ce Roi n'étant définitivement pas le président Erdogan mais le locataire sur un siège éjectable de la Maison-Blanche.
La manipulation grossière passera. Plus c'est grossier et plus c'est vraisemblable et l'on comprend maintenant pourquoi le système dominant cherche tant à abrutir les peuples et à niveler les niveaux d'éducation. Dans un monde où la télé-réalité et les commentaires abrutissants des réseaux sociaux sont devenus la norme, une autre élimination de Al-Baghdadi passera comme une lettre à la poste.
Le monde d'aujourd'hui aura toujours besoin d'une menace et d'une justification d'une menace protéiforme dénommée commodément « Al-Baghdadi ». La manipulation n'a jamais cessé. Damas, Téhéran et Moscou devront réviser leurs copies. Beijing paie déjà son attitude mi-figues, mi-raisins. On s'allie pas avec le diable financier sans y laisser sa peau. À méditer.
source : strategika51.org