Tous les médias européens et usaméricains ont montré les images pathétiques de Luis Fernando Camacho et Jeanine Añez brandissant la Bible comme une arme, pour masquer et occulter la responsabilité du gouvernement des USA dans ce coup d'État.
La "présidente par intérim" Jeanine Añez, "l'Angelina Jolie bolivienne"(d'après le quotidien espagnol El Mundo)
Avant de parler de façon spécifique de la responsabilité de chacun dans le coup d'État, il est nécessaire de définir certains paramètres économiques et politiques du gouvernement d'Evo Morales, pour comprendre pourquoi, dans un pays aussi stable que la Bolivie - où le PIB est passé de 9 milliards de dollars US en 2007 à 40 milliards en 2018, tandis que l'inflation est descendue à 4,5 % et que la pauvreté est tombée de 38 % à 15 %, un coup d'État a été fomenté et mené à bien, alors que le Président Evo Morales avait annoncé que de nouvelles élections se tiendraient avant la fin de son mandat (22/01/2020), comme l'avaient demandé le secrétaire de l'OEA Luis Almagro et l'Union Européenne elle-même par la voix de Federica Mogherini.
En réalité, le coup d'État perpétré par le commandant en chef des Forces Armées, le général Williams Kaliman, et le commandant général de la Police, Vladimir Yuri Calderón, ne pouvait plus être annulé et encore moins retardé dans l'attente de nouvelles élections.
Ceci, parce que les groupes paramilitaires (Milicias), financés, mis sur pied et dirigés par le soi-disant Comité Civique de Santa Cruz, étaient entrés en action avant même le referendum, à savoir le 19 octobre, créant par d'innombrables actes terroristes une situation d'instabilité croissante. Ces actes de terrorisme se sont multipliés dans les principales villes de Bolivie, immédiatement après l'annonce de la victoire électorale d'Evo Morales.
Il est ainsi possible, à partir de l'enchaînement des faits, de reconstruire la méthodologie opérationnelle et d'analyser la manière dont l'administration des USA a donné son aval à cette conspiration sans répéter les erreurs commises par le passé, lorsque l'ambassadeur US Philip Goldberg avait été expulsé, le 12 septembre 2008, accusé d'avoir appuyé le mouvement séparatiste de la Media Luna de Santa Cruz 1 dont le leader était Luis Fernando Camacho lui-même !
De la nationalisation du gaz à l'industrialisation des minéraux
La décision politique et constitutionnelle qui avait permis au premier gouvernement d'Evo Morales d'imposer une nouvelle direction politique à la gestion de l'économie et des richesses minérales du pays fut la nationalisation du gaz par le "Decreto Supremo" et, de là, la centralisation de la production au sein de l'entreprise d'état YPFP (Compañía Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos).
De cette manière, les entreprises boliviennes qui représentaient ou servaient d'intermédiaires aux multinationales perdaient leur mainmise sur la vente de gaz en Bolivie et vers les entreprises argentines et brésiliennes.
Le groupe qui a le plus souffert de cette nationalisation a été la SERGAS, qui monopolisait en pratique la vente de gaz au Brésil, plus connue du public sous lenom de Compañía Camacho, car elle appartenait au père de Luis Fernando Camacho. Ce n'est donc pas par hasard que Luis Fernando Camacho se joignit, en 2005, à d'obscures opérations de subversion.
Le Macho Camacho, Vénérable Chevalier d'Orient
Plus tard, de 2006 à 2009, Camacho parraina, avec les membres de la loge maçonnique "Orden de Los Caballeros del Oriente" [Ordre des Chevaliers de l'Orient, NdT], la formation du groupe paramilitaire « Milicias », dont l'objectif était de déclencher un mouvement de guérilla séparatiste dans la province de Santa Cruz.
Cependant, à la création de l'UNASUR, l'organisation subversive fut officiellement dissoute, bien que la police bolivienne ne soit jamais parvenue à démanteler son organisation et sa structure logistique. En fait, selon certaines sources boliviennes, Luis Fernando Camacho réactiva très facilement l'organisation subversive des « Milicias » en 2016, quand Evo Morales déclara qu'il serait candidat à l'élection de 2019.
L'autre décision politique déterminante du troisième gouvernement d'Evo Morales fut la loi développant la Estrategia Nacional de Industrialización (Stratégie Nationale d'industrialisation) de 2016, qui prévoyait la réalisation de grands projets industriels liés à la transformation des produits miniers, en particulier le lithium et le chlorure de potassium, et l'extraction de nouveaux minerais stratégiques, à savoir le cobalt, le thorium, l'uranium et le gallium.
Les trois lacs salés de l"Uyuni (Bolivie), d'Atacama (Chili) et de l' Hombre Muerto (Argentine) constituent le "Triangle du lithium" sud-américain, où se trouvent 85% des réserves mondiales
Il convient de rappeler que presque tous ces minéraux sont associés à l'or, de sorte que la Bolivie, non content d'être devenue le principal producteur mondial de lithium avec des réserves de 9 millions de tonnes selon le service géologique des USA (USGS), deviendra potentiellement un pays producteur de 35 minéraux que l'USGS considère comme cruciaux pour l'économie des USA !
En effet, Caspar Raweles, analyste de la Benchmark Mineral Intelligence, a déclaré en février dernier : «...dans le cas du cobalt, le prix a grimpé de 20 à 40 dollars pour se stabiliser à 32 dollars, confirmant les prévisions des analystes de ce secteur, selon lesquels il y aura en 2022 une pénurie de cobalt si de nouveaux sites de production ne sont pas ouverts. Pour cette raison, toutes les compagnies reliées au système économique mondial cherchent à réduire les risques géopolitiques menaçant leurs projets de prospection. »
Le plus classique des « risques géopolitiques » est clairement la présence d'un gouvernement « non coopératif » envers les multinationales !
Pour confirmer les prévisions de la CRU de Londres et de l'USGS, le président de la compagnie minière nationale bolivienne COMIBOL (Corporación Minera de Bolivia), Marcelino Quispe, a déclaré en mars 2018 à l'agence ABI que : «...les premières prospections minières dans les régions d'Oruro, La Paz, Potosi et Santa Cruz, [avaient] révélé l'existence de nouveaux et importants gisements d'argent, d'or, de gallium, de cobalt, de cuivre, de zinc, de thorium et surtout d'uranium. L'extraction de ce dernier [devrait] commencer dans le nord-est de la province de Santa Cruz dès les premiers mois de 2019... »
C'est pourquoi le gouvernement d'Evo Morales préparait des projets d'éventuels accords de coopération avec l'Argentine, la Russie, la France et l'Iran, en vue de l'enrichissement dans ces pays de l'uranium extrait dans la province de Santa Cruz. Plus tard, en 2025, avec le « Programa Civil de Energia Nuclear », le gouvernement prévoyait d'investir 2 milliards de dollars dans la construction de deux centrales nucléaires dans la province du nord-est.
Ce faisant, la Bolivie se serait transformée, sans la présence des multinationales usaméricaines, en un véritable Eldorado minier de l'Amérique latine, et son gouvernement aurait sans doute réinvesti dans le social les énormes bénéfices obtenus par la vente et l'industrialisation des minerais stratégiques.
Il faut rappeler que, parmi les grands projets esquissés par le Président Morales figurait la réalisation d'une usine de batteries au lithium pour les voitures électriques du monde entier, mais aussi une usine de voitures électriques pour couvrir le marché latinoaméricain.
Dans les mois précédant les élections d'octobre, les grands médias n'ont jamais révélé que Luis Fernando Camacho - cette fois sans sa Bible - aurait eu des « entretiens discrets » avec des représentants de diverses multinationales US de l'industrie minière, à savoir ALCOA, ASARCO, Newmont Mining Corporation, Southern Copper et Anaconda Copper.
Puis, la première semaine de mai, il a débarqué sans beaucoup de publicité dans la capitale brésilienne afin de rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araujo. Toujours selon des sources « confidentielles », Camacho aurait anticipé la défaite d'Evo Morales et demandé à Ernesto Araujo de lui promettre de reconnaître immédiatement le nouveau gouvernement. En échange, Camacho offrait d'tablir un nouveau contrat de vente de gaz (32,35 millions de mètres cubes par jour).
Ce n'est pas un hasard si le président brésilien Jair Bolsonaro a été le premier à reconnaître la présidente par intérim autoproclamée, Jeanine Añez, disant qu'il avait envoyé à La Paz «...une personne pour suivre l'évolution de la situation en Bolivie... ».
La même source brésilienne rappelle que Camacho aurait garanti au ministre Ernesto Araujo la réalisation d'un programme de privatisations semblable à celui du Brésil, en commençant par celle de la YPFB, la compagnie nationale du gaz.
La nécessité d'une réélection d'Evo et le coup d'État
Certains secteurs de la gauche ont critiqué la décision du Président Evo Morales de recourir au Tribunal Constitutionnel pour obtenir ce qu'il n'avait pas obtenu par le referendum, c'est à dire la possibilité de se présenter à l'élection présidentielle pour la quatrième fois. Pour d'autres, Evo aurait péché par obstination, outre qu'il aurait pris goût au pouvoir !
En 2016, à l'occasion du referendum, les grands médias boliviens, US et européens à l'unisson ont déclenché une campagne médiatique de dénigrement contre Evo Morales, inventant des fake news absurdes à destination principalement de la classe moyenne, particulièrement celle de La Paz.
Au mois d'octobre dernier, cette même classe moyenne a appuyé le coup d'État conçu et réalisé à Santa Cruz de la Sierra par le Comité local. En réalité, le referendum de 2016 avait été grossièrement manipulé dans l'affaire « Gabriela Zapata ».
Cette dernière, présentée par les médias comme « la maîtresse » d'Evo, a gagné des milliers de dollars en donnant des interviews dans lesquelles elle décrivait Evo Morales comme l'individu le plus sordide, le plus corrompu et le plus minable de toute la Bolivie. Puis, pour la bonne bouche, elle l'accusait d'avoir causé la mort d'un fils... qui n'avait jamais existé.
Hélas, ce ne fut que le 23 mai 2017 que la magistrature découvrit la vérité et la condamna à dix ans de prison pour faux et usage de faux, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics. Malheureusement, en 2017, les Boliviens avaient déjà voté contre Evo !
Donc, pour Evo et les dirigeants du MAS, (Movimiento al Socialismo), il était évident que le referendum avait été manipulé par les médias avec l'affaire Gabriela Zapata, de sorte que le recours au Tribunal Constitutionnel semblait amplement justifié.
Carlos Mesa, ex- et futur président ?
Entretemps, les services de renseignements boliviens avaient révélé au Président qu'en cas de victoire du leader de l'opposition Carlos Mesa, tous les projets stratégiques mis en route par le gouvernement seraient démantelés et que les entreprises nationales seraient privatisées. En premier la compagnie nationale du gaz, l'YPFB et la compagnie COMIBOL, responsable de l'industrialisation du lithium et de l'uranium.
Il faut rappeler que Carlos Mesa était devenu président de la Bolivie en octobre 2003 suite à la démission et à la fuite aux USA du président Gonzalo Sánchez de Lozada. En réalité, pour éviter d'être jugé pour la tragique répression contre des manifestants qui protestaient contre l'augmentation des prix du gaz après sa privatisation, faisant 80 morts et 531 blessés, Lozada s'était enfui grâce à l'aide de l'ambassade des USA.
Rappelons aussi que ce fut Carlos Mesa lui-même qui, en sa qualité de vice-président, avait négocié la privatisation avec les multinationales, autorisant du coup l'augmentation du gaz à usage domestique.
En tout état de cause, la problématique majeure qui a largement pesé sur la décision d'Evo Morales de se présenter coûte que coûte pour la quatrième fois tient au changement politique qu'une éventuelle victoire de Carlos Mesa aurait imposé au peuple bolivien, avec le retour aux privatisations, et la destruction de tout ce qui avait été construit au cours de ses trois mandats. Autrement dit, ce qu'est en train de faire Moreno en Équateur et ce qu'a déjà fait Bolsonaro au Brésil.
Une autre constatation qui a lourdement influencé la décision d'Evo Morales est que son vice-président, Alvaro Garcia, bien qu'étant un authentique leader de la gauche bolivienne, n'est pas un indigène. C'est un élément qui a une grande importance dans la société andine.
Deuxièmement, selon la Division fédérale de Recherche de la Bibliothèque du Congrès (USA), 58 % de la population bolivienne est d'ethnie indigène (28% sont Quechuas, 19% Aymaras et 11% issus d'autres groupes ethniques indigènes), puis viennent les « Mestizos » (Métis) issusde croisements entre Européens et Indigènes, et seulement 12 % sont de pure origine européenne.
Malheureusement, les autres dirigeants et parlementaires du MAS, dont Victor Borda, ancien président de la Chambre des députés, n'avaient pas une stature nationale susceptible de substituer l'image d'Evo. Par ailleurs, ils n'avaient pas la même capacité à dialoguer avec les masses, ni les mêmes dispositions pour affronter la droite et les médias lors des élections d'octobre.
Dans le camp de l'opposition, la certitude qu'Evo Morales se présenterait aux élections d'octobre malgré le résultat négatif du referendum de 2016 a permis à Luis Fernando Camacho de transformer son Comité de Santa Cruz en centre opérationnel du coup d'État et donc de l'action terroriste et subversive des Milicias, ces groupes paramilitaires désormais prêts à agir sur presque l'ensemble du territoire de la Bolivie, grâce surtout à la protection de la police et au « silence » de l'armée.
De fait, immédiatement après la démission forcée d'Evo Morales, pour éviter que Victor Borda n'assume la charge de président par intérim en tant que Président de la Chambre des députés, les « Milicias » de Camacho ont attaqué la résidence de Victor Borda et séquestré son frère en menaçant de le tuer.
Face à ce chantage, Victor Borda a donné sa démission en échange de la vie de son frère !
La Bolivie d'Evo, les relations avec les USA et la présence de la Chine
Après l'expulsion de l'ambassadeur des USA Philip Goldberg le 12 septembre 2008, les relations diplomatiques et politiques entre la Bolivie et les USA ont traversé des moments difficiles. Il suffit de penser que, la même année, ce fut au tour de toute la délégation de la DEA d'être expulsée, accusée de « conspiration ». Puis, en 2013 vint le tour de l'USAID.
Ce n'est qu'au cours de ces dernières années que les relations diplomatiques entre les deux pays s'étaient stabilisées, surtout avec l'arrivée de Bruce Williamson en qualité de Chargé d'Affaires. En revanche, aux USA, le Département d'État et la CIA décidaient d'amplifier les effets de la guerre hybride contre le gouvernement bolivarien de Nicolas Maduro en l'étendant à celui d'Evo Morales.
C'est pour ce motif que diverses entités gouvernementales, ONG et fondations usaméricaines ont multiplié leurs relations avec les forces de l'opposition bolivienne, cherchant ainsi à reproduire le processus d'infiltration déjà parfaitement mis au point au Brésil, au Venezuela et en Équateur.
Il suffit de savoir qu'en janvier de cette année, la représentante républicaine Ileana Ros-Lehtinen déclarait au Congrès que « le Président Morales ne pouvait pas demeurer au pouvoir, et que pour cette raison le peuple de Bolivie avait besoin de l'aide des États-Unis... »
Plus tard, au mois d'août, dans le cadre de sa « mission diplomatique » en Colombie, l'ambassadrice des USA à l'ONU Nikki Haley déclarait «... La Bolivie, après le Venezuela, est le pays que nous devons suivre avec attention... ».
Une infiltration coordonnée par les agences et les sous-agences du Département d'État. En effet, la NED (Fondation Nationale pour la Démocratie) met en œuvre ses programmes en s'appuyant sur 30 ONG boliviennes et deux instituts privés US, l'Institut Républicain International et le Centre International pour l'Entreprise Privée, avec lesquels elle mène le projet « Gouvernement et Société Civile », un projet qui forme les nouveaux cadres dirigeants des partis d'opposition, selon les normes du libéralisme usaméricain.
Souvenons-nous que le gouvernement d'Evo Morales n'est jamais parvenu à rompre le cordon ombilical qui relie la police bolivienne et les officiers supérieurs des forces armées au Pentagone.
Ceci est dû au fait que l'armée bolivienne, comme celle du Venezuela, a été complètement restructurée en 1962 selon les normes de l'académie militaire US. Rappelons qu'en Amérique latine, le premier bataillon de « Rangers » spécialisée dans la lutte contre la guérilla a été créé par le Pentagone en Bolivie, expressément pour encercler et éliminer le foyer de guérilla créé par Che Guevara et l'ELN naissante.
En fait, le gouvernement socialiste-progressiste d'Evo Morales, comme ceux de Rafael Correa et de Lula, n'ont jamais réussi à obtenir la pleine reconnaissance des offi-ciers supérieurs. Cette situation a toujours permis l'infiltration de la part des antennes de la CIA, de la DEA et du Département d'État.
Evo, Correa et Lula ont toujours cru que le poids de l'institution gouvernementale, de la charte constitutionnelle et des victoires électorales, imposerait une certaine forme de respect de la part des militaires et des policiers, mais cela n'a jamais suffi pour s'assurer de leur loyauté.
En effet, si l'armée brésilienne, les services de renseignement et la police fédérale s'étaient vraiment sentis engagés envers le gouvernement et la constitution, ils n'auraient pas permis la destitution du président Dilma Rousseff.
De même en Équateur, où les services secrets et les services de renseignements de l'armée ont soutenu dans les faits la trahison du nouveau président Moreno, en complotant pour faire arrêter le vice-président Jorge Glas.
En Bolivie, il faut reconnaître qu'Evo Morales n'a jamais réprimé ses adversaires politiques, s'appuyant sur les 67% d'électeurs qui l'avaient élu. Rappelons que lorsque le projet sécessionniste de la Media Luna de la province de Santa Cruz de la Sierra a été découvert et démantelé, le gouvernement et Evo Morales lui-même ont laissé au pouvoir judiciaire le soin d'enquêter et de poursuivre les quelques responsables d'actes terroristes présentés par la police.
Dans la pratique, le gouvernement bolivien s'est contenté de sa victoire politique, convaincu que les quelques condamnations des tribunaux et la coexistence démocratique au Parlement éduqueraient l'opposition.
Un autre problème qui lie directement le coup d'État en Bolivie au gouvernement des USA est la nouvelle et profonde relation dans les domaines politique, économique et financier que le gouvernement Evo Morales était en train de nouer avec la Chine.
En fait, pour l'ancien ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim « ... En termes géostratégiques, la Bolivie est le centre de l'Amérique latine, et sa forte croissance ces dernières années a révélé un potentiel de richesse minérale non négligeable. Pour cette raison, lorsque les USA ont réalisé que le gouvernement d'Evo Morales s'ouvrait à d'autres puissances mondiales, en particulier la Chine, ils ont décidé d'agir. Cela ne fait aucun doute. L'influence des USA en Bolivie est permanente et les forces de l'opposition ont un penchant pour la subversion. Et je dis cela parce que j'y étais en 2008 et que je connais le contexte de Santa Cruz qui, en 2008, jetait la Bolivie dans le tourbillon de la guerre civile... ».
Si l'on suit les constatations de Celso Amorim, il est impératif de rappeler que ces dernières années, la Bolivie est devenue l'un des principaux exportateurs mondiaux d'antimoine, d'étain, de tungstène et de bore, dont les industries usaméricaines ont absolument besoin. De plus, depuis 2016, la Corporación Minera de Bolivia (COMIBOL) remplace les fours US par des fours espagnols, et surtout chinois pour traiter et commercialiser en lingots les minéraux extraits sur l'altiplano bolivien.
Evo Morales pensait cependant mettre fin à cette dépendance grâce à la « coopération financière » de la Chine (à hauteur de sept milliards de dollars), avec la construction en Bolivie d'usines sidérurgiques pour le raffinage du zinc, dont on extrait l'indium, un autre matériau stratégique dont les industries usaméricaines ont absolument besoin.
Toujours avec la contribution et la coopération des entreprises chinoises, russes, françaises, canadiennes et allemandes, le gouvernement d'Evo Morales avait planifié le développement et l'extraction de tous les minéraux stratégiques présents dans le sous-sol bolivien, tels que le lithium, le cobalt, le palladium, l'antimoine, le bismuth, le cadmium, le chrome et le tungstène, en plus de l'augmentation de la production des minéraux traditionnels : or, étain, manganèse, zinc, argent, platine, platine, potassium, nickel, fer, cuivre et surtout uranium.
Ce contexte n'a pas échappé aux analystes intéressés au développement de l'économie bolivienne. De fait, le 20 septembre 2018, Axel Arías Jordan, prévoyant l'intérêt que présenterait pour les USA un changement en Bolivie, écrivait : « La bataille électorale qui aura lieu en octobre 2019 promet d'être une étape importante dans la lutte pour un changement politique en Bolivie. C'est pourquoi nous devons être très prudents quant à la manière dont le gouvernement et le secteur privé des USA aborderont ce processus et à la façon dont ils décideront d'agir en fonction de certains intérêts politiques et économiques liés à la Bolivie. En effet, hormis leur intérêt traditionnel pour le contrôle d'un pays désormais mondialement connu pour son potentiel minier, les USA ont d'autres intérêts fondamentaux liés à la défense et aux liens commerciaux existant entre la Bolivie et la Chine. Finalement, tout en gardant le Venezuela dans le collimateur, il est très probable que le gouvernement usaméricain va durcir ses différentes formes de pression sur le gouvernement bolivien..."
Malheureusement, le durcissement de l'impérialisme s'est manifesté par un coup d'État, pensé en janvier de cette année, puis planifié à partir de mai. Un coup d'État qui veut se cacher derrière une Bible, pour ne pas avouer que c'est l'énième solution impérialiste pour s'enrichir en s'appropriant les immenses richesses minérales de la Bolivie.
NdT
1 La Media Luna (Croissant de lune) désigne les 4 départements les plus riches de l'est du pays, représentant 70 % du territoire et environ 30 % de la population.
Courtesy of Tlaxcala
Source: tlaxcala-int.org
Publication date of original article: 21/11/2019