Ekaterina YANSONLE
Derrière les actions militaires, la réalité syrienne semble floue. Dans un entretien à Sputnik, l'homme politique belge Aldo Carcaci, qui a foulé le sol syrien, parle d'une Syrie dont les médias occidentaux préfèrent ne pas parler et de la guerre économique sur son territoire à laquelle participent plusieurs pays européens.
Massacres, hôpitaux pleins de blessés telle est l'image de la Syrie qu'on est habitué à voir dans les médias. Pour comprendre ce qui se passait réellement en Syrie, Aldo Carcaci, membre du Parti populaire belge, s'était rendu l'année dernière dans la République arabe puisqu'il avait « des doutes très sérieux que ce que les médias nous rapportaient ici en Europe n'était pas la réalité et qu'on voyait à plusieurs reprises des images d'ONG telles que les Casques blancs qui nous montraient des mises en scène de massacres, de blessés ».
Il est alors allé sur place, à Alep : « J'ai pu me rendre compte que les choses ne sont pas comme on nous les raconte », affirme-t-il, ravi d'avoir pu constater de ses propres yeux que certains médias manipulaient l'opinion publique.
Rien d'étonnant donc dans le non-intérêt de la presse occidentale pour le témoignage du garçon de 11 ans, Hassan Diab, qui a récemment dit avoir participé à la mise en scène à Douma :
« Ce sont des images qui ne passent pas. Vous savez, actuellement les médias européens sont aux mains de journalistes qui sont plutôt orientés gauche et extrême gauche. Évidemment, c'est un discours qui ne leur plait pas », estime M.Carcaci.
Le milieu naturel pour eux c'est, selon un schéma bien établi, Bachar el-Assad qui est « un tyran, un sanguinaire qui tue sa population, les enfants, les civils ».
« Évidemment, ils ne vont pas dire que Bachar el-Assad est un monsieur qui est apprécié par sa population et qu'il est soutenu, et c'est justement là son élément de force et c'est pour ça on ne parviendra pas à l'avouer. Ça, ça dérange les médias mainstream », poursuit-il. « Ça, c'est la ligne idéologique des médias européens ».
Mais est-ce qu'il est possible de faire quelque chose pour que la communauté internationale change d'avis à l'égard du Président Assad, cesse de considérer la Syrie comme un marais sanglant ? Trop tard, maintenant faire marche arrière, par exemple, pour la France qui était au départ « un pays initiateur », ça voudrait dire que « tout ce qui était fait avant n'était pas correct ».
« Ils vont vouloir aller jusqu'au bout de leur logique même si cette logique est erronée et fausse. Ils iront donc jusqu'au bout de leurs bêtises. Vous savez, on a connu les armements chimiques en Irak. On est en train de vouloir nous faire la même chose », pointe M. Carcaci.
On se retrouve alors dans une sorte de cercle vicieux de l'histoire, tandis qu'« on nous ressert le même plat », mais les gens ne s'en rendent pas compte : « C'est la manière de procéder. On nous raconte, on nous montre les choses et après ça arrange l'opinion publique : « ah oui, la télévision le dit, c'est que c'est vrai ». Et on ne va pas plus loin. Et on va toujours dans cette logique mais c'est une logique erronée. »
La raison pour laquelle la France s'est jointe aux frappes contre la Syrie ne fait pas non plus de mystère, constate-t-il.
« On sait que cette guerre est une guerre économique, est une guerre pour le gaz et évidemment comme la Syrie intervient pour bloquer le passage du gaz qui vient des pays du Golfe qui sont les principaux alliés des Français, c'est normal que la France intervienne. Mais ce n'est pas pour les problèmes des droits de l'Homme, pour les problèmes politiques, c'est surtout pour les problèmes d'ordre financier et énergétique. »
C'est ainsi que la Syrie a été choisie comme plateforme pour cet affrontement économique : étant « un grand carrefour », à en juger par la carte des gazoducs, et d'ailleurs une alliée de la Russie qui subit les sanctions économiques, son territoire a revêtu une importante stratégique pour la France et l'Europe en général.
Ici, le soutien hésitant de l'Allemagne aux frappes menées contre Damas ne fait que prouver la règle générale. Pour M. Carcaci, tandis qu'« il y a toujours ce Paris-Berlin qui mène la danse en Europe », la chancelière Merkel s'est vraisemblablement ravisée et « s'est ralliée à la France pour ne pas déplaire à son partenaire français », résume-t-il.
Ekaterina Yansonle