11/08/2019 reseauinternational.net  7min #160238

 Les Royal Marines s'emparent d'un pétrolier iranien sous les ordres des États-Unis

Israël dans le Golfe Persique, c'est un pas assuré vers la guerre !

par Abdel Bari Atwan

La dernière chose dont l'Arabie Saoudite et ses acolytes ont besoin, c'est de la « protection » israélienne.

L'inclusion d'Israël dans l'alliance régionale formée par les États-Unis dans le but de protéger les navires dans le Golfe et le détroit d'Hormuz, est un grand pas en avant dans le processus de normalisation rampant entre Israël et la plupart des États arabes du Golfe.

Israël n'est pas un État littoral du Golfe et n'y a aucun commerce maritime. Ce n'est pas non plus une grande puissance navale qui peut ajouter une capacité significative aux centaines de navires de guerre américains, britanniques et alliés et aux navires de soutien qui envahissent la voie navigable. Son inclusion dans cette alliance est un pur stratagème visant à accélérer la normalisation dans les domaines militaires et répressifs, et à en faire un acteur clé de la région.

C'est le ministre des Affaires étrangères Israël Katz qui a révélé pour la première fois qu'Israël se joignait à cette coalition. Il a déclaré que sa principale contribution serait dans les « opérations de renseignement » - l'une des exportations les plus lucratives d'Israël - et qu'il espérait que cela conduirait à l'établissement de relations complètes avec les États du Golfe.

Cette coalition a été rejetée par la plupart des pays européens, à l'exception notable de la Grande-Bretagne. Ces pays ne veulent pas être associés aux politiques irresponsables de l'actuelle administration américaine dans la région, ni être entraînés dans les guerres qui pourraient en résulter contre l'Iran et ses divers alliés et relais.

L'escalade constante de la pression militaire de Trump sur l'Iran et l'intensification des tensions dans la région du Golfe semblent faire partie d'un plan bien établi. Tout d'abord, abandonner l'accord nucléaire et imposer des sanctions draconiennes pour étouffer et affamer le peuple iranien, provoquant ainsi des représailles de la part de l'Iran... puis cela peut alors servir de prétexte pour « internationaliser » le détroit d'Hormuz (situé dans les eaux territoriales iraniennes et arabes), ce qui pourrait éventuellement déclencher une guerre.

L'alliance US dans le golfe Persique à laquelle devrait se joindre Israël ne sera jamais en mesure de protéger les intérêts des Etats arabes de la région. (Photo d'illustration)

L'adhésion d'Israël à la coalition navale est un prélude à une pleine intégration en tant que premier proxy de Washington pour la protection des États du Golfe contre la menace supposée du prétendu danger iranien. Cela signifie déconnecter complètement ces pays de leur milieu arabe et islamique, et les lier complètement à Israël dans une nouvelle structure militaire.

Les Israéliens et les conseillers de Trump estiment que le moment est venu d'agir dans ce sens, étant donné que les États arabes traditionnellement les plus influents - tels que l'Irak, la Syrie, l'Égypte et l'Algérie - sont tous occupés par leurs difficultés intérieures. Ils semblent avoir fait le bon calcul, du moins pour le moment. Aucune objection à cette initiative n'a encore été entendue de la part de l'Irak ou de l'Égypte, et encore moins des États du Golfe.

Pourtant, dans le passé, chaque fois que les États-Unis ont formé des coalitions pour lutter contre les guerres dans la région - qu'il s'agisse de la guerre au Koweït, de l'invasion de l'Irak ou de la campagne contre le groupe État islamique - les États-Unis avaient délibérément exclu Israël afin d'éviter toute réaction publique.

En joignant cette coalition navale, Israël deviendra un partenaire direct de toute guerre que les États-Unis mèneront contre l'Iran. Cela signifie que les Iraniens et leurs alliés et mandataires considéreront son infrastructure vitale, et non pas seulement les navires de la marine déployés dans le Golfe, comme une cible légitime pour des tirs de missiles de représailles.

L'adhésion d'Israël à la coalition pourrait également jouer entre les mains des autorités de Téhéran, leur permettant de mobiliser davantage de soutien de la part de l'opinion et d'isoler les États du Golfe en raison de leur collusion avec Israël et ses projets expansionnistes.

Israël, tout comme son allié américain, ne fournira pas ses services de protection et de sécurité gratuitement. On peut s'attendre à ce qu'il commence à envoyer ses factures aux États du Golfe et à exiger un remboursement sous forme d'argent liquide et de concessions politiques.

Trump, pour sa part, a été élu sur une promesse de ne pas entamer de guerres plus coûteuses au Moyen-Orient. S'il estime qu'une guerre contre l'Iran à l'instigation et à l'initiative d'Israël est pour lui un engagement électoral, il pourrait simplement retirer les forces américaines de la région - comme il l'a fait en Irak, et comme il est sur le point de le faire en Afghanistan et peut également le faire en Syrie. Cela laisserait les États du Golfe pris en otage sous la « protection » supposée d'Israël et soumis à ses diktats politiques.

Ces États ont commis plusieurs erreurs majeures de calcul stratégique au cours des dernières années : 1) ils se sont associés à l'occupation de l'Irak, qui a combattu l'Iran pendant huit ans en leur place, 2) ils commencent à reconnaître l'échec de leur guerre contre le Yémen 3) et l'aventure du changement de régime en Syrie a eu un résultat désastreux. Entrer dans une alliance avec Israël serait leur plus grande erreur à ce jour.

Israël serait à peine capable de se protéger lui-même en cas de guerre avec l'Iran. Il ne serait pas en position de protéger qui que ce soit, surtout pas les États du Golfe.

Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique  Rai al-Yaoum. Il est l'auteur de  L'histoire secrète d'al-Qaïda, de ses mémoires,  A Country of Words, et d' Al-Qaida : la nouvelle génération. Vous pouvez le suivre sur Twitter : 𝕏 @abdelbariatwan

 Raï al-Yaoum - Traduction :  Chronique de Palestine - Lotfallah

Photo: Fresque murale sur un des murs de l'ex-ambassade des États-Unis à Téhéran - Photo : Archives

source: chroniquepalestine.com

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