© PHILIPPE WOJAZER Source: Reuters
Dans une interview accordée au New Yorker, le président Emmanuel Macron est revenu sur sa gestion de la crise des Gilets jaunes qu'il a présentée comme un mouvement social avec un «très haut degré de violence» nécessitant des moyens exceptionnels.
Le président a assumé sa gestion de la crise des Gilets jaunes, malgré les critiques et les accusations d'usage excessif de la violence par les forces de l'ordre, auprès du magazine américain The New Yorker, qui a publié un long portrait du chef d'Etat le 24 juin.
Interrogé pour savoir si le bilan très élevé en terme de blessés et les rappels à l'ordre de la France pour sa gestion de la crise par l' ONU et le Conseil de l'Europe lui convenaient, le président français a répondu par la négative.
«"Non", a-t-il répondu. "Mais il faut voir ce que nous avons vécu. Pour la première fois, nous avions un mouvement social avec un très haut degré de violence. Quelque chose d'unique"», peut-on lire dans les colonnes du magazine retranscrivant les propos du président qui dit par ailleurs avoir «décidé de ne pas décréter de situation particulière, ni d'interdire les manifestations», ou s'être refusé à «réduire le niveau de liberté dans ce pays».
«Je pense que cela aurait été une erreur. Mais penser que nous avions affaire à de simples citoyens en train de manifester, c'est du pur "bullshit"», a ajouté le président de la République française.
Cité un peu plus haut dans le passage pour son imposant travail de compilation des cas de violence policière supposées, le documentariste David Dufresne a réagi sur Twitter, qualifiant le discours du chef de l'Etat de «déni».
«Macron, les Gilets jaunes, les Mutilés, le New Yorker, et le déni», a-t-il ainsi tweeté.
Can Emmanuel Macron Stem the Populist Tide?France’s young President is now Europe’s most forceful progressive. But violence at home and the success of right-wing parties throughout the Continent threaten his ambitions.
Plus loin dans la discussion, le président a été interrogé sur sa réaction à la blessure de de Geneviève Legay, 73 ans, victime entre autre d'une fracture du crâne lors d'une manifestation de Nice qui n'était pas autorisée, le 23 mars. Le président lui avait souhaité un « prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse», provoquant un tollé chez ses détracteurs.
«Nous avons une presse libre, une circulation libre, des réseaux sociaux libres. Tout peut être dit. Mais aller dans un endroit où il était interdit de manifester était totalement fou», a-t-il déclaré, avant de renchérir après une relance de son intervieweur : «Et je lui souhaite le meilleur, mais ma position était de dire, OK, cette personne âgée n'allait pas faire des courses. Elle manifestait avec des militants, face à des policiers, au pire moment de la crise».
Pour conclure sur le sujet, Emmanuel Macron est revenu sur la difficulté de trouver un juste équilibre entre la gestion de la violence pouvant être perçue comme «une sorte de laxisme» par la population, et d'autre part «toutes ces blessures», perçues comme un signe d'autoritarisme.
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