Reportage de la chaîne nationale russe Rossiya 1, le 23 juin 2019. L'intervention de Poutine date du 20 juin.
Transcription :
Présentateur : Cette semaine, les États-Unis ont continué à provoquer l'Iran, mettant les nerfs du monde entier à rude épreuve. Jeudi [20 juin], la défense anti-aérienne iranienne a abattu un drone de reconnaissance américain dans le sud du pays, à l'entrée du Golfe persique. Cette réaction a été causée par le fait que les États-Unis se sont engagés dans l'espace aérien de la République Islamique. Bien sûr, les États-Unis affirment que leur drone militaire était dans l'espace aérien international. Quoi qu'il en soit, le monde s'est figé. La guerre est-elle vraiment sur le point de commencer ?
La situation dans la région est devenue aussi toxique que possible au cours de la semaine dernière, lorsque les États-Unis ont accusé les Iraniens d'avoir lancé une attaque à la torpille sur deux pétroliers. Maintenant, ils ont abattu un drone qui coûte 130 millions de dollars. Il semblait que des attaques contre l'Iran étaient imminentes.
Naturellement, la question iranienne a été abordée durant la ligne directe avec Vladimir Poutine.
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Vladimir Poutine : Les États-Unis disent qu'ils n'excluent pas le recours à la force.
Je tiens à dire tout de suite que ce serait au minimum une catastrophe pour la région, car cela entraînerait une flambée de violence et peut-être une augmentation du flux de réfugiés en provenance de cette région.
Mais je pense que cela aurait probablement aussi des conséquences terribles pour ceux qui s'aventureraient dans de telles tentatives, car il est très difficile de calculer ce à quoi l'utilisation de la force peut conduire. C'est très difficile à prévoir.
Notamment parce que l'Iran est un pays chiite, et il est bien connu, en particulier dans le monde musulman, que ces peuples (chiites) sont prêts à aller jusqu'aux dernières extrémités pour se défendre et pour protéger leur pays.
Il est difficile de dire quelle forme prendraient ces réactions extrêmes et qui ils affecteraient. Personne ne le sait, mais il serait très mauvais que les événements se développent dans ce sens.
Quant à l'Iran en général, ce pays respecte pleinement ses accords avec l'AIEA, l'organisme international qui supervise la technologie nucléaire. L'Iran ne viole absolument rien et nous considérons qu'il est injustifié de lui imposer des sanctions.
Présentateur : Notre correspondant militaire, Evgeniy Poddubny, surveille la situation dans la région depuis les rives du golfe Persique.
Evgeniy Poddubny : C'est avec ces images que le monde a découvert que les Américains avaient perdu l'un de leurs drones les plus coûteux à la suite de la réaction des forces de défense anti-aérienne de leur ennemi. Les Iraniens ont abattu l'avion de surveillance avec un système de missile sol-air qu'ils ont eux-mêmes conçu et produit. Et c'est un signe que la République Islamique n'est pas aussi facile à abattre que d'autres pays contre lesquels l'Amérique a lancé des guerres au cours des 20 dernières années.
Dans la guerre de l'information, Téhéran a également une longueur d'avance. Premièrement, le Commandement du corps des Gardiens de la Révolution Islamique a dévoilé le parcours exact du drone. Selon les données radar, le drone se serait effectivement introduit sur le territoire iranien. Par la suite, les Pasdaran ont exposé les débris trouvés dans la ceinture marine iranienne.
Vendredi, un autre message a été délivré.
Amir Ali Hajizadeh, Commandant des forces aérospatiales des Gardiens de la Révolution : Aux côtés du drone, il y avait un avion de reconnaissance avec à son bord 35 militaires américains. Nous aurions pu abattre cet avion, nous avions tous les droits de le faire, mais nous ne l'avons pas fait.
Evgeniy Poddubny : Au contraire, la réaction de la Maison Blanche a été illogique, parfois même insolente : « L'Iran a commis une très grosse erreur ! » (Tweet de Trump) Cette phrase ressemblait à une menace. Plus tard, en direct sur les ondes d'une chaîne de télévision américaine, le résident de la Maison-Blanche a de nouveau tenu des propos bizarres.
Donald Trump : « Vous verrez, vous saurez tout. Bien sûr... Bien sûr, vous comprendrez que nous ne parlions pas beaucoup (de ce que sera notre réaction). Vous découvrirez tout (en temps voulu). »
Evgeniy Poddubny : Voici le siège de la Cinquième flotte américaine au Bahreïn, juste derrière moi. Il y a quelques heures, les premières menaces contre l'Iran ont été émises. Pourtant, rien ne se passe sur les rives de la principale base navale américaine de la région. Il est clair que quelques navires sont actuellement en haute mer, mais certaines forces sont ici. En cas de guerre avec l'Iran, c'est le personnel et l'équipement de cette base qui participeront directement au conflit.
À propos, voici à quoi ressemble la base américaine de l'intérieur : environnement de service très agréable, équipements de fitness et de sport, bowling, cafétéria, cour bien aménagée ; et le gîte est également très confortable. Voici un militaire américain montrant ce que c'est que de servir au Bahreïn. C'est un service très plaisant, je dirais. Ainsi, dans le cas où les Etats-Unis attaqueraient l'Iran, la guerre entraînera le contingent de cette base hors de sa zone de confort. Mais bien sûr, ce n'est pas ce qui compte vraiment. Les principales victimes seraient les alliés des Etats-Unis dans la région du Golfe persique. Par exemple, la base militaire du Bahreïn n'est éloignée que de 130 kilomètres des côtes iraniennes. En cas d'attaque, la logique militaire prévoit une frappe de riposte sur les postes de commandement et les bases de l'ennemi.
Pour que tout soit clair, c'est ici que se trouve le siège de la base navale américaine de la région. Il est pratiquement au centre de la capitale du royaume du Bahreïn. Il y à moins de 20 mètres entre la clôture de la base et les immeubles résidentiels comportant hôtels et restaurants, ce qui signifie que les Américains sacrifieraient facilement des milliers de civils pour servir leurs intérêts géopolitiques.
Des bases militaires américaines sont également situées à la fois au Qatar voisin et dans les Émirats arabes unis, ce qui signifie généralement que tout le monde pâtirait d'une guerre. L'économie des pays du Golfe est en danger. La guerre mettrait un terme au trafic pétrolier dans le détroit d'Hormuz, par lequel transite un cinquième du transport mondial de pétrole brut.
Le maître de la Maison-Blanche s'est vanté sur Twitter d'avoir affaibli la nation iranienne, disant, je cite, que « Aujourd'hui, ils sont en faillite ! » À première vue, le Président américain était encore dans sa stratégie de négociations (imposées).
Donald Trump : « Si l'Iran veut redevenir une nation riche et prospère, nous adopterons le slogan 'Refaire de l'Iran une grande puissance' (référence à son slogan de campagne). Vous comprenez ? 'Refaire de l'Iran une grande puissance !' Ça me botte. Mais ils ne seront jamais prospères tant qu'ils auront des armes nucléaires. »
Il faudrait croire que si le Président américain déchire l'accord nucléaire avec l'Iran et renforce les sanctions, c'est pour « refaire de l'Iran une grande puissance ».. Tout comme l'Irak et la Libye, qui ont déjà été « rehaussés au statut de grande puissance » par les interventions armées des Etats-Unis ?
Source :
Traduction : lecridespeuples.fr
via: lecridespeuples.fr