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Les personnes blessées et mutilées par les forces de l'ordre lors des mouvements sociaux sont invitées à manifester à Paris pour protester contre les violences policières exercées notamment au cours de la mobilisation des Gilets jaunes.
«Est-il normal de perdre une partie de son corps quand on part manifester ?» : telle est la question posée dans l'appel à manifester le 2 juin à Paris lancé par un collectif baptisé Les Mutilés pour l'exemple sur internet.
Ils ont perdu un œil, une main ou ont été gravement blessés voire mutilés pendant un mouvement social, et les photos de leurs blessures ont suscité un vif émoi sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, ils demandent justice. Après le mouvement des Gilets jaunes, marqué par des violences policières inouïes, ces mutilés réclament l'interdiction de l'utilisation des armes sublétales pour le maintien de l'ordre.
Pour cette raison, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés place de la Bastille pour entamer une marche.
«Un engrenage qui plombe une vie»
Parmi eux, Antoine Boudinet, qui a eu la main arrachée par une grenade Gli-F4 lors de l'acte 4 du mouvement citoyen à Bordeaux le 8 décembre 2018. «Ce qu'on réclame []... c'est l'interdiction totale de toutes ces armes [sublétales utilisées par les forces de l'ordre], ainsi qu'un changement radical de la façon dont est fait le maintien de l'ordre en France», explique-t-il au micro de RT France.
«C'est les petits trucs du quotidien qui deviennent beaucoup plus difficiles», témoigne Gwendal, éborgné le 19 janvier à Rennes. «C'est tout un engrenage qui plombe le moral, qui plombe une vie qui à la base était sans problèmes», poursuit le manifestant, qui réitère son soutien aux Gilets jaunes.
«J'ai plus de joue, j'ai plus d'œil, tout ça pour protéger ma femme», explique Jean-Marc Michaud, grièvement blessé le 8 décembre. «On ne vit pas, on est reclus chez nous, on bouge à peine. Il y a les douleurs, il y a le [côté] psychologique. C'est pas évident de vivre ça», raconte le manifestant, qui affirme qu'il a retrouvé les images du tir de LBD qui l'a éborgné et qu'il va pouvoir porter plainte.
David Breidenstein, éborgné le 16 mars aux Champs-Elysées souligne la lenteur des procédures judiciaires dans ces affaires. «Depuis le 16 mars, je n'ai toujours pas été convoqué par l'IGPN. Ca commence à être long» fait ainsi remarquer le manifestant qui ne se fait aucune illusion quant à leurs résultats : «Ca n'aboutira à rien, comme toutes bavures policières.» Aussi grave soit-elle, sa blessure n'a pas fait vaciller ses convictions : «Je ne regretterai jamais de porter ce gilet jaune.»
Accusé d'avoir engendré un bon nombre d'invalidités permanentes, le LBD40 est dans la ligne de mire des manifestants, tout comme la grenade Gli-F4.
Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, au mois de novembre 2018, le journaliste indépendant David Dufresne a comptabilisé 24 éborgnés et cinq personnes ayant eu une main arrachée, parmi les centaines d'autres blessés en marge du mouvement social.
Auteur: RT France
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Lucas Léger