17/06/2019 mondialisation.ca  15 min #157904

Golfe d'Oman : deux navires pétroliers auraient été attaqués, la marine américaine a reçu des Sos

Le duo Trump-Bolton est semblable au duo Bush-Cheney: Des va-t-en-guerre qui recourent à des mensonges pour déclencher des guerres illégales.

[Opérations sous faux pavillon] : « Les pouvoirs en place savent que pour créer un climat propice à la guerre, il est nécessaire de créer au sein de la population de la haine, de la peur ou de la méfiance envers autrui, que ces autres appartiennent à un certain groupe de personnes, à une religion en particulier ou à un autre pays. »

James Morcan (1978-), écrivain australien né en Nouvelle-Zélande.

[Définition : Une «opération sous faux pavillon » est un événement terrifiant, mis en scène, et imputé à un ennemi politique, et utilisé comme prétexte pour déclencher une guerre ou pour adopter des lois draconiennes au nom de la sécurité nationale].

« Presque toutes les guerres commencent par des opérationssous faux pavillon. »

Larry Chin (d. de n. inconnue), auteur nord-américain, (dans False Flagging the World towards War: The CIA weaponizes Hollywood', le 27 décembre, 2014).

« Définition de la projection inversée : attribuer aux autres un acte que vous faites vous-même et l'utiliser comme raison de les attaquer. »

John McMurtry (1939-), philosophe canadien, (dans « Le décodage moral du 9-11: Au-delà de l'État criminel américain », Journal of 9/11 Studies, février 2013).

« Le fait qu'il y ait des hommes dans tous les pays qui gagnent leur vie en faisant la guerre et en suscitant des tensions entre les pays, est aussi choquant que vrai; mais quand ceux qui sont à la tête du gouvernement d'un pays cherchent à semer la discorde et à cultiver les préjugés entre les nations, cela devient d'autant plus impardonnable. »

Thomas Paine (1737-1809), père fondateur américain, pamphlétaire (dans « Les droits de l'homme », c. 1792).

« J'étais alors le directeur de la CIA. Nous avons menti, nous avons triché, nous avons volé. C'était comme nous avions des cours complets de formation. Cela vous rappelle la glorieuse histoire de l'expérience américaine ! »

Mike Pompeo (1963-), ancien directeur de la CIA et actuel secrétaire d'État dans le gouvernement de Donald Trump, (en avril 2019, alors qu'il parlait à des étudiants de l'Université Texas A & M.)

L'histoire tend à se répéter. De nos jours, certaines personnes qui profitent des guerres sont aujourd'hui à l'œuvre et ils s'emploient à souffler sur les braises de la guerre. Leur crime : déclencher des guerres illégales en commettant des attaques criminelles ' sous faux pavillon', et en accusant un autre pays de leurs propres actes criminels. Sur ce point, le duo actuel de Donald Trump et de John Bolton se comporte de la même manière que le duo de George W. Bush et de Dick Cheney, avant la guerre contre l'Irak, en mars 2003. Il est surprenant, dans un monde d'information continue, que ce genre d'activité puisse encore se produire.

On se souviendra qu'en 2002-2003, le duo Bush-Cheney, assisté du britannique Tony Blair, eut recours à des  mensonges pour justifier une guerre d'agression contre l'Irak, en prétextant que Saddam Hussein avait en sa possession un stock massif «  d'armes de destruction massive », et qu'il s'apprêtait à attaquer les États-Unis. Le 6 octobre 2002, le président George W. Bush fit monter la peur d'un cran en prédisant un gros nuage nucléaire au-dessus des États-Unis, s'il n'agissait pas contre l'Irak. Tout cela était du grand guignol. Il s'agissait, en fait, d'une mise en scène tout à fait fictive afin de tromper un Congrès américain crédule (!), les grands médias américains et une majorité des Américains qui tombèrent dans le panneau.

On est en 2019, seize ans plus tard, et on a recours encore au même stratagème pour déclencher une guerre d'agression illégale, cette fois-ci, contre le pays de l'Iran. Les maîtres de la tromperie sont à nouveau à l'oeuvre. Des agents secrets, américains, israéliens et/ou saoudiens au Moyen-Orient sont, en toute probabilité, derrière une attaque non provoquée, dans les eaux internationales, contre un pétrolier japonais, et les dirigeants américains se sont précipités devant les caméras pour accuser l'Iran. Ils prétendent que c'est ce dernier pays qui a lancé une attaque à la torpille contre le pétrolier, le Kokuka Courageous, dans la mer d'Oman.

Cependant, ils n'eurent guère de veine. En effet, le  propriétaire du pétrolier japonais a immédiatement contredit la version « officielle ». En effet, M. Yutaka Katada, président de la compagnie maritime Kokuka Sangyo, propriétaire du navire, a déclaré que les dommages au pétrolier avaient été causés par un attentat à la bombe. Voici ce que M. Katada déclara aux journalistes : « L'équipage nous affirme que le navire a été frappé par un objet volant. Ils disent que quelque chose a volé vers eux, puis il y a eu une explosion, puis ils ont constaté un trou dans la cuirasse du bateau. » Sa compagnie a aussi émis un communiqué à l'effet que « la coque (du bateau) avait été percée au-dessus de la ligne de flottaison, à tribord », et que le navire n'avait pas été frappé par une torpille sous la ligne de flottaison, comme l'a insinué l'administration Trump. [N. B. : Il y eut également une attaque moins grave sur un navire norvégien, le Front Altair].

Cette fois-ci, donc, la manœuvre d'une attaque « sous faux pavillon » semble avoir échoué. Vous pouvez être certain, cependant, que ceux qui sont derrière l'attentat y se réessayeront, tôt ou tard, tout comme les forces qui étaient derrière les «  attaques chimiques sous faux pavillon », en Syrie, réussirent presqu'à tromper l'opinion mondiale et à impliquer faussement le gouvernement syrien de Bashar al-Assad.

Il semble bien que Donald Trump aurait tout à gagner personnellement d'une guerre, laquelle viendrait à point distraire les médias, reléguer le  rapport Muelleraux oubliettes, (du moins la partie déjà publiée), et faire oublier les problèmes politiques grandissants de l'occupant de la Maison-Blanche. Présentement, Donald Trump aurait besoin d'un scénario semblable à celui que l'on retrouve dans le film « Des hommes d'influences », la traduction en 1998 du film américain «  Wag-the-Dog«, de 1997.

Des gens dans son entourage de la trempe de John Bolton et certains de ses alliés au Moyen-Orient pourraient facilement lui venir en aide. En fait, il est utile de savoir qu'il y a deux semaines, le va-t-en-guerre John Bolton se trouvait, comme par hasard, au Moyen-Orient, lors d'une visite aux Émirats arabes unis !

Il faut dire, aussi, qu'en plus de la réfutation de l'armateur japonais, il faut savoir qu'au moment de l'attaque du pétrolier japonais, le  Premier ministre japonais, M. Shinzo Abe, se trouvait justement en Iran pour s'entretenir avec le gouvernement iranien d'une coopération économique entre les deux pays, notamment en ce qui concerne les expéditions de pétrole iranien vers le Japon. L'Iran étant une victime des sanctions économiques imposées unilatéralement par le gouvernement étasunien, une telle coopération économique entre le Japon et l'Iran aurait certes pu être le facteur déclencheur d'une opération sous faux pavillon pour l'empêcher. Cela ne semble pas avoir fonctionné. Mais vous pouvez être certain que les responsables ne seront pas poursuivis.

Conclusion

Nous vivons présentement à une époque où des personnes de peu de probité morale, mais qui sont soutenues par des forces qui ont beaucoup d'argent, peuvent aujourd'hui accéder au pouvoir et faire beaucoup de dégâts. Comment nos démocraties peuvent survivre dans un tel contexte reste une question qui n'a pas encore de réponse.

Rodrigue Tremblay

Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d'économie à l'Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018 « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 », (Fides).

On peut le contacter à l'adresse suivante :  email protected.

Il est l'auteur du livre  du livre  «  Le nouvel empire américain »  et du livre  « Le Code pour une éthique globale » , de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé «  La régression tranquille du Québec, 1980-2018 ».

Site Internet de l'auteur :  rodriguetremblay.blogspot.com

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