Je suis arrivé sur le site lejourdapres.parlement-ouvert.fr sans trop y croire, étant intéressé par le principe de démocratie participative balbutiant. J'ai tout de suite vu que c'était le même logiciel que pour la consultation populaire des Gilets-Jaunes, dont je n'ai aucun souvenir des résultats (ah si j'en ai trouvés ici et là). Cette deuxième consultation publique avec le logiciel Decidim est en tous cas une émanation du service public. Alors on en discute. Certains me disent que je suis trop crédule d'y croire, parce que de toutes manières cela ne servira à rien, et que c'est juste un système de sondage de l'opinion. C'est aussi ce que j'ai toujours pensé. Je réponds qu'il n'y a rien de mieux à proposer que de jouer le jeu, et de laisser une chance à cette initiative. Il se trouve quand même que cette procédure est exactement celle qui devrait exister dans le cadre d'une vraie démocratie, et il est certain qu'elle va devoir évoluer. Il faut donc s'y intéresser.
Je sais qu'il faut être méfiant de la récupération des idées, car souvent il suffit d'en modifier une virgule pour faire d'un miracle une vraie calamité. C'est ce que je pense par exemple du crédit social tel qu'utilisé en Chine. Il y a une maturation spirituelle qu'il ne faut pas s'attendre à rencontrer, ce qui pousse à limiter ses propositions à l'essentiel. J'aurais bien évidemment voulu pouvoir exposer tous les tenants et aboutissants d'un vrai projet grandiose, mais ni le format ne le permettait, ni l'assurance que son usage serait correct, ni même ce n'était encore l'heure de le faire. La sagesse impose d'avoir un minimum de recul sur ce qu'on est en train de faire.
Mais bon les auteurs, après avoir introduit la situation de catastrophe, qui stimule par réaction une motivation grégaire, et rassuré sur le fait que jusqu'ici la politique avait été dans l'erreur et qu'il fallait changer les choses, déclarent : "Il nous faudra réapprendre la sobriété, la solidarité et l'innovation. Un simple plan de relance ne suffira pas. Il nous faut réfléchir dès maintenant et collectivement à un grand plan de transformation de notre société et de notre économie". Ce qui est vachement louable. Je ne pense pas que cet objectif ait été atteint, et je vais dire pourquoi. Mais on peut tendre vers cet objectif.
Certains diront que le hic de cette présentation est qu'elle correspondait très exactement au discours officiel tenu par le locataire présidentiel, dont la teneur, du type "on s'est trompés, mais maintenant je vous promets ?", a immédiatement été perçue comme une opération psychologique visant à endormir les foules le temps qu'il faut pour accélérer un agenda de réformes ultralibérales. Ce qui fut le cas.
*
Je me lance donc sur le site avec une réelle envie et les idées qui fourmillent (comme d'habitude d'ailleurs). J'essaie d'élaborer une stratégie. Il faut dire que j'ai déjà la réponse à la question principale, j'ai écris des bouquins pour ça, et la question du système social est, pour moi, résolue. Il ne reste qu'à faire tendre les choses vers cette solution, qui de toutes façon arrivera d'elle-même, que cela soit par nécessité ou par élimination des autres idées. J'ai donc, comme je l'expose ouvertement, une pré-conception des choses. Et la stratégie consiste à disséminer des idées de composants essentiels à ce projet global, plutôt que le projet global, dont il est certain à 100% qu'il marcherait si les gens étaient prêts à y travailler sérieusement. En fait je suis le pire des clients possibles. En effet il y en a d'autres qui arrivent avec leurs préconception des choses, et dont le but n'est que d'exposer leurs travaux, voire de faire de la publicité, tout simplement. Beaucoup sont là pour exister, pas pour servir (ou en croyant que les deux sont liés). Mais la plupart des "clients" ne font qu'exposer le truc judicieux et non testé qu'ils ont en tête, faisant de cette plateforme un laboratoire statistique des choses qui tournent dans la tête des gens.
En tant que client, j'arrive sur le site sans absolument rien lire de ce qui existe déjà, et je sais bien que ce que je vais proposer ne sera pas déjà proposé. La taille du texte est limitée, ce qui me pousse à revoir ma stratégie encore, et à synthétiser davantage. À la fin il ne reste qu'une sorte de comédie manichéenne, où rien n'est expliqué ni justifié. Je n'ai pas pensé, comme d'autres, à utiliser les commentaires pour m'étendre davantage. Les propositions "similaires" qui me sont retournées sont évidemment sans aucun rapport, et de toutes façons je sais, et je me moque (complètement), de savoir ce qui a déjà été dit. C'est ça les bad boys.
Il faut dire à ce stade comment marche le cerveau (c'est intéressant, en passant) : dans une phase où on n'a aucune connaissance du milieu (l'enfance) on est guidés par des pulsions. C'est seulement après, quand on a une connaissance de ce que font et pensent les autres, qu'on peut être guidés par des idées. D'ailleurs au bout de ma troisième ou quatrième proposition, je vois que je commence à prendre ça trop à la légère, et que ça devient cynique. J'arrête là. J'exprime l'idée, non publiée, que de toutes façon tout cela ne sert à rien parce que ce qu'il faut c'est avoir une pensée globale, dont le but est de résoudre d'une traite tous les besoins exprimés ici et là. Et que nécessairement, il doit y avoir une structuration de la fabrication des idées, étape par étape, avec des itérations.
*
Puis j'y retourne un autre jour et je vois le "hackathon", qui consiste à dépouiller les résultats. Toutes les données du site, hormis les commentaires, sont en open-data. C'est une décision salutaire et louable, et c'est même la chose la plus conséquente de ce projet. Tout le monde devrait pouvoir avoir une vue globale sur les besoins. Et pour cela, ayant fait ce job, il ne reste qu'à en faire des analyses.
En gros l'analyse montre des préoccupations vaguement guidées par les catégories prévues initialement, et qui sont assez transversales. J'apprends qu'un collège de députés est en attente de ces analyses pour visualiser les propositions qui reviennent les plus fréquemment. Pour eux, il suffit de les classer dans l'ordre de celles qui ont été les plus votées. Mais le hackathon va essayer d'aller plus loin dans l'analyse des données. En effet, on peut se demander pourquoi, et en quoi, les propositions les plus votées seraient meilleures que les autres ? C'est complètement absurde. Je veux dire, même la démocratie qui fonctionne au nombre de votes, est absurde ! Finalement ce n'est pas de la démocratie mais du libéralisme, le marché de l'offre et la demande ; les députés jaugent la demande, et façonnent leurs discours pour faire l'offre (?). Si c'est ça la politique, cela ne peut que dégénérer, puisque ensuite "la demande" va déjà elle-même se référer à l'offre. Et c'est d'ailleurs cela mon erreur en tant que client, je ne me suis pas référé à ce qui était faisable, acceptable ou déjà à moitié consenti, mais seulement à ce qui était fonctionnel. La plupart des propositions, malgré le ton "révolutionnaire" qui présidait à cette consultation, n'ont fait que de se limiter au domaine de l'acceptable et du semi-consenti, c'est à dire, à être "réalistes". Et quand on y pense l'est vraiment cela l'expérience acquise de cette initiative, dont on voit les limites dans ce que les gens jugent réaliste. Il y a un peu de l'idée de l'interro-surprise dont le thème est : "dites ce que vous voulez". Et là, je me souviens de la remarque de mon prof à l'époque, "soudain les gens n'ont plus rien à dire".
Je veux donner un exemple pour illustrer cette vacuité intellectuelle. Je ne veux pas non plus offenser les clients de cette consultation, car il est honorable de savoir estimer quel sera le prochain pas à franchir pour aller dans le bon sens. Mais cette vacuité est aussi celle des politiciens, des philanthropes, et des grandes entreprises : ils n'ont aucune imagination, et sont incapables de sortir des gonds du "réalisme". Pourquoi par exemple ne pas proposer, dans le cadre de l'autonomie alimentaire, "que les producteurs soient reliés directement aux consommateurs via une plateforme publique, faisant que, 1) les producteurs gagnent deux fois plus [qu'avec les distributeurs actuels] et 2) les denrées coûtent deux fois moins cher". Le nombre de personne s'opposant à cela est-il supérieur au nombre de personnes trouvant que c'est une bonne idée ?
C'est amusant, car autant le nombre, la quantité, n'a pas d'effet là où ça devrait être le cas, et autant, quand il s'agit de jauger la détermination du peuple, exprimée par une multitude de propositions plus ou moins concrètes, alors soudain le nombre devient l'adjoint indispensable à la crédibilité d'une idée ; et ceci de façon complètement absurde, comme je l'ai dit.
*
Non, pour le cas présent, à savoir la mesure de la détermination populaire, il faut procéder à une analyse de fond. Mais d'abord on va analyser les données récoltées lors de ce "grand concours".
Le grand gagnant de la consultation est l'association L214, dont les propositions obtiennent un nombre de votes deux fois supérieur aux propositions qui suivent ces premières de la liste :
- Un moratoire immédiat sur l'élevage intensif (1550)
- Un plan concret de sortie de l'élevage intensif, avec accompagnement des personnes qui en dépendent aujourd'hui vers des productions alternatives (1482)
- Une végétalisation d'ampleur de l'alimentation en restauration collective publique ou privée (1477)
- Réintroduire l'éthique animale dans les programmes scolaires (1439)
Et les deux suivants :
- Adopter immédiatement la loi végan (749)
- L'urgence d'un revenu de base vraiment universel (719)
Il faut dire que L214 a crée du trafic en provenance de Facebouque, là où les autres propositions étaient individuelles. C'est comme du lobbying, mais sans corruption, juste par un stress numérique.
C'est très intéressant cela dit, mais du coup on doit aller voir les autres.
*
Pour faire une recherche, les développeurs se réunissent à distance et échangent leurs méthodes. On axe notre recherche sur les mots-clefs, au début pour dégraisser les huit mille propositions. On recherche les termes récurrents, ce qui isole les propositions trop courtes (sans présumer de leur qualité). Je classe les termes récurrents en deux catégories, les mots courants et les expressions significatives, qui permettent de relier les propositions sur un même thème. Pour cela il faut les lire, au hasard, s'intéresser à ce qui est écrit, assez pour avoir la curiosité de faire une recherche sur celles qui parlent des mêmes choses, puis leur attribuer les mots-clefs. On a vite fait de virevolter d'un thème à l'autre. À chaque fois on peut se demander s'il y en a un qui a pensé à telle ou telle chose vaguement similaire à la première. C'est un long travail. Il aurait mieux valu que les gens mettent eux-mêmes des mots-clefs pertinents ; hormis le fait que la moitié n'aurait pas compris l'intérêt de cette pertinence, qui consiste à faciliter le dépouillement. Alors donc cette tâche revient à la post-production.
Mais bon vous pouvez la faire, sur le site de postprod où j'ai rapatrié toutes les données du site d'origine, et en faisant des recherches, qui sont du coup enregistrées en tant que tags.
Ensuite pour le besoin de recherche de propositions similaires, on classe ces termes selon des clusters de tags, qui associe des thèmes à des mot-clefs. Il faut dire qu'il y a énormément de propositions quasi-similaires, et parfois juste des doublons, triplets, ou insistances démoniaque. Un robot-tueur a réussi à faire classer la proposition du "retour de Jésus" en tête des scores. C'est juste pour dire bravo en passant, on a bien rigolé. Allez-hop, du coup on s'autorise à éliminer des propositions (ce qui a été le cas d'un certain nombre, mais elles apparaissent dans le document présenté).
Enfin, outre le nombre de soutiens aux propositions, on peut juguler l'ordonnancement qui en résulte par le nombre de commentaires, c'est à dire la discussion engendrée et l'intérêt suscité (positif ou négatif), ainsi qu'une mention d'approbation ou de désapprobation qui est présente dans les commentaires, et qui permet d'estimer leur teneur. On jugule ces scores en faisant une moyenne pondérée toute bête. On peut rajouter d'autres paramètres, mais là on a manqué de mains, pour estimer à chaque fois la qualité, la faisabilité, et la portée d'une proposition. Là aussi on aurait pu confier cela au public. Cela sera au chapitre des améliorations pour les prochaines consultations publiques.
Enfin bon, pour ce qui nous intéresse, c'est d'avoir l'opinion de madame Michu, dite "Pays de France", considérée comme une personne à part entière, qui a la tête remplie de choses à dire.
On voit ses préoccupations, ses attentes, ses angoisses, et aussi on voit ce qu'elle ne voit pas.
*
Pour la doc, et pour se faire une idée globale de l'esprit, voici un aperçu des termes récurrents.
Pour les tags (opérationnels pour isoler des propositions) :
système de santé (272) crise sanitaire (236) Bien commun (223) revenu universel (194) temps de travail (171) Services publics (170) intérêt général (154) recyclage (151) transition écologique (147) service public (145) transports en commun (143) réchauffement climatique (133) permaculture (109) qualité de vie (106) matières premières (83) obsolescence programmée (79) agriculture bio (76) empreinte carbone (73) Intelligence artificielle (68) revenu de base (67) impôt sur le revenu (64) énergies fossiles (64) justice sociale (63) évasion fiscale (63) décroissance (62) économie circulaire (61) capitalisme (59) argent public (59) paradis fiscaux (58) scolarité (54) biens communs (54) modèle économique (54) transition énergétique (53) autonomie alimentaire (52) démocratie participative (52) Convention citoyenne (52) culture biologique (52) tirage au sort (51) agriculture biologique (50) formation continue (48) espaces verts (47) protection sociale (45) nationalisation (40) transport en commun (39) circuit court (39) démocratie directe (37) espace public (37) médecines alternatives (35) fin de vie (35) vote blanc (35) partage des richesses (34) données personnelles (33) espaces naturels (31) Revalorisation des salaires (30) plan de relance (29) produits de première nécessité (29) rénovation énergétique (29) santé mentale (28) réduction du temps de travail (28) élevage intensif (28) répartition des richesses (27) gaspillage alimentaire (26) transports publics (26) consommation d'énergie (26) allocations familiales (25) agriculture locale (24) monnaies locales (24) monnaie locale (23) jugement majoritaire (22) jardins partagés (22) Référendum d'Initiative Citoyenne (22) revaloriser les salaires (22) automatisation (22) crises sanitaires (22) société de consommation (21) énergie renouvelable (20) besoins vitaux (20) responsables politiques (20) justice fiscale (19) denrées alimentaires (19) loi du marché (18) eco-responsable (18) Droit de vote (18) Changer de paradigme (16) Accord de Paris (14) violences conjugales (14) votes blancs (14) agriculture urbaine (13) Revenu maximum (12) TVA réduite (12) système capitaliste (12) Plan Marshall (12) langue française (12) logiciels libres (12) élections présidentielles (12) objectifs de développement durable (11) repartition du travail (11) 6ème république (11) taxe sur les transactions financières (11) conséquences environnementales (10) système monétaire (9) semences paysannes (9) revenu maximal (9) assemblées citoyennes (9) Trading Haute Fréquence (9) système social (9) commerce équitable (9) reconditionnement (8) forêts primaire (8) transition environnementale (8) autosuffisance alimentaire (8) fiscalité incitative (8) congé parental (8) fermes urbaines (7) Green New Deal (7) lanceurs d'alerte (7) logiciel libre (6) Scoop (6) réserve citoyenne (6) désarmement (6) revalorisation salariale (6) revenu d'existence (6) transition alimentaire (5) démocratie réelle (5) Revenu inconditionnel (5) monnaie libre (4) accès au logement (4) Droit à mourir (4) 49-3 (4) jardin partagé (3) monnaie complémentaire (3) monnaies complémentaire (3) monnaies libres (2) fiscalité du patrimoine (2) droit d'asile (2) flat-tax (2)
Pour les vocables (qui servent à avoir une idée globale de la teneur lexicale)
travail (2110) santé (1958) système (1483) Europe (1119) économie (1046) culture (955) éducation (863) nature (811) énergie (678) argent (615) pollution (507) jeunes (502) démocratie (482) solidarité (476) gouvernement (476) égalité (464) agriculture (461) science (420) voiture (381) famille (381) retraite (343) logement (336) enseignement (334) biodiversité (321) écologie (297) inégalité (281) démocratique (281) liberté (271) inégalités (260) télétravail (259) consultation (256) prévention (248) déchets (246) rémunération (240) technologie (235) dette (233) sobriété (212) constitution (209) TVA (207) jardin (206) publicité (202) animaux (198) gratuité (195) coronavirus (187) référendum (174) CO2 (168) fiscalité (166) bien-être (164) Covid-19 (156) plastique (156) nourriture (152) transparence (150) gaspillage (150) RSA (147) lobby (146) viande (134) taxation (134) environnementales (133) patrimoine (126) mobilité (125) gouvernance (125) informatique (117) résilience (114) nucléaire (109) surconsommation (108) effet de serre (106) relocalisation (98) EHPAD (96) indépendants (92) consigne (86) résilient (86) jardins (85) paradigme (82) armée (80) publicitaire (77) potager (74) épanouissement (64) GAFA (63) décroissance (62) citoyenneté (60) systémique (56) nationaliser (54) capitaliste (54) télévision (51) pandémies (50) bourses (47) épidémies (45) homéopathie (45) SDF (42) hydrogène (40) représentativité (39) agroecologie (35) robotisation (34) végétarien (34) scop (29) transversal (28) APL (27) dictature (27) semences (26) verger (25) holistique (23) bitcoin (19) oligarchie (19) socialisation (18) autosuffisance (17) cannabis (17) humaniser (15) décarboner (14) néolibéralisme (13) robotique (13) sans-abris (13) ruralité (13) végan (12) communisme (11) penibilités (9) court-terme (9) impression 3D (8) sans abris (8) autogestion (8) Sanctuarisation (7)
*
Les préoccupations tournaient autour de la santé, car évidemment en période de crise sanitaire, l'attention était centrée de manière disproportionnée (par rapport à la normale mais pas par rapport à ce qui est correct) vers la gratuité des soins, le système de santé, la rémunération des personnels soignants, etc.
Les sujets récurrents sont beaucoup liés à l'écologie, l'éducation, la redistribution des richesses, et une très forte présence de la volonté d'un revenu social pour tous, suffisant pour un niveau de vie salubre. Le terme de revenu universel est présent dans 194 propositions (2.43% du total, ce qui est conséquent et remarquable). Il n'y a pas vraiment d'analyse de fond, ou parfois des bribes dans les commentaires, mais en gros c'est ce que veut le peuple.
On trouve quelques propositions aussi pour un revenu maximal, ce que je trouve joli et sympathique, car il n'y aurait plus aucune corruption si les revenus étaient plafonnés, voire planifiés. Ce qui est intéressant en l'occurrence est de voir comment des propositions simples comme celles-ci peuvent en résoudre bon nombre d'autres, qui dénonçaient justement la corruption des lobbys. Ce n'est qu'un exemple mais il est intéressant d'étudier les interactions possibles entre les propositions. C'est justement ce qu'il faut rechercher, la proposition qui résoudra le plus de problèmes dénoncés, et dont la solution doit aller se chercher au niveau systémique, et non en mettant un simple pansement.
Dans le champ de la surconsommation, il y a beaucoup d'intérêt pour l'écologie, l'usage du plastique, la relocalisation, et la souveraineté alimentaire dont l'intérêt est devenu évident en cette période de crise, prélude à d'autres qui seront encore plus graves. C'est pour cela aussi qu'il y a pas mal de propositions autour de la végétalisation, des jardins partagés, et de la permaculture. Évidemment cela se recoupe ensuite avec l'alimentation et les cantines scolaires, ainsi que la consommation aberrante de viande, sans laquelle il n'y aurait aucune famine sur Terre (pour le dire clairement).
On voit des propositions "pour une sobriété cohérente et responsable", avec un seul putain de vote, alors qu'elles sont littéralement une réponse globale à plusieurs blocs d'autres propositions. Le terme de la sobriété était central au lancement de la consultation : "Il nous faudra réapprendre la sobriété". Après, ce qu'on entend par là peut varier, certains parlent de décroissance (62 articles), mais c'est inutile de la vouloir, elle viendra toute seule (en fait le terme employé sert à dire "meilleure croissance"). Non, la sobriété est le fait de sous-consommer, et finalement c'est ce qui s'est produit en limitant la consommation à ce qui est strictement essentiel durant ces deux mois historiques de confinement. Et sans le superflu, l'économie est en berne, mais la nature revit. Là encore, la question de fond est surtout, malgré que cela ne soit pas dit textuellement, celle de "mieux consommer qualitativement".
Il y a 79 propositions sur l'obsolescence programmée, et dans ce cas la question du Comment reste très ample : interdire, taxer, réparer... Normalement c'est la main invisible qui est sensée s'en charger ! Certains commentaires flirtent sans le savoir avec des considérations qui sont celles de longue date des producteurs de biens manufacturés : "Il serait grand temps aussi d'unifier la fabrication de nos appareils électroniques pour éviter la multiplication hallucinante des accessoires", car en fait la standardisation des process, l'interopérabilité, le fait que les marques travaillent ensemble dans un esprit de coopération dans le but de produire une économie d'échelle dont ils n'ont rien à gagner à titre personnel, relève carrément du système social, et non pas des entités existantes qu'il suffirait de contraindre. Il existe heureusement des normes ISO pour cela, mais c'est encore insuffisant. Ce qu'il faut c'est faire naître ce besoin d'interopérabilité des composants des fabricants. Et mieux, faire que la valeur des biens soit couplée avec leur usage, afin d'aller vers un paradigme de la qualité (mais ça c'est un autre bouquin).
On trouve la proposition "Inscrire le R.I.C. en toute matière dans la Constitution Française" (point final), très soutenue, sans vraiment s'apercevoir qu'un RIC, comment ça fonctionne, si ce n'est exactement comme lors de cette consultation, où on fait remonter des idées jusqu'à la couche politique. C'est un processus difficile, mais les initiatives citoyennes, elles sont ici. Ensuite, comment ça s'organise pour que les rivières forment des fleuves, est toute la question. Et une fois arrivé au stade de référendum, que se passe-t-il s'il échoue ? Combien de temps pour qu'une seule idée se concrétise, alors qu'il en faudrait mille par jour ? Certainement le RIC est une première réponse à cette question, qu'au moins on ait un processus constituant, et des méthodes de travail.
*
Au chapitre de l'économie, il est à craindre que l'état de sidération engendré par le fait que les banques qui produisent l'argent demandent aux usuriers d'en ramener plus qu'ils n'en ont emprunté, ne provoque une pénurie d'idées (en plus du reste). Il y a une proposition non votée (isolée, perdue) qui contient des dizaines de propositions dans retour à la ligne qui sont toutes de nature politiciennes, par un utilisateur qui a fait une quinzaine d'autres propositions du même acabit, comme un copié-collé venant d'on ne sait où.
Ce terme regroupe du coup les fatidiques et anti-imaginatifs "plans de relance" et dispositifs légaux envisageables, dont on voit que les porteurs sont des professionnels, avec des considérations qui sont largement plus systémiques, mais cette fois confiées à des amateurs.
Et dans chacun des deux cas, les propositions ne peuvent être qu'un amas de propositions multiples, servant un résultat désiré tel qu'énoncé dans le titre.
J'ai noté un "fondation pour l'humanité" (il va se reconnaître), qui est comme moi, un doux rêveur qui aime les maths et la logique, et qui engage (comme je me suis refusé de le faire) tous ses jetons dans la partie, au risque de n'être entendu par personne. C'est encore un cas où la proposition n'en pas tant une qu'un exposé vers une méthode préexistante. Comment concilier ces porteurs de projets avec un projet porteur d'idée variées ? Zatiszecouestionne.
La grande question est posée par cette proposition, qui n'en est pas une mais seulement une déclamation de posture à prendre : "Sortir du paradigme de la croissance économique infinie". Ah là on est d'accord. J'ai même déjà expliquer comment passer du paradigme de la quantité à celui de la qualité (ce qu'il n'a pas encore vu). Mais je veux le citer en entier :
La croissance du Produit intérieur brut (PIB) constitue encore aujourd'hui le critère essentiel permettant de juger de la bonne santé d'une économie. Cette vision purement quantitative de l'économie est aujourd'hui absurde et chaque crise que nous connaissons en dévoile un peu plus les limites.
Il est urgent de sortir de cette logique comptable qui condamne notre société. Les humains comme l'environnement sont utilisées comme des ressources qu'il convient d'exploiter afin d'en tirer le plus de profit possible. Mais ce profit profite à qui ? Cette logique consume sans mesure les ressources de notre planète et crée des millions et des millions de vies dénuées de sens.
Il faut sortir de ce paradigme. Une économie saine est une économie qui subvient aux besoins de l'ensemble de sa population, pas une économie qui croît indéfiniment. Par conséquent le principal critère du bon fonctionnement d'une économie devrait être le niveau de bien-être et de satisfaction (matérielle comme immatérielle) de la population dans son ensemble.
Il y a encore du chemin pour sortir de concept actuel de l'économie, basé sur l'argent, pour atteindre celui de l'économie au sens où ce qui est recherché est l'efficacité et l'intelligence, et non pas la richesse et l'avarice.
On en trouve d'autres du genre "changement de paradigme économique", ni lues ni commentées. Dans ce cas il est temps de se demander comment orchestrer, au niveau logiciel, la visibilité des propositions. Comment pousser les gens à lire les propositions existantes avant de se lancer tout seul dans l'eau ? Et comment les faire travailler ensemble ?
Puis on glisse vers la vraie question dont dépend l'économie, la démocratie directe, et les systèmes de gouvernance. Et ces systèmes de gouvernances sont aussi proposés pour les entreprises, sous le terme de l'autogestion. C'est vraiment un thème "politique" à part entière, dont il est difficile de n'extraire qu'une proposition, soumise à un vote. C'est en quoi cette consultation relève autant du débat d'idée, et de leur publicité.
L'intérêt de ces micro-articles ne réside plus dans la quantité de soutiens qu'ils ont obtenus, mais dans le fait qu'ils prennent la forme d'un exposé de type "problème-solution". Les problèmes soulevés sont réels, peu importe ensuite si la solution proposée est insuffisante.
Partage des richesses, nouvelle définition de la croissance, adosser l'économie, ou des monnaies complémentaires à l'écologie, ou au bien commun, économie solidaire et circuits-courts, résilience, Green New Deal, et parfois des idées originales et intéressantes méritent d'être lues. Et dans la même rubrique du résultat de la recherche sur le terme "économie" classée par quantité de résultats, on trouve aussi de mauvaises propositions, ridicules, anachroniques, ou même carrément pro-capitalistes (pour cumuler tous les défauts).
Le fait est que, une fois arrivés à ce stade, nous n'avons que des bribes d'analyses amateures, là où sur internet les analystes dévoués corps et âmes à ces questions se renvoient la réplique tous les jours de l'année. Dans ce cas de figure, la consultation a de démocratique le fait qu'elle ne consiste qu'à réclamer des solutions, et non pas à en proposer.
*
Si seulement les gens avaient plus de recul sur la situation. La perspective que donne le fait d'avoir une vue globale sur les propositions est l'enseignement le plus enrichissant de cette expérience.
C'est une expérience parce que ça reste une première, une percée en terme de démocratie, car ce sont les premières fois de l'histoire de l'humanité que le cahier de doléances est fait en ligne de sorte que chacun puisse avoir une vision sur ce que les autres ont proposé. De cette manière, les fois d'après, les gens vont peut-être pouvoir se concerter, ou du moins tenter de proposer de façon plus altruiste des choses qui seront sensées résoudre un grand nombre de besoins exprimés de différentes manières. Il y a aussi que les "résolutions" devront aller plus loin que nos simples frontières hexagonales, et qu'elles devraient être faites pour sembler intéressante à "tout le monde".
Car s'il est sûr que les propositions sont quelquefois assez foireuses (et d'autres fois carrément symptomatiques d'une véritable ignorance crasse, perpétrée par des décennies de lubies phobiques en tous genres) il n'en reste pas moins qu'elles signalent de vrais besoins. Au pire c'est un besoin d'information, et dans ce cas les commentaires sont là pour rétablir "la vérité" ; et au moins les gens s'expriment et discutent. Certains s'essaient à résoudre un problème global depuis la perspective de leur formation professionnelle, qui est toute particulière. Mais sinon pour la plupart des cas sont ceux de véritables besoins qui relèvent de métiers spécialisés qui sont généralement oubliés de la méthode classique qui consiste à adopter les mêmes remèdes pour toutes les maladies.
Il faut comprendre par "méthode classique" consiste à produire des mesures, des lois, des fonctionnements qui sont grosso-modo fonctionnels pour une majorité statistiques. C'est ainsi qu'on en arrive à la vertueuse question, très souvent portée par de nombreux secteurs, de l'inanité de la recherche de rentabilité alors qu'il s'agit de secteurs vitaux. Il faut dire que 50% des secteurs n'ont pas vocation à être rentables, tout comme 50% des vivants n'ont pas vocation à travailler de manière active. C'est surtout de ceci dont "le système" doit tenir compte.
En dénonçant cela, ces personnes contrarient la doxa néolibérale qui prétend qu'elle peut tout résoudre grâce à la joyeuse mécanique de l'offre et la demande. Et même malgré ce constat, nombreux sont les secteurs qui en sont encore à demander "plus d'argent", comme si cela allait résoudre leur problème (sans se dire que "plus d'argent fait monter les prix, mais aucunement varier la qualité des biens, qui ne cesse jamais de baisser).
La société est prise dans une maladie dégénérative, dont la seule médication connue, plus d'argent, est la cause de sa dégénérescence. Heureusement il y a toute une autre frange qui s'est manifestée, dont la conscience a été aiguisée au principe qui a le plus véritablement, et dans l'effet constaté et constatable, changé le monde ces derniers mois, à l'occasion d'une crise d'hystérie globale à cause d'un poly-virus génétiquement modifié, dont il y aurait beaucoup à dire et d'enseignements à tirer, et parmi lesquels on a noté l'intérêt manifeste pour le phénomène de "sobriété". Il inclue aussi quelque fois le sous-domaine du "prendre le temps". Il devient à lui seul l'opposition la plus crédible au capitalisme, puisque, par mégarde, cette disposition a pu être testée en grandeur nature, et du coup beaucoup de monde s'est rendu compte de son intérêt. Il existe d'autres dispositions, mais elles n'ont pas été testées.
Il y a que la pensée critique, l'imagination, la capacité à faire des théories, et même le phénomène de liberté sont fondés sur le principe d'altérité de la réalité. La question est "Que seraient les choses si elles étaient différentes" ? Le problème avec l'inertie historique de cette civilisation déclinante engagée sur le rail de l'autodestruction, est qu'il ne semble pas y avoir d'alternative, tant tout dépend de tout. Ce "système", au sens du truc qui force les choses à être comme elles sont, n'est pas vraiment la meilleure acception du mot "système", car il n'est ni volontaire, ni ne poursuit aucun but objectif ou rationnel.
Et pendant que la civilisation glisse vers le néant, il est de plus en plus difficile de "s'imaginer" une altérité. Il faut dire que les gens ont énormément de mal à s'imaginer "autre chose", comment les choses pourraient être différentes, comment le monde pourrait basculer subitement, que cela soit en pire, ou en meilleur. Peu à peu l'obscurité mentale s'abaisse sur les consciences qui s'endorment pour plonger dans une nuit de l'esprit, comme fatigués, harassés, et presque sans plus vraiment d'espoir de s'en sortir au fond. Le sommeil guette l'humanité, et il n'y a pas pire situation possible et imaginable. On est vraiment dans un cas de figure difficilement imaginable (où les gens n'ont plus d'idée pour s'en sortir, qui plus est). Il n'y a rien de plus mauvais que de perdre la volonté de vivre, d'apprendre, de savoir, de comprendre, et d'agir. Il n'y a pas non plus de meilleur ferment pour la dictature mondiale telle que planifiée, et qui montre le bout de son nez aujourd'hui. Le piège se referme sur l'humanité. C'est cela, là situation actuelle.
Et, alors que même les honnêtes gens ne s'imaginaient pas que les choses allaient ou pourraient changer, soudain le monde a complètement basculé dans un univers alternatif, où plus personne ne travaille, les rues sont vides, il fait beau tous les jours, on est emprisonnés dans nos maisons, le silence règne, et le printemps ramène la nature à la vie où les animaux ont l'air vraiment plus heureux sans nous. L'air est plus pur, l'eau est moins polluée, la déforestation est ralentie, quel bonheur ! Le monde se porte tellement mieux sans nous !
Et cette sobriété que nous avons expérimentée, bien qu'elle n'était avant cela que la théorie d'une poignée de gens d'une sous-discipline de l'écologie, a eu l'occasion de faire ses preuves. Et dans le même temps, de prouver que les choses pouvaient changer radicalement, si on le voulait.
C'est un grand pas en avant, que l'humanité a franchi sans le faire exprès. On aurait pu passer des siècles à tenter de les convaincre sans succès, mais là, on a gagné ce temps, et il y a eu ce miracle !
Maintenant, il reste encore quelque dizaines d'autres choses du même genre qu'il faudrait "tester" en grandeur nature, pour voir et sous-peser les effets attendus. C'est dans cet esprit, je pense que la consultation publique a été lancée, en gros pour dire "quelle sont les autres idées qui vous semblent judicieuses à désirer... maintenant qu'on voit que tout est possible ?".
*
Parmi les autres idées, vient aussitôt l'éducation, car le principal problème des adultes actuels est qu'ils ont été mal éduqués, et que si on veut avancer, il faut tout reprendre à zéro. Bien que d'une fatale létalité mentale, ce constat est bien réel. Qu'est-ce qui explique sinon des gens comme le président actuel, et toute la clique politique, à ce point éloignés de tout sens des réalités ? Et comment se fait-il que de tels incapables se retrouvent si haut dans l'échelle sociale, si ce n'est par un effet de marrée truqué (si on peut l'appeler comme ça) ? C'est toute la structure mentale, et sociétale qui est à revoir. C'est la nature des relations humaines, la capacité à conjuguer intelligence et psychoaffectivité, qui est au centre de tous nos maux. Quand on entend des chefs de multinationale se régaler à l'idée de privatiser l'eau, en trouvant cela normal, en justifiant leur acte comme "un bien pour tous", "tout le monde en sort gagnant", etc, alors que c'est tout l'inverse qui se passe, il faut bien voir qu'ils sont juste complètement fous.
La question de la psychologie, qu'on veut "équilibrée", est centrale dans le destin du monde. Ce n'est pas un système social, aussi vertueux et magnifiquement pensé soit-il, qui peut suffire à s'occuper de tout à lui tout seul. Si seulement on en était à ce stade, il n'y aurait plus que la question psychologique à revoir, et le tour serait joué ; l'humanité serait sauvée à coup sûr.
Mais les deux s'imbriquent, le système social et la psychologie humaine se soutiennent l'un l'autre dans leur délire psychopathologique, et pour faire changer les choses, il faut s'y prendre simultanément par les deux bouts.
Il est évident, quand on voit cela, que cela ne va pas se faire en un jour. Qu'il faudra, allez, disons-le, plusieurs générations d'efforts constants et d'abnégation complète pour ne serait-ce qu'avoir une chance de faire que l'humanité continue de vivre ensuite sur cette planète. À l'heure actuelle, le compte à rebours de l'apocalypse biotopique est lancé, et il tourne vite. Il ne reste que cent cinquante ans à l'humanité pour faire un virage à 180° et devenir complètement autosuffisante, fondée sur le respect et l'amour de la nature dont ils sont eux-mêmes faits, résoudre toutes les famines, pollutions et maladies, arrêter toute guerre préhistorique, et unifier les peuples autodéterminés autour d'une foi commune en un avenir méthodique et bénéfique :)
Sinon, comme je l'ai dit avec le terme d'effondrement biotopique, il n'y aura plus une trace de vie sur cette planète d'ici cette date. Ce n'est même pas une question de "réchauffement climatique", mais vraiment "d'effondrement biotopique", avec des lésions irréparables dans les chaînes alimentaires.
*
La question dès lors est : quelle conscience les gens ont-ils vraiment de ceci, qui est absolument vrai, vérifiable, inéluctable, et on peut le tourner dans tous les sens, on n'y réchappera pas.
C'est à cette réponse que la consultation sert, et elle nous dit que les gens, pris isolément, ont tous des idées plus ou moins grandes, plus ou moins fiables, plus ou moins efficaces et réalisables, mais que très peu sont concertés et concernés par les soucis des autres. Je me dis, au moins à l'époque des cahiers de doléance, les gens, sachant qu'internet n'existait pas, pouvaient se réunir pour en parler entre eux. Aujourd'hui il nous faut une véritable salle de réunion et de travail qui soit non présentielle. J'ai toujours regretté que dans les villes, l'urbanisme ne prévoie rien pour que les gens puissent se réunir, être ensemble, et faire des spectacles public spontanés, mais maintenant je me pose la question de la même chose sur internet, ce qui serait plus facile à faire techniquement, mais quand même assez difficile à faire vivre politiquement, je veux dire, sans la présence des trolls que sont les inévitables 10% de psychopathes-criminels qu'on trouve dans tout groupe social. Ceux-là n'ont de seule joie que de rendre impossible toute entente et toute union amicale.
La solution, toute solution, vient du dialogue. Au-delà de la consultation il faut une continuité vers les autres et futures consultations, qui ne doivent plus se servir de cas particuliers pour essayer d'en extraire des règles générales, comme sous le coup d'une impulsion, mais s'enchaîner les unes aux autres, de façon chronique, sur des thèmes récurrents, avec des ateliers permettant aux forces de proposition de s'unir et de travailler ensemble.
Et surtout, c'est puéril (bon, on va dire primitif, ce n'est pas une insulte) que ceci ait la forme d'une boîte à idées, où on demande au parton de faire un truc pour nous, un truc parmi dix mille autres besoins vitaux urgents. Et encore, si on y arrive ce serait déjà pas mal. Mais ce qu'il faut c'est que ces consultations d'initiative citoyenne (CIC) soient directement le lieu de l'exercice du débat d'idée menant à la réalisation de projet, dans le cadre d'une auto-gouvernance. Car si une idée montre sa valeur, pourquoi attendre pour la mettre en œuvre ?
Une méthodologie doit être mise en place pour faire que les idées soient débattues sur un plan rationnel, avec des objections, des façon de s'emboiter avec d'autres idées, et graduellement, peut-être, vers l'avènement de techniques sociétales, préludes à un vrai système social global pensé pour produire une économie d'échelle, grâce à laquelle tout le monde serait gagnant. C'est possible, et pour cela l'énergie doit se structurer, se confronter aux faits, et réussir à adopter une posture scientifique et dépassionnée, résolument tournée vers le bien commun.
Comme ça, quand quelqu'un proposera de "créer une monnaie locale", au lieu de parler dans le vent, il s'adressera d'office à une congrégation de personnes qui l'écoutent et se demandent déjà comment ils pourraient faire cela, ce qu'on doit en attendre, et comment cela se combine avec les autres projets en cours.
C'est un vrai travail. C'est à cela qu'il faut passer son temps.
Une fois le revenu universel obtenu :)