
par Yván Gil
Le 22 décembre 2025, l'Assemblée nationale du Venezuela adopte une loi criminalisant les actes de piraterie dans les eaux internationales.
J'ai l'honneur de m'adresser à vous, au nom du peuple et du gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela et en mon nom propre, pour dénoncer officiellement un acte grave impliquant l'emploi de la force, l'enlèvement et la piraterie, commandité et commis par les États-Unis d'Amérique, le 10 décembre 2025, dans les eaux internationales des Caraïbes, contre une embarcation privée qui, dans le cadre d'activités commerciales internationales licites, transportait du pétrole vénézuélien, et dont les membres d'équipage ont été enlevés et sont, à ce jour, portés disparus.
Ce 10 décembre 2025, des unités militaires des États-Unis d'Amérique sont montées de force à bord d'un navire privé en haute mer, ont capturé et enlevé les membres de l'équipage et se sont illégalement emparées d'une cargaison de pétrole vénézuélien, qui faisait l'objet d'une opération commerciale régulière, légitime et pleinement conforme au droit international.
Il s'agit là d'un acte de piraterie d'État, exécuté par l'emploi de la force militaire, et d'un vol éhonté de biens qui n'appartiennent pas aux États-Unis d'Amérique, mais qui sont l'objet d'activités commerciales internationales licitement conduites par un État Membre de l'Organisation des Nations unies.
Cet acte n'est pas un cas isolé : il s'inscrit dans le cadre d'une politique de coercition et d'agression au long cours visant la République bolivarienne du Venezuela, qui se caractérise par l'imposition prolongée de mesures coercitives unilatérales, illégales et illégitimes, lesquelles, aujourd'hui, donnent lieu à une pratique plus grave encore : la piraterie maritime, pratiquée directement par un État comme instrument de confiscation par la force en haute mer. Une telle pratique, quel qu'en soit l'auteur, est expressément prohibée par le droit international.
La Convention des Nations unies sur le droit de la mer, à l'article 101, définit la piraterie au sens de tout acte illicite de violence ou de détention ou toute déprédation commis en haute mer contre un navire, ou contre des personnes ou des biens à son bord, par une partie agissant à des fins privées. En l'occurrence, le fait que ce soit la force militaire d'un État qui se livre à ces mêmes actes qualifiés de piraterie est une circonstance aggravante de cet acte d'hostilité et ne peut que générer une situation alarmante qui ébranle jusqu'aux fondements du système multilatéral.
Le régime juridique de la haute mer protège la liberté de navigation et le commerce international licite - principes qui, en l'espèce, ont été violés de manière flagrante. De même, la Charte des Nations unies, au paragraphe 4 de l'Article 2, interdit catégoriquement l'emploi de la force dans les relations internationales. Il appartient exclusivement au Conseil de sécurité, conformément aux Articles 39 et 42 de la Charte, de constater l'existence de menaces contre la paix et, le cas échéant, d'autoriser la prise de mesures coercitives. Or, dans le cas que nous dénonçons, il n'existe aucune autorisation du Conseil de sécurité qui justifierait l'arraisonnement violent, l'enlèvement des membres de l'équipage ou le vol de la cargaison d'un navire privé dans les eaux internationales.
Le Conseil de sécurité lui-même a condamné à maintes reprises les actes de piraterie et les vols à main armée commis contre des navires, et a agi avec fermeté pour contrer ces pratiques lorsqu'elles menaçaient la sécurité de la navigation et du commerce international. Cet organe a clairement défini la piraterie comme une menace contre la paix et la sécurité internationales, allant jusqu'à élaborer une doctrine spéciale en la matière et créant, ainsi, un cadre juridique exceptionnel, comme en témoignent ses résolutions 1816 (2008), 1838 (2008), 1846 (2008), 1851 (2008), 2015 (2011), 2184 (2014) et 2634 (2022).
En outre, l'Organisation maritime internationale, dans la Convention portant création de cette instance et dans les résolutions de son Assemblée, condamne la piraterie et les vols à main armée commis contre des navires et encourage la coopération internationale de manière à prévenir, réprimer et punir de tels actes, qui constituent une menace directe pour la sécurité maritime et le commerce international.
La cohérence du système multilatéral exige que les mêmes principes et condamnations appliqués par le Conseil de sécurité à la piraterie dans d'autres régions du monde s'appliquent, aujourd'hui, à la piraterie que pratique un État faisant directement usage de sa force militaire. Tolérer ou normaliser de tels agissements reviendrait à légitimer le chaos dans la navigation maritime internationale, ce qui est absolument incompatible avec la Charte des Nations unies, le droit de la mer et le mandat fondamental du Conseil.
Au vu de ce qui précède, le Gouvernement vénézuélien exige du Gouvernement des États-Unis d'Amérique :
- Qu'il procède à la libération immédiate et inconditionnelle des membres de l'équipage enlevés.
- Qu'il restitue immédiatement le pétrole vénézuélien saisi illégalement en haute mer.
- Qu'il cesse immédiatement tout recours à la force ou toute immixtion dans les activités de commercialisation légale du pétrole vénézuélien.
En outre, le Venezuela demande respectueusement au Conseil de sécurité :
• Qu'il condamne publiquement cet acte de piraterie commandité par un État, l'emploi illégitime de la force militaire contre un navire privé et le vol d'une cargaison faisant l'objet d'activités commerciales internationales licites.
• Qu'il agisse conformément à ses responsabilités principales afin de préserver la sécurité de la navigation et du commerce international, gravement menacée par ce précédent.
• Qu'il empêche que des pratiques relevant de la piraterie ne se consolident en un instrument de coercition économique et politique entre les États.
La République bolivarienne du Venezuela demande respectueusement au Conseil de sécurité de réaffirmer, par écrit, qu'il n'a adopté aucune décision, résolution ou mesure qui autoriserait à entreprendre une action contre le Venezuela ou contre les activités de commercialisation internationales de son pétrole.
Le Venezuela continuera d'exercer le droit souverain et inaliénable qui est le sien de commercialiser ses ressources en toute légitimité et d'exiger qu'aucune opération légalement entreprise ne fasse l'objet de vol, de détournement ou d'actes de piraterie, quelle qu'en soit l'origine.
Le gouvernement bolivarien du Venezuela demande respectueusement que le texte de la présente communication soit distribué comme document du Conseil de sécurité et porté à l'attention de tous les États Membres.
source : Réseau Voltaire