The Guardian
Témoins des atrocités commises par les forces de répression, les médecins et infirmiers sont à présent pris pour cible.
Des médecins manifestent à l'extérieur d'un hôpital à Bahreïn après que la police ont pris d'assaut un camp de protestataires anti-gouvernementaux dans la capitale en février dernier - Photo : Getty
[Avec l'aide des Saoudiens] les autorités de Bahreïn mènent une campagne systématique d'agressions et d'arrestations contre les médecins et infirmiers qui ont soigné des manifestants blessés au cours des mois de protestations dans le royaume [Golfe persique], selon un groupe américain de défense des médecins.
L'association Physicians for Human Rights fait savoir que des médecins et les infirmièr[e]s ont été pris pour cible parce qu'ils disposaient « de preuves des atrocités commises par les autorités, les forces de sécurité et la police anti-émeute » dans la répression contre les dissidents chiites dans cette nation insulaire dominée par la minorité sunnite et qui a été placée sous la loi martiale.
Le rapport du groupe est le deuxième à accuser les autorités de Bahreïn d'abus contre le milieu médical. Plus tôt ce mois-ci, l'organisation humanitaire internationale Médecins sans frontières avait qualifié les hôpitaux de Bahreïn « de lieux à risque » et affirmé que des policiers arrêtaient dans les hôpitaux les manifestants qui y étaient soignés.
Les militaires ont envahi le principal centre médical de Salmaniya à Manama le mois dernier, et des médecins et des patients ont raconté que les soldats et la police avaient procédé à des interrogatoires et à des arrestations à l'intérieur même du complexe.
L'association Physicians for Human Rights a communiqué qu'au moins 32 travailleurs de la santé avaient été détenus depuis que le Bahreïn a décrété la loi martiale le mois dernier - pour réprimer les manifestations anti-gouvernementale de la majorité chiite qui exige une plus grande liberté ainsi que l'égalité des droits.
Le rapport détaille les attaques contre les médecins, le personnel médical et les patients « avec des armes, des coups et des gaz lacrymogènes ».
« Ces attaques violent le principe de la neutralité médicale et constituent des violations graves du droit international », dit l'association, ajoutant que « des armes à forte propulsion et des fusils de chasse » ont été utilisés, ainsi que des balles en [acier entouré de] caoutchouc et des gaz lacrymogènes, contre des civils non armés.
Environ 1500 soldats venus d'Arabie saoudite et des autres Etats du Golfe sont à Bahreïn pour épauler la dictature au pouvoir. Les dirigeants sunnites à travers le Golfe craignent que les chiites de Bahreïn ne puissent ouvrir la voie à une plus grande influence de l'Iran chiite dans cette nation stratégique qui héberge la 5e flotte américaine [navires de guerre].
Au moins 30 personnes ont été assassinées et des centaines de manifestants - dirigeants de l'opposition, des militants chiites et divers professionnels comme des médecins et des avocats - ont été arrêtés depuis que les manifestations anti-gouvernementales ont commencé le 14 février dernier.
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