Le correspondant du quotidien libanais alAkhbar, Hussein alDurazi, a assisté aux séances de procès de ladite « cellule terroriste bahreïnie », selon les autorités bahreïnies: il rapporte dans un article intitulé « les camps de détention bahreïnie: torture et viols », les témoignages des opposants bahreïnis..
« Lors de l'avant-dernière séance de procès des opposants arrêtés dans les manifestations pacifiques, le chef du courant alWafaa Abdel Wahab Hussein, se lève et dit au juge alors qu'il venait tout juste de sortir d'un interrogatoire sévère : « Je n'ai pas essayé de renverser le gouvernement, pour cela il faut un coup d'Etat militaire, mais j'ai appelé à la chute du régime et je le demande toujours au prix de tomber en martyr», écrit Hussein alDurazi.
Et de poursuivre : « Lors de son entrée dans la salle du tribunal, il était évident que l'homme souffrait en se déplaçant suite aux tortures qu'il a subi ».
Mais, fait marquant note le correspondant d'alAkhabar, « c'est que contrairement aux séances de procès qui ont eu lieu dans les années 90 avec un autre groupe d'opposants, la peur n'existe plus : les opposants de l'an 2011 sont animés d'une volonté à affronter les juges et à dénoncer les agissements criminelles des forces de sécurités bahreïnies ».
Mais encore, ajoute Husseini alDurazi, « durant la même séance du procès, le militant des droits de l'homme Abdul Hadi al-Khawaja, n'a pas été autorisé à comparaître devant le comité des juges ! La raison c'est qu'il avait la mâchoire fracturée, d'où il a dû subir une opération chirurgicale dans un hôpital militaire. Le gouvernement a nié ces allégations, mais le médecin qui l'a opéré, a confirmé l'information sur le site Twitter où d'ailleurs la nouvelle a été écrite sur un ton joyeux »!!
« Voire un des hommes de la sécurité a publié sur Twitter une photo de Khawaja et de ses camarades à l'intérieur de la salle d'audience, avec un commentaire ironique..., les marques de l'opération étaient visibles sur le visage de Khawaja » précise le journaliste d'alAkhbar.
Au cours de la dernière séance du procès, Khawaja a demandé au juge d'un ton fort : «est-ce que le roi accepte que je sois forcé de lui présenter des excuses enregistrées sur vidéo ? Et quand j'ai refusé, ils m'ont menacé de viol. Ils ont cogné ma tête sur le sol jusqu'à ce que je perde conscience. Ils ont également menacé de violer ma fille Marie. Le juge a essayé de le faire taire mais a échoué alors il a ordonné son expulsion de la salle ».
Puis, c'est au tour de l'avocat Adel alMatrouk d'intervenir et de demander au tribunal de faire examiner son client Mohammed Jawad par un médecin légiste suite à une plainte de sa part d'avoir subi des tortures. Le juge a refusé!
Jawad s'est alors adressé au juge : «Monsieur le juge j'ai été soumis à la torture», puis il a rabaissé son pantalon devant un public médusé par son audace, montrant les marques de coups et de torture répandues sur tout son corps. Le procureur général du ministère de l'Intérieur a rapidement riposté en affirmant que «le tribunal n'est pas un médecin légiste, et que l'accusé a été soumis à un examen de la part d'un médecin (du ministère de l'Intérieur) et que le rapport médical atteste l'absence de lésions externes ou internes».
Ce qui n'a guère intimidé Mohammad Jawad, qui a affirmé que «son bassin était sérieusement endommagé », qualifiant « les conditions de transfert des détenus d'inhumaines, décrivant comment leurs yeux étaient bandés ou comment leurs têtes étaient emprisonnés dans des sacs, à la manière de Guantanamo », et « que lorsque les hommes de sécurité sont venus les prendre la nuit, ils les ont réveillé en les rouant de coups, et que même transportés à l'intérieur de la voiture, ils étaient battus».
Le correspondant alDurazi rapporte ce que le militant des droits humains Nabil Rajab, a précisé sur Facebook concernant son oncle Mohammed Jawad : ce dernier a été arrêté pour ses activités dans le domaine des droits de l'homme. Il évoque comment Jawad a été soumis à la torture notamment via des charges d'électricité intenses, comment ils l'ont suspendu pour le rouer de coups, soulignant que sa condition est très difficile et que sa vie est en danger ».