01/11/2011 blog.emceebeulogue.fr  24min #59311

 Le rôle des Occidentaux dans la chute du régime Kadhafi

Kadhafi, les médias et les noirs desseins de la « communauté internationale »

Encore la Libye, vous allez me dire, il faut tourner la page, maintenant, c'est fini. Kadhafi est mort. La Libye est "libérée", non?

Il faut changer de sujet. Comme l'ont fait les médias. "Victoire" de la "rébellion", "triomphe" de Cameron et sarkozy, avec, en arrière plan, Obama, solennel, et la Clinton pouffant de rire et se réjouissant de façon indécente de la mort d'un homme dans des conditions, qui plus est, épouvantables: bombardé par l'Otan, raillé, bousculé, lynché, sodomisé, abattu par une bande de tortionnaires pour être ensuite exposé sale, en sang, torse nu et sans chaussures à la vue du public dans une boucherie.

Des conditions qui violent les Conventions de Genève, mais qui y fait attention de nos jours? Ceux qui ont fait établir toutes les lois internationales s'assoient dessus avec arrogance et délectation.

Eh bien, non, la Libye, ce n'est pas fini. Loin de là! Et ce n'est pas la population "protégée" qui dira le contraire. La ville de Syrte, par exemple, a été ravagée, pillée, et ses infrastructures dévastées. Ses habitants ont été contraints de fuir et ils ont tout perdu.

Des regrets de ceux qui avaient pour mission de les "protéger"? Aucun. Tous célèbrent bruyamment leur "victoire". Des assassins qui se glorifient de crimes horribles et dont les crimes sont encensés par les médias des marchands d'armes et autres multinationales, seuls à qui profitent les guerres et les crises.

Et de la couverture médiatique, justement, ils en parlent sur le site Médias Lens, un observatoire des médias britannique du style d' Acrimed en France. Et c'est pas joli, joli de mentir comme ça, messieurs et mesdames les journalistes mainstream. Vous êtes les complices des massacres commis par nos dirigeants.

Voici, donc, la traduction (partielle) de "Killing Gaddafi" publié par Media Lens, le 29 octobre 2011 par  Dissident Voice.

Le meurtre de Kadhafi

En réaction à la torture et à l'exécution sommaire d'un être humain sans défense, blessé et ensanglanté, la une d'un des journaux britanniques titrait: "*Mad Dog (Chien Enragé) a été piqué ».

Le titre d'un article du Sun annonçait: " Chien mort" (Octobre 24, 2011).

Le Daily Star écrivait que le fils de Kadhafi, Muatassim avait été filmé fumant une cigarette et buvant de l'eau peu de temps après avoir été capturé. Le journal racontait ensuite:

Mais sur des photos crues qui ont rendu perplexes les enquêteurs de l'ONU, on le voit mort, allongé à côté de Mad Dog, des trous de balles dans le cou et le ventre.

Dans son article, "Mad Dog" est le nom qu'emploie Gary Nicks pour parler du dirigeant exécuté Kadhafi.

Nicks poursuit:

Une nouvelle vidéo a été publiée hier des dernières paroles de "'Mad Dog' à une bande de voyous hurlant comme des chiens de meute.

Kadhafi et son fils n'ont pas été les seules victimes de cette meute. Human Rights Watch (HRW) indique qu'entre six et dix personnes ont, apparemment, été exécutées à l'endroit où le dirigeant libyen a été capturé.

Environ 95 corps ont été retrouvés aux abords immédiats, dont beaucoup avaient été victimes des frappes de l'OTAN. En fait, il est clair que l'OTAN, avec l'aide des  forces spéciales (alors que les troupes au sol étaient strictement interdites par la résolution 1973 de l'ONU), avait imposé une zone d'interdiction de circuler autour de Syrte: un facteur déterminant pour faciliter l'assassinat de Kadhafi.

CBS annonce que 572 corps ont d'ores et déjà été recensés à Syrte, parmi lesquels 300, dont de nombreux avaient les mains liées derrière le dos et avaient été abattus d'une balle dans la tête, avaient été ramassés et enterrés dans une fosse commune.

Massacre à l'hôtel Mahari

HRW raconte le  massacre de 53 personnes (fr) perpétré par des combattants anti-Kadhafi à l'hôtel Mahara à Syrte.

Peter Bouckaert, qui dirige la section des urgences à HRW, a déclaré sur ces atrocités:

"Ce dernier massacre semble faire partie d'une série de meurtres, d'actes de pillage et d'autres exactions commis par des combattants anti-Kadhafi qui s'estiment au-dessus des lois".

La BBC a couvert ce massacre aux infos de 10 heures du soir (le 24 octobre).

Wyre Davies expliquait:

"Certains disent que la ville natale de Kadhafi est l'endroit où les forces du gouvernement de transition ont pris leur revanche; une punition collective pour les propres crimes de Kadhafi. Une illustration criante et crue des incidents à Syrte aujourd'hui. Les corps de 53 partisans de Kadhafi ont été retrouvés, ils ont été abattus, les mains attachées dans le dos".

Cette information n'a duré que 20 secondes, le commentaire sur le massacre et la vidéo montrant les corps ayant duré 10 secondes. Comme un survivant de Syrte, a dit: " que diraient les gens en Europe et en Amérique si c'était Kadhafi qui faisait cela?".

La réponse ne fait aucun doute: battage médiatique et indignation maximum. Kadhafi était, certes, un tyran cruel responsable d'énormes violations des droits humains. Mais l'indifférence à la souffrance humaine était censée être la raison pour laquelle il était si révoltant, si différent de "nous".

Le présentateur de Channel 4, Matt Frei,  réagissait à ce massacre dans un style reconnaissable à ses années passées comme correspondant de la BBC à Washington:

"On pourrait même dire à propos de ce régime, de ce gouvernement (le CNT, NDT), qu'on ne leur laisse pas une deuxième chance de donner une bonne première impression. Et donc, sont-ils très inquiets?"

Quand c'est "notre" camp" qui est responsable, même un massacre devient, avant tout, un problème de relations publiques.

La réaction d'Ian Black, correspondant pour le MO du quotidien libéral le Guardian, aux tortures et au meurtre extrajudiciaire de Kadhafi a été un brutal : "bon débarras!".

Hillary Clinton, la Secrétaire d'état US a éclaté d'un rire bête devant les journalistes de CBS en plaisantant sur l'assassinat de Kadhafi: "nous sommes venus, nous avons vu, il est mort". Le  rire incongru semble être une habitude chez elle.

Le Premier Ministre britannique, David Cameron a également trouvé matière à plaisanter sur cet épisode sanglant dans son discours à l'occasion de la fête de la lumière hindoue ( Diwali).

De toute évidence, Diwali étant la fête où les bons triomphent des méchants, et comme nous fêtons également la mort d'un diable (rires dans le public), peut-être y a-t-il un écho à ce que je dis ce soir.

Un de nos correspondants réguliers, Chris Shaw, exprimait son "désespoir et son horreur de la vidéo d'un homme de 69 ans en train de se faire battre, torturer et assassiner par une bande de voyous". La réaction normale d'un être humain sensible, pourrait-on penser.

En revanche, Andrew Gilligan écrivait dans le "Telegraph":

La seule chose que Kadhafi ait conservée jusqu'à la fin, c'est son aptitude à se donner en spectacle... sa mort a été un spectacle tout comme des 42 ans de règne.

On suppose que la plupart des journalistes ne sont pas, en réalité, des brutes insensibles. Ce sont des conformistes qui ont peur du prix élevé qu'ils auraient à payer s'ils étaient seulement soupçonnés de prendre la défense d'un ennemi officiel. Un risque qui s'est nettement accru à notre époque de "convergence politique", dépourvue de toute opposition politique traditionnelle formelle.

La première victoire militaire de Cameron

Les médias audiovisuels, comme toujours, se sont précipités pour prendre fait et cause pour leurs dirigeants va-t-en-guerre. Et en effet, le 22 aout, le rédacteur en chef adjoint de la BBC pour les questions politiques, James Landale, avait décrit avec un mois d'avance la satisfaction de Downing Street, disant que "que c'était la preuve que tous les détracteurs de David Cameron, qui avaient dit qu'on ne pouvait pas y arriver - que les bombardements aériens ne marcheraient pas - avaient eu tort".

La semaine dernière, le supérieur de Landale, Nick Robinson, mettait à jour les infos pour les téléspectateurs, les assurant que Downing Street "considérera que cela se termine triomphalement". (News at Six, octobre 20, 2011).

Robinson ajoutait:

La Libye était la première guerre de David Cameron. Et le colonel Kadhafi son premier ennemi. Aujourd'hui, il goûte pour la première fois à la victoire militaire.

Nous vivons à une époque étrange où un journaliste haut placé de la BBC peut présenter le fait de mener des guerres interminables comme étant dans l'ordre des choses, comme si Cameron avait passé une sorte de rite initiatique destiné à un premier ministre.

(...)

Le correspondant politique en chef de la BBC, Norman Smith, commente:

J'imagine, qu'en privé, David Cameron doit sûrement penser que les faits lui ont donné raison, parce que l'entreprise libyenne représentait un énorme risque politique.

Comme toujours, un journaliste de la BBC ostensiblement neutre reprenait à son compte ce qu'il n'est que censé rapporter: Cameron "doit sûrement penser que les faits lui ont donné raison". Comment pouvait-il en être autrement?

A Washington, Ian Pannell, de la BBC, après avoir longuement réfléchi, a fini par rejoindre le troupeau:

Le président Obama doit penser que sa stratégie en matière de politique étrangère a été reconnue - que ses détracteurs avaient tort.

Un éditorial du Telegraph partageait cet avis :

"Sa mort donne raison aux réactions rapides de David Cameron et de Nicolas Sarkozy destinées à faire cesser les bombardements sur Benghazi et à soutenir la rébellion.

Un Tweet d'un certain Micah Zenko était plus clair pour nous:

L'exécution sommaire de Kadhafi est la conclusion logique du discours mensonger sur l'intervention en Libye. Pas d'embargo sur les armes, une zone d'interdiction aérienne sélective, des troupes au sol". Zenco aurait pu également évoquer l'ironie passée inaperçue contenue dans la résolution 1973 autorisant la mise en place de la mal nommée "zone d'interdiction aérienne", et qui précisait, entre autres, qu'elle "condamnait, la...torture et les exécutions sommaires.

Comme s'il lisait la fin d'un conte pour enfants, Simon Tisdall du Guardian écrivait:

Le printemps arabe avait fait tomber une nouvelle tête. L'intervention risquée de la coalition occidentale avait marché. Et la Libye était enfin libérée.

Andrew Grice, rédacteur en chef de l'Independent sur les questions politiques, applaudissait:

M. Cameron a pris des risques avec la Libye - mais ils ont été payants... M. Cameron a montré que les sceptiques avaient tort. (...)

Le Times de Murdoch soulignait que le "courage politique de Sarkozy et de Cameron" avait empêché une catastrophe au "début d'un nouveau génocide".

Dans le monde imaginaire sinistre de Murdoch, tout pays qui fait obstruction à la mainmise des entreprises occidentales est, par une heureuse coïncidence, soit en train de commettre, soit en train de projeter un "génocide".

Joseph Campbell, spécialiste de mythologie comparative évoquait une caractéristique frappante de la propagande actuelle:

Elle s'appuie en grande partie sur le dénigrement de quelqu'un quelque part et dont on déclare qu'il faut aller l'éliminer. L'émotion la plus courante que ressent un être humain, c'est la compassion et la fonction principale de cette propagande est d'étouffer cette compassion, de l'éliminer. Eh bien, c'est ce qu'on a tout le temps dans le journalisme actuel".

La compassion est une menace parce qu'elle est politiquement incorrecte, qu'elle résiste à la diabolisation programmée par ceux qui encouragent la haine. La compassion est un frémissement spontané du coeur qui émane d'une humanité commune, de souffrances communes, d'un "être" commun.

(...)

Quelqu'un doute-t-il qu'un Jésus ou un Bouda n'aurait pas seulement ressenti de compassion pour Kadhafi mais serait intervenu pour lui sauver la vie? Et qui aurait osé affirmer que ce geste aurait fait d'eux des "défenseurs" de la tyrannie?

Le philosophe A.C. Grayling est un des seuls à avoir apporté une note différente à ce concert:

En acceptant l'argument qu'il est normal d'abattre des criminels, tout comme on abat un chien enragé, nous affirmons que nous ne voulons pas payer le prix élevé de la vie imposé par les lois et les libertés civiles.

Nous défendons nos principes d'occidentaux sur l'Etat de droit et les droits des individus tant qu'ils ne deviennent pas un fardeau et un problème; et quand c'est le cas, nous abattons les gens sommairement d'une balle dans la tête.

Le terme de "problème" demande un développement. En réalité, s'ils veulent rester en vie, les dirigeants du Tiers Monde doivent donner la priorité aux intérêts privés occidentaux au détriment des besoins des populations locales. Cela reste en travers de la gorge des victimes, évidemment, et donc, les clients occidentaux ont, en général, dans leur placard des droits humains, de nombreux cadavres - dissimulés par les aides militaires, financières et diplomatiques des occidentaux.

Ces cadavres peuvent être ressortis en un instant, si le client s'écarte du droit chemin. Les médias complaisants sont toujours prêts à qualifier les crimes d'"hitlériens", de "génocidaires", d'"exceptionnels", et qui justifient à coup sûr toutes les violences que les gouvernements occidentaux estiment convenir à la protection de la civilisation: en réalité, la protection de leur mainmise sur le pays visé. Dans leur hâte à se réjouir de ce "premier goût de victoire militaire de Cameron", les médias britanniques ont ignoré ou minimisé une multitude de problèmes liés à la guerre, parmi lesquels:

- le fait que même des groupes de réflexion de l'"establishment" comme l'International Crisis Group ont souligné que c'était l'OTAN et les "rebelles" du Conseil National de Transition libyen (CNT), et non pas le régime de Kadhafi, qui avaient rejeté catégoriquement toutes les initiatives de paix:

La résolution 1973 appelait avec fermeté à un cessez-le-feu, mais toute proposition de cessez-le feu avancée par le régime de Kadhafi ou par des tierces parties ont été jusqu'à présent rejetées à la fois par le CNT et par les gouvernements occidentaux les plus engagés dans la campagne militaire de l'Otan. Ni le CNT ni l'Otan n'ont proposé à ce jour de cessez-le-feu et on attend toujours une tentative significative permettant de tester la sincérité de Kadhafi ou de poser les conditions d'un accord de cessez-le-feu éventuel sous l'autorité de parties indépendantes.

- le fait qu'il n'y avait aucun mandat de L'ONU pour un changement de régime, même si c'était de toute évidence l'objectif de l'Otan en toute illégalité;

- Le manque de preuves flagrant - en particulier, d'après les autres villes reconquises par les forces pro-gouvernementales - que Kadhafi avait l'intention de commettre un massacre à Benghazi.

- le chiffre de 50.000 morts avancé par les "rebelles" depuis le début de la guerre jusqu'à la fin du mois d'août. Seumas Milne, l'une des rares voix honnêtes du Guardian, indique que "alors que le nombre de morts en Libye au début de l'intervention de l'OTAN s'élevait à environ 1,000-2,000 (selon les chiffres de l'ONU), il est, huit mois plus tard probablement, plus de dix fois supérieur."

Milne ajoute:

Si l'objectif de l'intervention occidentale dans la guerre civile en Libye était de "protéger les populations civiles" et de sauver des vies, c'est un échec retentissant.

- le bombardement de la télévision d'état libyenne par les avions britanniques en juillet, qui aurait tué un certain nombre de journalistes et qui est considéré comme un crime de guerre par Reporters Sans Frontières, l'UNESCO et la Fédération Internationale des Journalistes.

- La réduction de Syrte, une ville qui comptait 100 000 habitants, à des ruines fumantes à la suite d'un siège de plusieurs semaines. Cette agression comprenait, entre autres, des bombardements aléatoires quotidiens, les privations d'eau, de nourriture, de médicaments et d'électricité, le pilonnage d'un hôpital, des pillages à grande échelle et des massacres. Les ONG humanitaires ont expliqué que cette agression avait engendré une catastrophe humanitaire.

- les persécutions racistes généralisées contre les Libyens noirs et les Africains sub-sahariens perpétrées par les forces anti-Kadhafi. Amnesty International écrivait ( ''fin août'', NDT) :

"les Libyens noirs et les Africains sub-sahariens risquent de subir des violences de la part des forces anti-Kadhafi". (voir d'autres points [ici] - en ang -).

Toutes les atrocités à venir risquent fort de ne faire l'objet que de brèves maintenant que les yeux des medias se tournent inexorablement vers le nouvel objectif d'"intervention humanitaire".

Media Lens est un observatoire des médias britannique dirigé par David Edwards et David Cromwell. Le premier livre de Media Lens s'intitule: "Guardians of Power: The Myth Of The Liberal Media" (Les gardiens du pouvoir: le mythe des médias de gauche"). Et le second :" NEWSPEAK in the 21st Century" a été publié en 2009.

Notes annexes:

1. Mad dog of the Middle-East", le "Chien enragé du Moyen-Orient": c'est le nom qu'avait donné Reagan à Kadhafi, disant que son objectif était de mener une " révolution mondiale islamiste". Pfff. Encore un visionnaire.

Mais, déjà, à l'époque, ils avaient tenté de l'assassiner en bombardant sa résidence, tuant sa petite fille. 2. Les références aux personnes et textes cités se trouvent (en anglais) dans l'article original. Et certains liens sont inclus dans le texte. Tout est en anglais.

Note perso:

D'abord, que ce soit clair: contrairement à ce que veut nous imposer la propagande binaire de l'occident, je ne suis ni pour ni contre Kadhafi en me positionnant contre les carnages que commettent nos dirigeants en notre nom.

En tant que chef d'état, Kadhafi ne m'a jamais rien fait, ni directement ni indirectement, et c'est pareil pour l'immense majorité des Français. Pourquoi donc ces derniers manifestent-ils une haine viscérale et irrationnelle à l'égard de quelqu'un qui, si les médias ne l'avaient pas désigné à la vindicte populaire, n'a eu aucune influence sur nos vies?

En revanche, tous ceux qui se sont ligués contre lui (la "communauté internationale" sous la houlette des US, pour ne pas les citer) sont responsables de la situation catastrophique de la planète. On les retrouve partout, ici, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Irlande, etc. dans toute l'Europe où ils décident, sous la direction des lobbies internationaux, à la place des populations contre l'intérêt de celles-ci et contre leurs véritables aspirations.

Alors, pourquoi la vindicte populaire se dirige-t-elle contre un homme isolé, qui a, certes, commis des atrocités envers ceux de son peuple, mais qui n'a pas influé directement sur nos vies?

Pourquoi les conditions de vie en Libye, bien supérieures à la moyenne au Moyen-Orient et en Afrique, n'ont-elles pas été prises en compte dans la balance?

Et pourquoi donc quand on évoque les côtés positifs de la politique de Kadhafi, il faut d'abord prendre des précautions oratoires: "attention, entendons-nous bien, je ne défends pas ce "dictateur sanguinaire", je sais les atrocités qu'il a commises, Lockerbie (bof, c'était pas lui, mais qu'importe, un mensonge répété plusieurs fois...), etc."?

Eh bien, parce qu'on accepte de baigner dans la subjectivité, qu'on cède au terrorisme des médias et de ceux qui tirent les ficelles et qui nous imposent de penser comme eux, au risque d'être diabolisés à notre tour.

Parce qu'ils nous somment de choisir notre camp. Sinon, on devient aussitôt "adorateur-trice" de dictateurs, "antisémites" ou autres insultes à notre intelligence et notre discernement.

Bush a dit: "Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous": eh bien, nous en sommes arrivés là - à ce que prônait cet âne bâté de Bush. Ce n'est pas rassurant pour la santé mentale d'un peuple.

En outre, je suis foncièrement contre la violence, contre la loi du talion, contre les guerres et pour la justice, et ces principes ne sont pas à géométrie variable: ils sont, donc, valables pour tout. On ne règle pas la violence par des violences. On ne fait que l'exacerber.

La mort abominable de Kadhafi, largement diffusée par les médias, a été, généralement, au mieux, minimisée ou passée sous silence et, au pire, célébrée, y compris pas des gens qui avaient pris parti contre lui sans seulement connaître quoi que ce soit à ce conflit et aux tenants et aboutissants.

On nous a vendu la "protection des populations" et on a marché dans cette combine alors qu'aucune image, aucune preuve n'avaient été produites. Comme on a marché pour l'Irak, l'Afghanistan et autres. Et comme on acceptera le bombardement (imminent) d'autres pays dans le collimateur des US.

Mais sommes-nous devenus si insensibles que la guerre ne soit plus devenue qu'un épisode de Star Wars?

N'avons-nous plus aucun sens des réalités, à savoir que la guerre n'est pas un joli éclair dans le ciel qui tombe dans la nuit étoilée sur la silhouette d'une maison lambda et puis "boum! OUAIS! Gagné!".

La guerre, c'est que dans la maison, il y a de vraies gens, la guerre signifie la destruction de milliers et de millions de vies, que ce soit par la mort, le handicap, la perte de son gagne-pain, de son logement, l'absence d'eau, d'électricité, de commodités, etc. Il est vrai que les crimes commis par le camp occidental sont largement balayés sous le tapis. Pas d'images, pas de commentaires désagréables. Occultés.

Mais, est-ce si difficile à imaginer?

Obama a déclaré que Kadhafi a raté l'occasion d'amener la démocratie dans son pays et a décrit sa mort comme un message envoyé aux dictateurs à travers le monde qui est que les peuples veulent être libres.

"Il a eu l'occasion pendant le printemps arabe de desserrer son étreinte sur le pouvoir et d'effectuer une transition pacifique vers la démocratie. Nous lui avons donné une ample opportunité qu'il n'a pas saisie".

1) Menace d'Obama de poursuivre la chasse aux "dictateurs", ce qui veut dire qu'on ne s'arrêtera certainement pas là. Encore des réjouissances en perspective, donc. Tant qu'on gagne on joue.

2) Mensonge éhonté: il n'y a jamais eu de négociations avec Kadhafi pour soi-disant instaurer la "démocratie" (belle "démocratie" qui a été instaurée désormais!). Obama avait déclaré dès le mois de mars: "Kadhafi doit partir". Et tout a été fait pour l'assassiner. Il n'y a qu'à voir la réaction de Clinton à l'annonce de sa mort pour comprendre que c'est bien ce qu'ils attendaient.( ici et  )

Je pourrais citer des centaines d'exemples de déclarations mensongères de l'occident. Pourquoi donc les populations sont-elles prêtes à encore tout gober? Pour le bien de qui? Certainement pas des peuples, des gens comme nous, ordinaires. Et quelle naïveté de penser que nous serons préservés et que les massacres que commettent nos dirigeants ne vont pas faire l'objet, tôt ou tard, de représailles sanglantes. Jusqu'où sommes-nous prêts à accepter la destruction de la planète?

La Libye, c'est fini, qu'ils nous disent. Circulez. Passons à autre chose.

Enfin, presque fini:

Syrte outragée, Syrte martyrisée, mais Syrte "libérée"

 source

Après la Libye, Bernard-Henri Lévy part en guerre contre la Syrie, ou l'Iran. Celui qui viendra en premier.

Le 21 octobre, le cadavre de Kadhafi encore tout chaud, Bleuch ose dire sur France Inter:

"La Lybie de Kadhafi : il n'y avait pas de Droit du tout, il n'y avait pas d'État du tout, il n'y avait pas de Nation du tout, il n'y avait même pas de Société Civile ! Il y avait une espèce de pluralité d'atomes sociaux. Il faut reconstruire tout ça !"

Quelle honte! Ce type nous incite régulièrement à attaquer des populations, il se hisse sur un tank de l'armée d'Israël pour dire que tout va bien et que l'armée israélienne est la "plus morale du monde" alors que celle-ci est en train de bombarder une population enfermée dans un piège, et c'est lui qu'on écoute? Lui qui monopolise les médias? C'est cet imposteur qu'on laisse parler? Tout ça pour nous dire que la Libye, ce n'était pas un pays, qu'il n'y avait pas de structures, rien?

Dans une société saine, ce type serait en prison pour apologie de la guerre, justifiée, qui plus est, par des mensonges infâmes, et pour incitation aux crimes contre l'humanité. Pas dans tous les médias à cracher son venin avec la bénédiction des béni-oui-oui qui se prétendent journalistes.

Il poursuit:

"A qui le tour ? Bachar el-Assad ! Ou... ou Mahmoud Ahmadinejad, hein, ou Ahmadinejad en Iran ! Voilà ! Il y en a deux là, qui sont évidemment dans la ligne de mire, mais, pas, pas d'la France... de l'Histoire Universelle ! C'est un théorème maintenant. C'est le théorème 2011 ! Un dirigeant qui fait donner sa police, son armée, ses milices contre son peuple, d'une manière ou d'une autre : il dégage !"... forcément Bachar el-Assad ! Forcément ! Forcément, un jour ou l'autre Ahmadinejad et le régime iranien en général. (etc.)

Lire le reste  ici: édifiant. Ce type est ignoble.

Mais que dit la "Gauche de Gauche" de tous ces crimes?

"Je n'ai pas aimé que l'on montre la dépouille de Kadhafi. Et peut-être même son meurtre. Le respect des prisonniers et des vaincus est dans la convention de Genève qui organise « les lois de la guerre ». Je n'avais pas aimé le spectacle de la pendaison de Saddam Hussein, ni les injures contre sa foi sunnite proférées contre lui à la minute de sa mort. Après quoi je peux dire, haut et fort, que je n'ai pas de regrets à leur sujet. J'espère que cela fera réfléchir les autres tyrans de la région. Et là, je mets dans le même sac ceux que « l'occident » combat comme ceux qu'il soutient. Tous sont nos ennemis à proportion du fait qu'ils sont les ennemis de nos principes et valeurs. Ceci posé, on notera pour que la mémoire le retienne, que l'invasion, les bombardements et le meurtre du Kadhafi n'était pas dans les résolutions du conseil de sécurité qui légitimaient l'action de prévention initialement décidée. Tout cela est donc parfaitement illégitime.

La révolution en Libye n'est plus une révolution citoyenne mais une guerre civile dont l'Otan est un protagoniste direct. Mon avis est que la seule chose à faire et à exiger à présent, sans relâche ni compromission, est que l'armée otanienne se retire et qu'arrivent les experts et conseillers capables d'aider à former un registre électoral honnête pour élire dès que possible une assemblée constituante".

JL Mélenchon (sur son blog - vous trouverez certainement le chemin: et ce texte au milieu de tout un tas d'autres choses.)

Pas un mot de regret pour les milliers de morts de l'OTAN?

Pour la destruction de tout un pays?

Pour les bombardements intensifs sur les habitations civiles et sur les populations?

Pas un mot de regret d'avoir cautionné ces massacres?

Pas un mot sur l'obscénité du lynchage de Kadhafi, orchestré par l'OTAN (enfin, presque: "il n'a pas aimé")?

Pas un mot sur la charia, sur la polygamie, l'interdiction du divorce et le reste?

Pourtant avec toute sa "laïcité" chevillée au corps, avec tout ce qu'il avait à dire sur le foulard et la burka en France, symboles de la "soumission des femmes", il avait de quoi se lamenter à plus juste raison, au nom des droits des femmes dont il affiche faire grand cas par ailleurs.

Mais, non! occultés les barbus libyens installés au pouvoir grâce à lui, entre autres!

Une action de "prévention"? Il se fout de qui, là? Cela fait huit mois qu'ils pilonnent. S'il n'avait pas compris dès le départ que la résolution, c'était du pipeau, que cela allait seulement servir de sésame pour aller tuer Kadhafi et installer les vauriens du CNT à la place, il renonce à faire de la politique.

Et tout ça au nom de ses putain de "valeurs et de principes" qui, une fois de plus, n'ont pas été appliqués par ceux qui s'en prévalent, mais dont il se contrefiche, à l'évidence.

Et, en plus, il ose dire qu'il espère que les "conseillers viendront les aider à élire une assemblée constituante"?

Quels "conseillers"? Les envoyés des pourris qui ont décrété que les Palestiniens n'avaient pas élu les bons? De ceux qui ont aidé à mettre des gouvernements fantoches partout, en Irak, en Haïti et ailleurs ? De ceux qui ont emprisonné un des présidents ivoiriens pour laisser la place à un valet des pays occidentaux?

J'en passe.

Et il ose dire également (comme Obama, d'ailleurs! Vous avez dit "bizarre"?): "je n'ai pas de regrets à leur sujet. J'espère que cela fera réfléchir les autres tyrans de la région"?

C'est-à-dire que, non seulement il ne regrette pas ce qui s'est passé, mais qu'en plus, il est prêt à recommencer avec un autre "dictateur" désigné par ses copains de l'OTAN. Assad? Ahmadinejad? Les deux?

Allons-y, partons tous les assassiner, avec nos drones et nos "valeurs" sous le bras! Et massacrons au passage une bonne centaine de milliers d'innocents. Cassons tout et cassons-nous

Infect.

Honte à ce type, qui n'a aucun scrupule, pas plus que ceux qu'il dénonce.

C'est bien la même engeance, tout ce ramassis.

Sa compassion pour les populations soi-disant bombardées par Kadhafi, puis plus rien, il peut se la garder.

Je suis outrée (quelque part, ça doit se deviner, non?).

Tous des fourbes, des menteurs et des arrivistes.

Et je ne parle même pas de tous ceux qui sont à sa droite. Mais, la "gauche", finalement, c'est lui. Plus de PC, plus de NPA et les autres sont réduits à peau de chagrin.

Et où sont les penseurs de ce siècle? Que sont devenus les pacifistes ? Sommes-nous tous assujettis à la pensée unique et condamnés à approuver les guerres décidées par une clique malfaisante?

Comment tout cela va-t-il finir? Jamais?

Lien:

 Libye : Des milices terrorisent des anciens résidents de la ville de Tawergha, considérée « loyaliste »

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