Par Sayed − Le 17 mai 2018 − Source sayed7asan
Discours du Secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 14 mai 2018, à l'occasion de la commémoration du deuxième anniversaire de la mort du Commandant du Hezbollah Sayed Moustafa Badreddine
Traduit et sous-titré par Sayed
Transcription
[...] Après cette introduction consacrée à notre très cher commandant [martyr Sayed Moustafa Badreddine, tué au combat en Syrie le 13 mai 2016], je vais parler des dossiers dont, incidemment, il était responsable.
Le premier point - je vais essayer d'être aussi bref que possible [pour les points que je veux aborder, à savoir 1/ Le retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien, 2/ L'affrontement récent entre la Syrie et Israël et 3/ Les événements récents en Palestine occupée].
Le premier point est ce que fait actuellement l'administration américaine dans notre région, le plus important étant l'annonce par Trump du retrait (américain) de l'accord sur le nucléaire (iranien) - je commence par ce point parce que tout mon propos nous amènera à (la question de) la Palestine, qui constituera la partie essentielle de cette deuxième partie de mon discours.
Je ne veux pas analyser ou évoquer l'accord sur le nucléaire lui-même, ses causes, les causes du retrait de Trump ou ses implications et conséquences. Je vais aller directement aux enseignements et aux leçons à en tirer, car c'est ça qui nous sera bénéfique, en tant que peuple libanais, pour le peuple palestinien en premier lieu, pour les peuples de la région, pour les gouvernements de la région et également pour le monde entier. Il faut en tirer les enseignements pour savoir, dans notre parcours politique et notre vie en général, comment cette administration américaine, qui se considère comme la première puissance mondiale, se comporte, pour savoir ce qu'elle est (véritablement). Et en vérité, cela touche à la culture politique, à la conscience politique (générale), plus que cela ne concerne ce développement politique (particulier).
Eh bien, aujourd'hui, l'administration américaine démontre à nouveau, avec les preuves que nous allons évoquer, que c'est un État, un gouvernement - car il ne s'agit pas seulement de la décision de Trump, du Président Trump, c'est une décision du gouvernement américain, de l'institution dirigeante américaine. Aujourd'hui, les États-Unis démontrent une nouvelle fois que tout ce qui les intéresse dans le monde, ce sont premièrement leurs intérêts, et deuxièmement les intérêts d'Israël. Point à la ligne. C'est-à-dire que pour les gouvernements américains successifs, les considérations humanitaires ou les valeurs morales n'ont aucune place. Les considérations humanitaires ou les valeurs morales n'ont (jamais eu) aucune place.
Aujourd'hui, les Palestiniens manifestent pacifiquement à Gaza et en Cisjordanie. À Gaza, il y a des dizaines de martyrs jusqu'à présent, et plus de mille blessés jusqu'à présent. Durant les dernières semaines, il y a eu des dizaines de martyrs et des milliers de blessés. Et pour l'administration américaine, cela ne change absolument rien, ça n'a aucune espèce d'importance et aucune influence sur leurs actions. Et si quelqu'un s'avise d'appeler à une condamnation au Conseil de sécurité, le veto américain est prêt. Tout ce qu'on peut considérer comme des considérations humanitaires, des valeurs morales ou des droits de l'homme est un propos vide, et n'a aucune place dans les coulisses de la prise de décision américaine.
Deuxièmement, les résolutions internationales, le droit international, les organisations internationales et la communauté internationale - au Liban, on nous demande toujours de « respecter les résolutions internationales », d'« appliquer les résolutions internationales » [poussant au désarmement du Hezbollah]. Demain, vous verrez, il suffira de lire la déclaration ministérielle pour lire les mêmes exhortations : « appliquer les résolutions internationales », « respecter les résolutions internationales ». Et quant aux États-Unis, la première puissance mondiale, ils ne respectent pas les résolutions internationales, ni le droit international, ni les institutions internationales, ni même les résolutions internationales à l'élaboration desquelles ils ont participé, celles qu'ils ont façonnées et qu'ils ont agréées. Lorsque ensuite, elles ne correspondent plus à leurs intérêts, ils les délaissent et s'en affranchissent (sans aucune gêne).
Troisièmement, tous les accords, conventions et chartes n'ont aucune valeur, ni morale, ni légale pour les gouvernements américains successifs. Ils concluent et annulent les accords à leur guise. Ils (ne respectent) aucun accord, aucun engagement, aucune charte. Et je ne parle même pas des accords sur le climat et des accords commerciaux. Je ne parle que de ce qui vient de se passer dans notre région. Cela signifie que personne dans le monde ne peut avoir confiance dans les engagements, accords et promesses des États-Unis.
Aujourd'hui, ils mènent le Président de la Corée du Nord en bateau en lui disant que s'il détruit son arme nucléaire, ils permettront aux compagnies américaines de venir investir en Corée du Nord. Si les Nord-Coréens leur font confiance et détruisent (leur arsenal), comme l'a fait la Libye par exemple, les États-Unis leur diront ensuite que pour que les compagnies américaines puissent venir, il faudra organiser tel type d'élections, respecter tels critères au niveau des droits de l'homme, etc., etc. Et le processus de chantage continuera (indéfiniment).
Ô Libanais, ô Palestiniens, ô peuples de la région, on ne peut pas faire confiance aux États-Unis... Après toutes ces expériences, ce serait un acte d'imbécillité que (de leur faire confiance). La tradition (prophétique) dit que le croyant ne tombe pas deux fois dans le même piège. Ô mon frère, ce n'est pas la deuxième fois mais la centième fois et la millième fois que ces Américains poignardent le monde dans le dos. Cette administration et ces dirigeants ne peuvent faire l'objet d'aucune confiance pour leurs accords, leurs engagements et leurs promesses. Et cette (nouvelle) expérience sous nos yeux le démontre encore. Je ne parle pas d'histoire (ancienne), ça se déroule (en direct) sous nos yeux.
Et de même, l'expérience prouve que l'administration américaine ne respecte pas même ses alliés, pas même leurs intérêts : elle ne s'en soucie nullement. Pour l'accord sur le nucléaire (iranien), les intérêts économiques, politiques, et même sécuritaires des Européens résident dans le maintien de cet accord avec l'Iran. Mais les États-Unis ne les ont même pas consultés. De qui parle-t-on ? De leurs alliés européens, et non de leurs collabos dans le Tiers Monde. Leurs alliés européens, de grands États, qui ont le droit de veto au Conseil de sécurité ! Mais les États-Unis ne les ont consultés ni sur le fond, sur leurs intérêts, ni sur la forme. Comment prendraient-ils en compte les intérêts de ceux qu'ils considèrent comme de simples instruments, des subordonnés, dont Trump dit que sans la présence américaine, tel ou tel État ne survivrait même pas 7 jours ? L'intérêt des pays arabes et des pays du Golfe, et de certains pays du monde musulman, est-il seulement présent dans les calculs, dans l'esprit, dans le crâne des Américains lorsqu'ils prennent leurs décisions ? Il n'a aucune place.
Telle est donc la leçon fondamentale que nous devons tirer aujourd'hui du retrait de Trump de l'accord sur le nucléaire iranien. Je ne veux pas évoquer ses répercussions, ses conséquences, ses causes, ce qui va advenir de ce dossier, ce n'est pas le sujet de mon discours aujourd'hui. Mais cet aspect est selon nous très important pour quiconque dans notre région et dans le monde, mais surtout pour tous ceux dans notre région qui lient leur destin, planifient leur avenir, façonnent leur région ou prennent leurs décisions (stratégiques) en se fondant sur les États-Unis et en comptant sur eux et sur leurs promesses et leurs engagements, et ce sur n'importe quel dossier, majeur ou mineur.
Et par conséquent, puisque c'est aujourd'hui le jour de la Palestine, permettez-moi de tirer également une conclusion sur ce point : lorsque Trump a annoncé sa reconnaissance d'Al-Quds (Jérusalem) comme capitale d'Israël, l'Autorité [palestinienne], ou plutôt la partie palestinienne chargée des négociations, pour ne pas dire son nom [Mahmoud Abbas], a déclaré qu'ils n'accepterait pas de nouvelles négociations ou de règlement du conflit dans lesquels la partie intermédiaire serait les États-Unis, car ce ne sont pas un intermédiaire neutre. Que veux-tu donc à la place ? Il a dit « Je veux le P5 + 1 [5 membres du Conseil de Sécurité + Allemagne], comme pour l'accord sur le nucléaire iranien. Tel est le processus qui m'accorde des garanties et me permet d'aboutir. » Nous lui déclarons aujourd'hui, à l'occasion du retrait de Trump de l'accord sur le nucléaire iranien, qui a été conclu par le P5 + 1, et sur lequel une décision unanime a été prise au Conseil de sécurité des Nations Unies, que tout cela a été anéanti. Même cette voie ne mène à rien et n'apporte aucune garantie. (Malgré le) P5 + 1, Trump n'a consulté ni l'Europe, ni la Russie, ni la Chine, ni le Conseil de sécurité, ni la communauté internationale, il s'est levé et il est sorti (de cet accord). Si quelqu'un en Palestine, qui qu'il soit, compte sur une résolution à laquelle participent les États-Unis, que ce soit en tant que seul intermédiaire, en tant qu'intermédiaire international ou comme partie d'une formule P5 + 1, se berce d'illusions, vit de manière déconnectée de la réalité, dans des mirages qui ne mèneront à aucun résultat. Cette expérience vous prouve, ô Palestiniens, que ce n'est pas la voie à suivre, en aucun cas. Elle ne mène à rien. [...]