La décision des Etats-Unis de déchirer l'accord avec l'Iran sur le nucléaire et d'imposer un blocus économique total sur ce pays de 80 millions d'habitants a été suivie, dans la nuit de mercredi à jeudi, par une attaque aérienne israélienne de vaste ampleur contre des cibles iraniennes et syriennes sur le territoire syrien.
Selon le gouvernement de Netanyahou, qui avait largement dicté à Trump sa décision de violer l'accord international de 2015 sur l'activité nucléaire iranienne, l'attaque aérienne israélienne contre « 50 sites miliaires iraniens » en Syrie, serait la « riposte » à une tentative de tirs de missiles, par l'Iran, en direction d'Israël.
Vrai ou faux ? De toutes façons, les capacités d'attaque balistique de l'armée iranienne sont minuscules, guère plus élevées que celles des roquettes palestiniennes lancées depuis Gaza, par rapport à l'énorme force de frappe israélienne : radars et drones de détection des objets aériens hostiles (drones, missiles, obus...), missiles anti-missiles, aviation de bombardement pouvant tirer des munitions de précision à distance de sécurité, etc...
Après avoir, au fil des décennies, massacré et morcelé une quantité invraisemblable de pays et de régions (Iraq, Syrie, Afghanistan, Libye et zone du Sahel, sans parler bien évidemment de la Palestine, etc), l'impérialisme états-unien et ses alliés et vassaux (comme l'Arabie Saoudite et autres pétromonarchies du Golfe) donne tous les signes aujourd'hui d'une volonté de s'attaquer à l'Iran, un pays ayant échappé en partie à son emprise depuis la révolution de 1979 qui avait renversé le régime monarchique du Shah et conduit à l'instauration de la République Islamique.
Aucune des puissances économiques et militaires susceptibles de s'opposer à la guerre totale manifestement voulue par Israël et l'hyperpuissance américaine -un couple dont on se demande lequel des deux est le donneur d'ordre- n'a jusqu'à présent levé le petit doigt.
Aucune ne fait remarquer au demeurant qu'Israel, doté depuis longtemps de l'arme atomique par la France dès 1956, n'a jamais accepté la moindre inspection de ses installations nucléaires par l'AIEA, agence internationale de l'énergie atomique. Ceci alors qu'Israel, contrairement à l'Iran, a agressé un bon nombre de ses voisins.
Les principaux pays de l'Union européenne, un ensemble économiquement pourtant plus puissant que les Etats-Unis, Macron et ses collègues, ont certes « regretté », la violation par Trump du contrat signé en 2015 avec l'Iran, et affirmé que pour leur part, ils restaient dans l'accord.
De fait, de nombreux groupes industriels européens (de Peugeot à Airbus, en passant par Siemens, Bayer ou Total) souhaitent pouvoir profiter de l'accord de 2015, qui avait levé l'embargo sur les relations économiques avec l'Iran en échange d'un renoncement -contrôlé par les Nations-Unies- de l'Iran à se doter d'uranium à capacité militaire.
Mais qu'en sera-t-il ? L'embargo économique et bancaire sur l'Iran unilatéralement décidé par la Maison-Blanche s'impose en réalité au monde entier : toute entité faisant des affaires avec l'Iran en dollars américains -la principale monnaie des échanges internationaux, de pétrole en premier lieu- est ainsi exposée à des poursuites et amendes colossales de la part des Etats-Unis. Il en va de même pour toute vente de marchandises dans la fabrication desquelles entrent des composants (pièces détachées, logiciels, matières premières) d'origine états-unienne et qualifiées de « stratégiques » pour la sécurité nationale des U.S.A. Autrement dit, tout échange avec l'Iran, de l'ordinateur sophistiqué à la pince à linge en passant par les médicaments, même estampillés « made in France » ou « made in the EU », se trouve à court terme menacé. Et il est plus que douteux qu'un Macron, malgré son dévouement aux milliardaires du CAC 40, passe de caniche à pitbull dans ses relations avec Trump.
La Russie de Poutine, qui a apporté une aide militaire apparemment décisive au régime syrien de Bachar al-Assad face à ses différents adversaires « rebelles » (d'al-Qaeda à Daesh en passant par les groupes dits "modérés", tous appuyés à des titres divers par l'Occident), se tient prudemment sur la réserve, et, comme gage de « bonne volonté », invite le bourreau du peuple palestinien Netanyahou a fêter avec lui à Moscou l'anniversaire de la victoire de 1945 sur le nazisme ! la Chine et l'Inde, non engagées militairement au Moyen-Orient, se sont pour leur part engagées à continuer d'acheter du pétrole à l'Iran, n'en déplaise aux faucons de Washington.
Il reste que l'élévation du niveau des hostilités, et le bruit qui l'entoure, donne un peu plus d'impunité encore aux dirigeants israéliens pour martyriser le peuple palestinien, voire le peuple libanais.
Il est à craindre, en effet, qu'Israël profite des circonstances au cours des prochains jours, marqués par la provocation de l'ouverture de l'ambassade U.S. à Jérusalem lundi, et des manifestations de commémoration de la Nakba le lendemain, pour réprimer encore plus sauvagement un peuple sans défense.
A PARIS : MANIFESTATION DE SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN
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