Depuis samedi après-midi 20 avril, le journaliste Gaspard Glanz est incarcéré en garde à vue.
Que s'est-il passé ? Samedi 21 avril, Gaspard Glanz couvrait la manifestation des Gilets jaunes, qui avait été nassée - c'est-à-dire bloquée et empêchée de sortir - place de la République. Rappelons que cette méthode est interdite et a été condamnée par la justice.
Durant l'après-midi, M. Glanz a indiqué au photographe NnoMan, qui était présent et rapporte à Reporterre ses propos, « qu'il avait été touché par une grenade et que son pantalon avait légèrement brûlé à l'endroit de l'impact ».
Plus tard, M. Glanz a cherché à parler au commissaire pour se plaindre d'avoir été visé par une grenade. Comme le montre la vidéo ci-dessous, le journaliste ne peut pas parler au commissaire, il se fait violemment pousser par un policier, et dans un réflexe de colère, fait un doigt d'honneur. Des policiers se précipitent alors vers lui et l'emmènent.
Gaspard Glanz est depuis samedi soir incarcéré au commissariat 80 avenue Daumesnil, dans le XIIe arrondissement de Paris, et sa garde à vue a dépassé 24 h. Il était toujours incarcéré lundi 22 avril à 9 h 40 au moment où nous écrivons.
Selon le parquet de Paris, interrogé par Reporterre, M. Glanz a été placé en garde à vue « du chef de participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et d'outrage à personne dépositaire de l'autorité publique ».
La « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations » est une qualification attentatoire à la liberté de la presse. Gaspard Glanz, directeur de l'agence Taranis News et qui a plusieurs fois collaboré à Reporterre, est un vidéo-reporter reconnu dans la profession journalistique. Il témoigne et informe de longue date sur les manifestations, les agissements de la police ou encore sur « la jungle de Calais ». Il a plusieurs fois été poursuivi par les autorités, la vraie raison de cet acharnement étant la qualité de ses informations, qui a beaucoup contribué à faire prendre conscience au public de la multiplication des violences policières.
Un rassemblement de soutien est organisé lundi matin devant le commissariat. Reporterre y sera présent, et condamne cette atteinte à la liberté de la presse. Condamnation également exprimée par le SNJ (Syndicat national des journalistes), Reporters sans frontières et le Barreau de Paris, l'organisation professionnelle des avocats).
Samedi 20 avril, le journaliste photographe Alexis Kraland a également été placé en garde à vue 𝕏 pendant huit heures. Par ailleurs, le même jour, le journaliste Tristan Goldbronn 𝕏 a été brutalisé par la police.