© YVES HERMAN Source: Reuters
Selon plusieurs sources, les forces de l'ordre ont procédé à au moins deux arrestations de journalistes. Certains d'entre eux ont également dénoncé les violences dont ils auraient été victimes en marge de la manifestation des Gilets jaunes.
A Paris, la situation a été tendue aux abords de la place de la République lors de l'acte 23 des Gilets jaunes le 20 avril. Le Parisien rapporte que des journalistes, portant le brassard presse, ont été arrêtés par les forces de l'ordre. Les reporters du journal, ainsi que d'autres confrères, ont notamment relayé l'arrestation du vidéaste Gaspard Glanz de l'agence Taranis, des images massivement visionnées sur les réseaux sociaux.
Le député de La République en marche, Mickaël Nogal, a dans la foulée assuré que cette arrestation était due à un doigt d'honneur effectué par Gaspard Glanz en direction des forces de l'ordre.
Dans un État de droit, c’est désormais à la justice de faire son travail. Soutien à nos policiers et nos gendarmes, gardiens de notre République.
Un reporter du Figaro, Thibault Izoret, a attesté qu'un de ses collègues du quotidien avait également été «pris à partie par un membre des forces de l'ordre».
Le photojournaliste Maxime Ryenié a pour sa part affirmé que le journaliste Alexis Kraland s'était fait «interpeller fermement dans la Gare du Nord de Paris alors qu'il a[vait] indiqué sa profession de journaliste et que plusieurs collègues essayaient de discuter avec la police avant de se voir ordonner de quitter les lieux». Cette arrestation a été confirmée par la journaliste de RFI, Marine Jeannin, qui a publié sur Twitter une photo de son interpellation.
Alexis Kraland a par la suite commenté lui-même sa garde-à-vue : «Sorti d'une garde-à-vue de 8 heures parce qu'à Gare du Nord j'ai refusé de lâcher ma caméra à un policier dont le collègue affirmait que c'est une "arme par destination". Ils ont donc matraqué ma main qui la tenait avant de m'interpeller pour "rébellion de palpation".» Selon ses dires, on ne lui aurait pas notifié de ses droits, ni accordé la possibilité de voir un médecin ou un avocat. On lui aurait en outre fortement conseillé de donner son ADN afin d'éviter une longue garde-à-vue. Il est ressorti en faisant savoir que son casque de skate, ses protège-tibia et ses lunettes de protection avaient été détruits «sur ordre d'un magistrat».
Le principal syndicat des journalistes, le SNJ, a rapidement condamné l'attitude des autorités et a directement sollicité le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et la préfecture de police : «Qu'est-ce qui justifie d'interpeller des reporters, si ce n'est pour les empêcher de travailler ? Ne bafouez pas l'Etat de droit Christophe Castaner ! La préfecture de police, respectez la liberté d'informer !»
Au cours de la journée, plusieurs journalistes ont en effet dénoncé le comportement des forces de l'ordre à leur égard. Le reporter indépendant Clément Lanot a rapporté avoir été «visé par un LBD» alors qu'il était identifié comme faisant partie de la presse (brassard, carte, caméra). «Tout va bien, merci les protections», a-t-il ajouté.
La reporter du Parisien Catherine Gasté a souligné qu'un journaliste anglais aurait été lui aussi blessé. Reprenant une information des street medic, le Britannique aurait été victime d'«un éclat de grenade à l'œil».
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A Toulouse, le rédacteur en chef du site Actu Toulouse, Pascal Pallas, a déclaré qu'un journaliste couvrant la manifestation pour le média «a[vait] été blessé au genou par une grenade de désencerclement puis délibérément visé par les gaz lacrymo des forces de l'ordre».
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