Photo extraite de note de presse du New York Post
Lors d'une réunion organisée par la Russie au sein de l'OIAC à La Haye le 26 avril 2018, afin d'écouter le témoignage de plusieurs personnes sur la prétendue attaque chimique de Douma par les forces armées syriennes, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ainsi que 14 autres Etats Membres de l'OIAC (sur 192 Etats Membres, voir liste officielle) ont circulé une déclaration conjointe, qui se lit comme suit (voir hyperlien officiel et texte reproduit à la fin de cette note).
On notera qu'aucun Etat d'Afrique, ni d'Asie, ni d'Amérique Latine n'a accepté de souscrire cette déclaration conjointe, et qu'en Europe, seuls l'Allemagne, le Danemark, l'Italie, l'Islande et les Pays-Bas ainsi que la Bulgarie, la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et les trois Etats baltes ont accepté de le faire.
Rappelons que suite aux frappes aériennes menées par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni le 13 avril dernier en Syrie, divers sites et analyses ont mis en doute la responsabilité directe de la Syrie dans l'incident de Douma, et dénoncé le véritable « fiasco » de cette opération du point de vue militaire; tandis que bon nombre de juristes ont conclu leurs analyses en réaffirmant l'illégalité de ces frappes au regard du droit international et des dispositions de la Charte des Nations Unies de 1945 concernant l'emploi de la force armée. Nous renvoyons le lecteur à notre article (en espagnol) sur les réactions officielles en Amérique Latine suite à ces frappes en Syrie, intitulé « Yo sospecho, tú sospechas,... nosotros bombardeamos »: a propósito del bombardeo realizado por Estados Unidos, Francia y Reino Unido en Siria y las reacciones oficiales suscitadas en América Latina » (disponible ici).
En avril 2017, suite au bombardement réalisé par les Etats-Unis en mode solitaire, la publication d'un rapport des services secrets de la France quelques jours avant le premier tour des élections présidentielles en France avait fait l'objet de cet article, intitulé « Armes chimiques en Syrie: à propos du rapport des services de renseignements français » (disponible ici).
Ci-contre est reproduit le texte de la déclaration conjointe en date du 26 avril 2018, ainsi que les déclarations de la porte parole du Ministère des Affaires Etrangères de la Russie (voir hyperlien officiel) intitulée « French Foreign Ministry's allegations of Russia's "information manipulation" regarding the alleged chemical incident in Douma«.
Syrie / Attaques chimiques à Douma (7 avril) : Déclaration conjointe de la France et 16 autres pays membres de l'OIAC (26.04.2018)» Le 26 avril, la Russie a décidé la tenue d'une prétendue réunion « d'information » au siège de l'OIAC (La Haye) mettant en scène des « témoins » syriens.
La France et 16 autres pays membres de l'OIAC ont dénoncé cet exercice de propagande dans une déclaration (lire ci-dessous).
Comme l'a affirmé le représentant de la France auprès de l'OIAC, M. Philippe Lalliot, cette réunion n'était qu'une mascarade sordide :
« Elle ne surprend pas de la part du gouvernement syrien qui n'est pas à une obscénité près, ayant massacré et gazé son propre peuple depuis plus de 7 ans. Il devra rendre des comptes. Nous y veillerons. C'est plus étonnant de la part de la Russie qui ne peut espérer tromper personne avec une manœuvre aussi grossière. »
La France et ses partenaires rappellent leur plein soutien à l'enquête menée par l'OIAC en dépit de toutes les tentatives de propagande et d'obstructions.
Déclaration conjointe de l'Allemagne, l'Australie, la Bulgarie, le Canada, le Danemark, l'Estonie, des Etats-Unis d'Amérique, de la France, l'Islande, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, des Pays-Bas, de la Pologne, la République tchèque, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et de la Slovaquie
Les enquêteurs de l'OIAC sont en Syrie depuis deux semaines. Ils effectuent leur travail dans des conditions très difficiles. Nous leur apportons notre soutien plein et entier. Au lieu de collaborer avec l'OIAC pour l'aider dans son enquête, la Syrie et la Russie n'ont cessé de dresser des obstacles dans le but de retarder son déploiement à Douma et de mener une campagne de propagande contre elle. l'Allemagne, l'Australie, la Bulgarie, le Canada, la République tchèque, le Danemark, l'Estonie, les Etats-Unis d'Amérique, la France, l'Islande, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, les Pays-Bas, la Pologne, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord et la Slovaquie, pays signataires de la présente déclaration conjointe et Etats Parties à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), entendent attirer l'attention sur cette intolérable campagne de diffamation menée par la Russie contre l'OIAC et appeler à y mettre un terme. Aujourd'hui, la Russie a décidé d'organiser une prétendue réunion d'information au siège de l'OIAC, qui n'est rien d'autre qu'un simple exercice de propagande.
Pire encore : en présentant l'information dans les locaux de l'OIAC, la Russie tente de donner la fausse impression que l'OIAC a organisé cette réunion à la demande de la Russie. Rien n'est moins vrai. Le Directeur général de l'OIAC a tenu sans ambiguïté à se dissocier de cette réunion. Il a fait savoir à la Russie que cette réunion, au cours de laquelle des « témoins » prétendront avoir été engagés pour simuler une attaque à l'arme chimique, va à l'encontre du travail que les inspecteurs de l'OIAC sont en train d'effectuer en Syrie et que, si ces « témoins » détiennent des informations utiles sur l'incident, ils doivent en premier lieu être présentés aux enquêteurs de la FFM (Mission d'établissement des Faits) pour être interrogés.
L'authenticité des informations recueillies à ce jour concernant les attaques chimiques perpétrées à Douma le 7 avril, grâce à de nombreux témoignages, est incontestable. Des ONG médicales ont trouvé des traces d'agents chimiques sur les victimes. De nombreuses photos et vidéos, qui se corroborent mutuellement, ont été authentifiées. Les symptômes présentés le jour de l'attaque par plus de 500 patients accueillis dans les centres médicaux évoquaient indubitablement une intoxication au gaz. L'OMS a exprimé son inquiétude devant des rapports de ses partenaires sur l'état de patients présentant des signes et symptômes révélateurs d'une exposition à des substances chimiques toxiques. Nous attendons que ces informations soient vérifiées et confirmées par un examen indépendant de la FFM.
Obstruction, propagande, désinformation sont autant de tentatives visant à porter atteinte au cadre multilatéral. Nous exhortons la Russie à coopérer pleinement avec l'OIAC, comme elle a affirmé à maintes reprises vouloir le faire et comme ses engagements internationaux l'y obligent. Nous appelons également la Russie à exercer la responsabilité qui lui incombe d'exhorter la Syrie à respecter pleinement ses engagements au titre de la CIAC.
Nous réaffirmons notre plein soutien au Directeur général de l'OIAC et au Secrétariat technique et exprimons notre entière confiance dans le travail de l'OIAC. »
French Foreign Ministry's allegations of Russia's "information manipulation" regarding the alleged chemical incident in Douma
« We have noted French Foreign Minister Jean-Yves Le Drian's statements accusing Russia of "permanent manipulation" regarding the alleged chemical incident in the Syrian city of Douma. The French side claims that Russia is spreading videos with children while "45 people lost their lives." However, the facts are completely different.
The materials presented by the Russia side (unlike those you, Mr Le Drian, relied on in Paris as you were taking the decision to join the US punitive action) feature real witnesses of the events in Douma. As we all know, witnesses have already arrived at the OPCW in The Hague so as to give first-hand testimony to the representatives of the Convention states parties. These are not some video clips and materials from social networks and blogs, some of them anonymous, that you, Mr Le Drian, distribute as evidence of the need to launch strikes at the capital of a sovereign nation. People in person came to The Hague and will speak, they will tell what they experienced, how fake videos are shot and how the roles are distributed. It's going to be interesting.
It has proved impossible so far to find the victims or injured people that French Foreign Minster Le Drian spoke about, or even traces of the alleged use of chemical weapons. You will agree that the difference in the evidence base is obvious.
It is not improbable that French Foreign Minister Le Drian's emotional interview was triggered by the weakened positions of the advocates of the illegal aggression against Syria. Could that be the case? Representatives of the French political parties doubt the credibility of the video and photo materials that were used to fabricate accusations against the Syrian authorities. During the parliamentary debates on April 16, they said there was no solid proof of the fact that the Bashar al-Assad regime had used chemical weapons in Douma, whereas some MPs directly pointed to the staged nature of the incident.
I would like to say to our French colleagues that 15 years ago France managed to evade the trap set by Washington as it spoke of Iraq's chemical weapons. What has happened to France over the period of the last 15 years? »
Publicado por Curso de Derecho Internacional. Costa Rica
La source originale de cet article est Curso de Derecho Internacional, Costa-Rica
Copyright © Prof Nicolas Boeglin, Curso de Derecho Internacional, Costa-Rica, 2018