© Saudi Press Agency / Reuters
Le nouveau chef de la diplomatie américaine a affiché en Arabie saoudite et en Israël la ligne dure de son pays vis-à-vis de Téhéran. Pendant ce temps, Paris, Londres et Berlin se sont entendus pour apporter leur soutien à l'accord sur le nucléaire.
Les 28 et 29 avril, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'est rendu en Arabie saoudite puis en Israël, deux alliés stratégiques de Washington qui considèrent l'Iran comme leur ennemi. Il a ensuite rejoint Amman pour des entretiens qui auront lieu le 30 avril avec des responsables jordaniens.
«L'Iran doit être stoppé»: Washington, Riyad et Tel-Aviv font front
Peu après l'arrivée du chef de la diplomatie américaine sur le sol saoudien, Washington a annoncé la couleur. «Nous appelons les nations du monde à sanctionner tout individu et entité associé au programme balistique de l'Iran», a lancé Brian Hook, conseiller de Mike Pompeo, à des journalistes le soir du 28 avril.
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Le nouveau chef de la diplomatie américaine n'a pas adouci le ton lors de sa rencontre avec les autorités saoudiennes, accusant, selon l'AFP, l'Iran d'être «le plus grand sponsor du terrorisme dans le monde», de vendre «des armes aux Houthis [que combat l'Arabie saoudite] au Yémen», de diriger «des campagnes de piratage informatique» ou encore de soutenir «le régime meurtrier d'Assad» en Syrie.
Le lendemain, à Tel-Aviv, Mike Pompeo a affiché la même ligne hostile à Téhéran, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou : «L'ambition de l'Iran reste de dominer le Moyen-Orient.» Le Premier ministre israélien a pour sa part accusé l'Iran de vouloir «avaler un pays l'un après l'autre», avant de poursuivre : «[Téhéran] doit être stoppé, son projet de bombes nucléaires doit être stoppé, son agression doit être stoppée.»
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Macron et Rohani s'entendent pour défendre l'accord sur le nucléaire iranien
L'accord sur le nucléaire iranien de 2015 (qui a pour but de stopper le programme nucléaire militaire de Téhéran en échange de la levée des sanctions économiques) conclu par six grandes puissances (Etats-Unis, Chine, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) avec l'Iran, a également été au menu des discussions à Riyad, comme à Tel-Aviv.
«Si nous ne pouvons pas le modifier, [Donald Trump] s'en retirera», a fait savoir Mike Pompeo en Israël, alors que le président des Etats-Unis ne cache pas sa nette opposition au texte, qu'il juge «horrible».
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Mais, alors que Mike Pompeo assurait à Riyad que Washington allait «continuer à travailler» avec ses «alliés européens» pour «corriger» l'accord sur le nucléaire, le président iranien Hassan Rohani s'entretenait par téléphone avec son homologue français. Selon la présidence iranienne, durant la conversation, Téhéran a réitéré que le texte n'était «en aucune manière négociable». D'après un communiqué de l'Elysée, cité par Reuters, les deux dirigeants se seraient entendus pour œuvrer dans les prochaines semaines au maintien de l'accord.
Lors d'un autre entretien par téléphone, le Premier ministre britannique Theresa May, la chancelière allemande Angela Merkel et Emmanuel Macron se sont par ailleurs entendus sur le fait que l'accord actuel était «le meilleur moyen de neutraliser la menace d'un Iran doté de l'arme nucléaire».
Selon le bureau de Theresa May, les trois dirigeants ont néanmoins convenu «que des éléments importants n'étaient pas couverts» par l'accord actuel, notamment «les missiles balistiques, ce qui se passera à l'expiration de l'accord et l'activité déstabilisatrice de l'Iran dans la région».
Ces sujets recoupent trois des «quatre piliers» d'un possible nouvel accord, récemment évoqué par Emmanuel Macron auprès de Donald Trump.
Washington soutient l'Arabie saoudite au Yémen
A Riyad, l'ancien patron de la CIA a enfin réaffirmé le plein soutien de Washington à son allié saoudien concernant le conflit au Yémen, où l'Arabie saoudite est depuis 2015 à la tête d'une coalition militaire de pays arabes qui intervient contre les rebelles Houthis. Depuis le début de son intervention en mars 2015, le conflit au Yémen a fait plus de 8 750 morts, d'après l'ONU, dont de nombreux civils. La situation humanitaire sur place ne cesse d'empirer et une épidémie de choléra aurait déjà touché plus d'un million de personnes.
Mike Pompeo a par ailleurs expliqué qu'il avait aussi discuté de la possibilité de voir Riyad faire davantage pour soutenir les opérations antidjihadistes dirigées par Washington en Syrie, comme le souhaite Donald Trump.
«C'est un problème compliqué [...] Je veux d'abord m'assurer que nous sommes sur la même longueur d'ondes», a déclaré le secrétaire d'Etat. Au sujet de la crise qui oppose le Qatar à ses voisins du Golfe, il a insisté sur la «nécessaire unité» de ces pays afin de faire face au «défi commun» posé par l'Iran.