C'est un bon signe des temps que la Chambre des Représentants aient voté par une majorité très significative, - 251 voix contre 170, - l'ajout d'une disposition au texte de loi sur le budget du Pentagone pour l'année fiscale 2020 (FY2020), laquelle disposition restreint radicalement la possibilité pour les président des États-Unis de déclencher une guerre contre l'Iran. Le vote est particulièrement significatif, dans la mesure où il a lieu dans une atmosphère de confrontation générale dans le Golfe, avec des bruits de conflit avec l'Iran, qui est une de ces atmosphères qui auraient conduit à un soutien bipartisan de pouvoirs de guerre donnés au président dans les temps anciens, in illo tempore, lorsque le pouvoir du système de l'américanisme fonctionnait encore. Mais l'on sait bien que nous ne sommes plus dans ces "temps anciens", plus du tout même, que Washington D.C. est devenu "D.C.-la-folle", et que la Chambre, qui est aux mains des démocrates, a d'une certaine façon plus voté contre Trump que pour la paix, - selon l'argument supposé, et d'ailleurs contestable terriblement, que Trump veut la guerre contre l'Iran.
Quoi qu'il en soit des arrière-pensées sans nom et des imbroglios juridiques qui séparent un tel voter d'une restriction/d'une interdiction effective de faire la guerre, il reste que le vote a eu lieu, et qu'il porte quoi qu'il en soit sur une telle restriction. Au reste, cela permet de rendre les affaires encore plus compliquées, notamment pour le parti démocrate, dont tous les candidats (une vingtaine et le reste) à la désignation du parti pour les présidentielles de 2020 (USA-2020) sont tous pro-guerre, conformément aux consignes... Sauf Tulsi Gabbard, bien entendu, ce qui fait de ce vote de la Chambre une sorte d'investiture indirecte de la candidate Tulsi Gabbard !
Quelques indications données par RT-France :
« La Chambre des représentants américaine a adopté une mesure destinée à restreindre la possibilité pour Donald Trump d'attaquer l'Iran, s'inquiétant du fait que les positions du président républicain pourraient déclencher une guerre inutile.
» La chambre basse du Congrès, la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, a approuvé le 12 juillet un amendement à un projet de loi sur le budget de la défense FY2020 interdisant le financement d'opérations militaires contre l'Iran, à moins qu'il ne s'agisse d'autodéfense ou qu'il ait été approuvé explicitement par les parlementaires.
» Une initiative similaire a échoué au Sénat, aux mains des républicains. Les deux chambres vont devoir négocier pour parvenir à une version du projet de loi sur laquelle ils seront d'accord. Le représentant démocrate Ro Khanna, à l'origine de l'amendement, a estimé que cette mesure démontrait que les États-Unis en avaient assez des guerres.
» "En vérité, ce que cette loi va empêcher c'est d'engager une autre guerre sans fin et coûteuse au Moyen-Orient, et c'est justement ce que ce président a promis au peuple américain qu'il ne ferait pas", a-t-il affirmé dans l'hémicycle....
» Michael McCaul - plus haut responsable républicain au sein de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants - a qualifié l'amendement d'"irresponsable" car l'action de l'armée ne devrait pas, selon lui, être suspendue à un processus législatif potentiellement prolongé.
» "Cela va lier les mains de notre armée dans une période périlleuse. Nous avons besoin que l'Iran et ses affiliés terroristes y pensent à deux fois avant d'attaquer les Américains, nos amis et nos intérêts", a-t-il ajouté. Reste que 27 représentants républicains ainsi que l'ancien républicain devenu indépendant, Justin Amash, ont apporté leurs voix à l'écrasante majorité des démocrates pour soutenir cet amendement. Ce dernier a été co-présenté - avec Ro Khanna - par le représentant républicain Matt Gaetz qui a accusé ses collègues "assoiffés de guerre" de ne pas être honnêtes envers les troupes américaines sur les raisons pour lesquelles elles devraient être envoyées au combat. »
Cela fait plusieurs mois, bientôt un an, en octobre 2019, que le Congrès a pris une attitude tout à fait inhabituelle sur ces questions des conflits au Moyen-Orient. Cela a commencé avec l'assassinat du journaliste américano-iranien Khashoggi, dans des conditions atroces à un consulat saoudien en Turquie, et du fait du prince MbS, ordonnant directement cette exécution et les conditions dans lesquelles elle eut lieu. A partir de là, le Congrèsa développé une rage anti-saoudienne considérable, passant notamment par une poussée continue contre l'"engagement" US dans la tuerie du Yémen... Cela aboutissant, par exemple car il y aura d'autres tentatives, par un vote, en avril 2019, du Congrès [Sénat & Chambre] pour faire cesser l'aide en logistique, en armements et en "services" divers que les USA apportent à l'Arabie dans son agression contre le Yémen. Bien entendu, le vote a été liquidé par une menace de veto du président,mais là aussi il faut considérer l'acte symbolique et d'autre part admettre que le Congrès peut revenir à l'attaque.
Le Congrès se place dans la logique de la restauration, ou de la réaffirmation du War Powers Act, lui-même réaffirmation d'une loi fondamentale de la Constitutionselon laquelle c'est le Congrès qui décide de l'entrée en guerre des États-Unis. C'est pourquoi, les législateurs sont passés de la question du Yémen, directement anti-saoudienne, à la question de l'Iran qui l'est beaucoup moins directement, mais qui se voudrait plutôt clairement anti-Trump, (bien qu'il soit très probable qu'au fond de lui-même, Trump ne souhaite aucune guerre contre l'Iran) - et qui se trouve être, en passant, surprise surprise, clairement anti-israélienne.
Rien n'est fait de décisif en aucune façon, surtout pas une législation ordonnant (à nouveau, rengaine du War Powers Act) au président d'en passer par le Congrès pour décider d'une action de guerre. Ce qui doit plus nous arrêter, comme d'habitude, c'est le désordre que dénotent ces attitudes et ces comportements divers, et notamment ce fait de l'incontrôlabilité du Congrès par ceux qui, d'habitude, détiennent tous les leviers d'influence à Washington D.C.... A "D.C.-la-folle", où tout devrait être irrésistiblement pro-guerre, il semble bien que des poussées d'antiguerre se manifestent au cœur même de la machinerie du pouvoir, parce que les fils des marionnettes sont terriblement usés, et les impulsions électriques déclenchant les réflexes pavloviens et pro-guerre de trop faible intensité.
L'essentiel est de comprendre qu'il ne s'agit, dans le chef du vote de la Chambre, que d'une partie d'un épisode d'un feuilleton maintenant bien lancé, notamment depuis octobre 2018. Il recèle, en sous-jacence une poussée potentielle contre les conflits extérieurs, que les parlementaires pourraient un jour prendre à leur compte de manière décisive, qui pourrait un autre jour ou un jour plus tard faire la fortune d'un candidat à l'élection présidentielle (on voit de qui l'on veut parler)
Il suffit de comprendre qu'à "D.C.-la-folle", actuellement, beaucoup de choses, sinon à peu près tout est possible. La raison fondamentale de cette situation et de ces dynamiques est la présence extrêmement forte de l'affectivisme qui ne cesse de croiser et d'influencer les politiques diverses, et l' affectivisme principal (chez les démocrates massivement, bien entendu) étant la haine de Trump... Ainsi, lorsque l'affectivisme de cette sorte conduit à épouser un courant de pression antiguerre, il devient à la fois vertueux et antiSystème à nos yeux.