Les organisateurs ont décidé de maintenir la manifestation pro-palestinienne prévue le 15 mai à Paris. Celle-ci a été pourtant interdite par la préfecture de police sur demande du ministère de l'Intérieur.
«Parce que nous refusons de taire notre solidarité avec les Palestiniens, et que l'on ne nous empêchera pas de manifester, nous serons présents (au métro) Barbès demain [15 mai] à 15h», a affirmé l'Association des Palestiniens en Ile-de-France, dans un communiqué signé également par Attac, l'Action antifasciste Paris-Banlieue, le Nouveau parti anticapitaliste ou le Parti des indigènes de la République.
Cette annonce est intervenue dans la soirée du 14 mai, peu après que le tribunal administratif a confirmé l'interdiction de manifester, rejetant un recours en référé-liberté déposé par les avocats de l'Association des Palestiniens en Ile-de-France.
«La France est le seul pays démocratique à interdire ces manifestations», ont réagi auprès de l'AFP les avocats Sefen Guez Guez, Dominique Cochain et Ouadie Elhamamouchi, en annonçant faire «appel devant le Conseil d'Etat de ce rejet». «Participer à une manifestation interdite fait l'objet d'une verbalisation à hauteur de 135€», a de son côté prévenu la préfecture de police de Paris sur Twitter. L'interdiction de manifester avait été prise le 13 mai au soir par le préfet de police de Paris, Didier Lallement. Pour motiver l'interdiction, il a pointé «un risque sérieux [de] troubles graves à l'ordre public». Et mis en avant, comme Gérald Darmanin, le précédent de 2014, lorsqu'une manifestation pro-palestinienne à Paris avait dégénéré en violences urbaines.
Le tribunal administratif a jugé que le contexte «tant international qu'intérieur» ne permettait pas «d'estimer que les risques de troubles graves [ne] seraient pas aussi importants voire supérieurs à ceux avérés en 2014», selon la décision. Le tribunal a aussi jugé que les forces de l'ordre, déjà «fortement mobilisées» dans le cadre de Vigipirate, seraient par ailleurs appelées ce week-end à veiller au respect des mesures sanitaires.
Des manifestations statiques autorisées en région
«Depuis 2014, il y a eu plein de manifestations de défense de la cause palestinienne qui se sont déroulées sans aucun problème», avait rétorqué Sefen Guez Guez. L'Association des Palestiniens en Ile-de-France avait «condamné cette interdiction» le 13 mai, l'un de ses responsables, Walid Atallah, dénonçant la «complicité de la France avec l'Etat d'Israël».
La manifestation était au départ prévue pour commémorer la Nakba, l'exode de centaines de milliers de Palestiniens à la création d'Israël en 1948. Avant que la flambée de violence en Israël et dans la bande de Gaza ces derniers jours ne vienne dessiner la perspective d'un rassemblement important. Les organisateurs comptaient notamment y dénoncer la position de la France, jugée trop favorable à Israël, et lui demander de «condamner plus fermement les bombardements qui tuent des civils à Gaza», selon Walid Atallah.
Gérald Darmanin a demandé aux préfets de suivre de près les rassemblements de soutien au peuple palestinien prévus dans d'autres villes et d'assurer la protection des lieux fréquentés par la communauté juive. Pour le 15 mai, certaines manifestations ont été interdites, comme à Nice. En revanche, des rassemblements - statiques - ou des manifestations sont autorisés, à Lyon, Bordeaux, Montpellier, Marseille, Nantes, Rennes, Toulouse, Lille, Metz, Strasbourg ou encore Saint-Etienne.
L'affaire divise la classe politique, entre soutiens de la demande du gouvernement et ceux qui dénoncent une interdiction «inacceptable».
Les affrontements entre le Hamas et Israël ont fait au 15 mai plus de 126 morts à Gaza, enclave palestinienne sous blocus israélien contrôlée par le Hamas, et neuf côté israélien, et ne montraient aucun signe d'apaisement.
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