A l'annonce du cessez-le-feu, conclut entre Israël et les factions palestiniennes, des milliers de Palestiniens, à Gaza et en Cisjordanie, ont exprimé leur joie dans les rues.
Car en dépit des destructions, des morts (230 côté palestinien, dont 116 civils), des blessés et des déplacés, l'arrêt des combats à un goût de victoire pour les factions de la Résistance. Malgré sa puissance de feu, l'armée israélienne n'a pas atteint ses objectifs. Elle n'a su ni arrêter les tirs de missiles, ni détruire les capacités militaires du Hamas et du Jihad islamique palestinien.
11 jours plus tôt, le 10 mai, le Hamas lançait un ultimatum à Israël. Il demandait le retrait des troupes de l'Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'Islam, et l'arrêt des expulsions des habitants arabes du quartier de Cheikh Jarrah, source des tensions durant le mois de Ramadan. Les roquettes qui furent ensuite tirées depuis l'enclave de Gaza n'étaient donc pas une attaque comme l'ont présenté les médias, mais bien une riposte aux exactions de l'occupation.
Les dirigeants politiques israéliens ont échoué
face à la Résistance palestinienneAvidgor Liberman, député à la Knesset et ancien ministre de la Défense israélien
Les leçons à tirer
Le premier enseignement c'est l'unité du peuple palestinien derrière la Résistance armée. En Palestine, et notamment à Jérusalem, des milliers de personnes avaient ainsi appelé la Résistance à leur venir en aide. Certains allant même jusqu'à prêter allégeance à Mohammed Deïf, commandant suprême des Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas.
Deuxième leçon : les factions palestiniennes ont largement augmenté leur arsenal, leurs capacités militaires, et leur coordination depuis 2014. En onze jours, elles ont tiré plus de 4 400 roquettes, soit plus que le Hezbollah en 2006 (4 000 roquettes en 4 semaines) et autant que lors de la guerre de 2014 (4 500 roquettes en 7 semaines). La Résistance a aussi intégré de nouvelles armes, des drones et des mini sous-marins explosifs, ainsi que les missiles Ayyash 250, capable de frapper tout le territoire israélien, une première dans l'histoire.
La dimension régionale du conflit
Le 13 mai, trois roquettes étaient tirées depuis le Liban vers Israël, sans faire de dégâts. Le lendemain, trois nouveaux projectiles étaient envoyés depuis la Syrie. Ces tirs, provenant à priori de factions palestiniennes, ont un temps pu faire croire que le conflit allait prendre une autre dimension. Dans le même temps, au cours de manifestations organisées dans le sud du Liban, à la frontière, un jeune membre du Hezbollah était tué par les forces israéliennes. Puis, le 17 mai, quatre autres missiles décollaient du Liban.
Prudent, le Hezbollah n'a pas souhaité intervenir directement. Un discours de son leader, Hassan Nasrallah, a même été annulé, en attendant de voir l'évolution du conflit. Le parti chiite ne peut sans doute pas se permettre une confrontation majeure pour l'instant. La situation économique désastreuse du Liban, et les négociations iraniennes sur le nucléaire, l'ont probablement dissuadé de s'impliquer dans la crise.
A plus de 200 kilomètres du Liban, à Gaza, la nuit du cessez-le-feu a été ponctuée de défilés, de klaxons, de feu d'artifices et de chants. Une nuit de liesse pour une population qui a résisté, héroïquement, aux bombes israéliennes. A l'aube, les plus valeureux entameront les premières reconstructions. En Cisjordanie, des manifestations similaires ont eu lieu. A Jérusalem, au pied de la mosquée Al-Aqsa, le rassemblement a très vite pris une tournure anti-Abbas, le président de l'autorité palestinienne. Si les armes se sont tues à Gaza, rien n'indique que l'occupation ne poursuivra pas ses crimes dans les territoires occupés.