© FADEL SENNA Source: AFP
La police ukrainienne inspecte les débris d'un missile tombé à proximité de la gare de Kramatorsk (image d'illustration).
8 avr. 2022, 12:29
Une trentaine de personnes ont été tuées après des tirs de missiles sur la gare de Kramatorsk, attribués à un Totchka-U ukrainien par la République de Donetsk et Moscou. Kiev accuse pour sa part la Russie d'avoir mené cette frappe.
Au moins une trentaine de personnes ont été tuées et 100 blessées le 8 avril après que deux missiles se sont abattus sur la gare de Kramatorsk, dans le Donbass (est de l'Ukraine), par laquelle des milliers de civils sont évacués depuis plusieurs jours. Le patron de la compagnie ferroviaire ukrainienne Ukrzaliznytsia, Oleksandre Kamychine, a évoqué 30 morts et plus de 100 blessés, dénonçant sur sa chaîne Telegram une «frappe délibérée». Les services de sécurité ukrainiens ont annoncé un peu plus tard 39 morts, dont quatre enfants. Edouard Bassourine, représentant de la milice de la République populaire de Donetsk, avait pour sa part fait état plus tôt d'au moins 27 morts dont deux enfants. De son côté, l'AFP, citant un bilan donné par les services de secours, annonçait au moins 35 morts.
L'intérieur et l'entrée de la gare étaient eux couverts de sang, de longues traces s'étendant par endroits sur le trottoir et des rangées de banc étant carbonisées. Sur le parvis devant la gare, les restes d'un missile - un Totchka-U, d'après plusieurs sources - étaient toujours visibles, sur lequel on pouvait lire en russe «Pour nos enfants», selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
Accusations mutuelles
Selon l'état-major de la défense territoriale de la République populaire autoproclamée de Donetsk, les forces armées ukrainiennes seraient responsables du lancement d'un missile sur le quartier de la gare de Kramatorsk. D'après l'état-major, les fragments d'un missile Totchka-U sont tombés dans les environs immédiats de la gare. Or, «ce système de missiles soviétique obsolète n'est pas en service dans la République populaire de Donetsk, dans la République populaire de Lougansk ou en Fédération de Russie. Il est activement utilisé par les militaires ukrainiens», affirme l'état-major.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté dénoncé une attaque qui aurait été déclenchée par la Russie. «Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C'est un mal qui n'a pas de limite. Et s'il n'est pas puni, il ne s'arrêtera jamais», a-t-il affirmé sur Instagram, en dénonçant des dénonçant les méthodes «inhumaines» des forces russes. Sur Instagram, il a lui aussi affirmé qu'il s'agissait d'un Totchka-U.
L'armée russe a plus tard également démenti avoir effectué une quelconque mission de tir dans la ville de Kramatorsk le 8 avril, dénonçant une «provocation» des forces de Kiev. «Toutes les déclarations des représentants du régime nationaliste de Kiev sur le fait que la Russie a mené une attaque de missile contre la gare ferroviaire de Kramatorsk sont une provocation et ne correspondent pas à la vérité», a en effet réagi le ministère russe de la Défense.
«Nous tenons à souligner que les missiles tactiques Totchka-U dont les fragments ont été retrouvés près de la gare de Kramatorsk et dont les images ont été publiées par les témoins oculaires ne sont utilisés que par les forces armées ukrainiennes», peut-on encore lire dans le communiqué.
La ville de Kramatorsk, située dans le Donbass, était sous le contrôle de Kiev mais la République populaire autoproclamée de Donetsk (reconnue par la Russie) la considère comme faisant partie de son territoire.
Un missile similaire à celui ayant frappé le centre ville de Donetsk
La République populaire autoproclamée de Donetsk avait déjà mis en cause, mi-mars, le même type de missile dans une attaque attribuée à l'Ukraine sur le centre ville de Donetsk mi-mars.
«Le 14 mars 2022, un missile Totchka-U similaire, tiré par un bataillon de la 19e brigade autonome de missiles des forces armées ukrainiennes a frappé le centre de Donetsk, tuant 17 personnes sur place et blessant 36 autres civils», rappelle ainsi la Défense russe dans son communiqué.
A l'époque, le porte-parole du ministère russe de la Défense avait qualifié l'attaque, dont la responsabilité est contestée par la partie ukrainienne, de «crime de guerre».