IRIB-Plusieurs milliers de Grecs se sont rassemblés, jeudi, pour la deuxième soirée consécutive, à Athènes et Salonique (nord), à l'appel d'un collectif, les "Indignés", protestant, sur le modèle espagnol, contre l'austérité imposée au pays.
En début de soirée, les manifestants, protégés par des parapluies de violentes pluies orageuses, étaient, environ, 3.000, selon un photographe de l'AFP, la moitié, selon la police, en début de soirée.
A Athènes, les "Indignés" grecs montent leur campement place Syntagma
ATHENES (AFP) - Après Madrid, les "Indignés" grecs, qui réunissent des milliers de personnes depuis deux jours à Athènes via les réseaux sociaux, montent un campement place Syntagma, devant le Parlement, pour exiger une "vraie démocratie" ou un "référendum" contre l'austérité.
Vendredi, la place centrale d'Athènes, lieu de convergence de toutes les manifestations qui rythment le quotidien du pays depuis un an, est devenue une sorte de ruche, où se côtoient touristes flâneurs, députés pressés, et petits groupes de militants de tous bords qui disent vouloir "réveiller" la démocratie grecque.
Sous un arbre, une grande table sur des tréteaux porte l'inscription "une vraie démocratie maintenant" (realdemocratie.gr). Des listes y sont accrochées portant des en-têtes comme "secrétariat", "traduction juridique", "transport", ou encore "sécurité", et les passants sont invités à inscrire leurs noms.
Une pétition? non. "Nous collectons les adresses et contacts des gens qui peuvent nous aider à nous organiser selon leurs talents", explique à l'AFP un jeune homme barbu, qui s'affaire au-dessus d'un carton plein de fiches et préfère taire son identité.
"Nous dormons ici sous des tentes", ajoute-t-il, en montrant derrière lui plusieurs petites tentes rouges et vertes tassées les unes contre les autres.
© AFP Un manifestant est assis devant une rangée de policiers, le 26 mai 2011 devant le Parlement grec à Athènes
© AFP Aris Messinis
"Ce que nous voulons? une vraie démocratie, c'est tout", se contente-t-il de dire, les yeux tournés vers le Parlement voisin. "Revenez à 21 heures", ajoute-t-il, "nous vous dirons exactement qui nous représentons car nous n'avons pas encore élu nos chefs".
Plus loin, une bannière a été hissée sur le mur de l'entrée d'une station de métro portant, rédigée en français, l'inscription en lettres géantes: "Et vous combien de temps allez-vous dormir?", invitant les Français à se joindre aux mouvements de protestation pacifiques, à l'instar de ceux qui ont eu lieu en Espagne.
En Grèce, où la contestation était jusqu'à présent portée par des manifestations quasi-institutionnelles, ritualisées à l'extrême, et encadrées de près par les partis, tous les mouvements et groupuscules actifs sur internet, certains se disant apolitiques, d'autres ultra-engagés, se sont révélés au grand jour mardi.
Ce jour là a eu lieu le premier rassemblement "d'Indignés" sur la place Syntagma, lancé notamment via Facebook. Il a réuni spontanément 8.000 personnes, selon la police, mais plus probablement 20.000, selon la plupart des médias, venus sans slogan, sans étiquette, juste dire que la vie devient trop difficile en Grèce.
Le lendemain, plusieurs milliers de personnes ont à nouveau afflué.
© AFP Des manifestants devant le Parlement grec à Athènes le 26 mai 2011
© AFP Aris Messinis
De fait, après un an d'austérité draconienne, et surtout plus de deux ans de profonde récession, la population a du mal à digérer les nouvelles mesures de rigueur en préparation, censées stopper l'avancée de la crise de la dette qui fait trembler toute la zone euro.
Vendredi, les créanciers du pays, UE et FMI, étaient d'ailleurs engagés dans une partie de poker à trois avec le gouvernement grec et l'ensemble des partis politiques du pays pour exiger un consensus sur le renforcement de l'austérité et des privatisations en échange de leur soutien financier.
"Ce n'est que du théâtre, et ils sont de très mauvais comédiens", juge Panos Theodorides, un agent d'assurances présent depuis dimanche place Syntagma, après avoir lancé, sur internet également, le groupe "Les 300 Grecs" pour demander un référendum sur l'arrêt du mémorandum signé en 2010 par la Grèce avec l'Union européenne et le Fonds Monétaire international.
"Nous avons recueilli 5.000 signatures en quelques jours" dit-il. "Nous ne partirons pas d'ici avant qu'il n'y ait un référendum".