Le chanteur populaire vénézuélien Ali Primera a dans une chanson qui l'a rendu célèbre déclaré : « Los que mueren por la vida no pueden llamarse muertos » (Ceux qui meurent pour la vie ne peuvent s'appeler des morts). Ceci est vrai pour Simon Bolivar, Ernesto Guevara ou encore Hugo Chavez. Mais c'est aussi le cas pour Eduardo Galeano, grand écrivain, journaliste et historien uruguayen, qui nous a quittés hier. Cette mort qui survient tout juste un an après celle de son homologue colombien, Gabriel Garcia Marquez rend le continent latino-américain orphelin d'une ses plus belles plumes.
Combattant infatigable pour la liberté, la dignité et la justice, il aura dédié sa vie à la cause des plus pauvres. Ses nombreux écrits l'amèneront à évoquer des thèmes divers tels que la politique ou le football dont il était fan et ceci toujours dans un esprit critique et souvent poétique.
C'est en 1971, alors qu'il vit en exil, que le nom d'Eduardo Galeano retentit pour la première fois en Amérique latine. Cette année là en effet, il publie l'ouvrage de sa vie, l'un plus grands chefs d'œuvres de la littérature, il s'agit bien sûr des Veines ouvertes de l'Amérique latine.
Quarante ans plus tard, ce livre traduit dans vingt langues et vendu à des milliers d'exemplaires à travers le monde est plus que jamais d'actualité. Preuve de la puissance de cet ouvrage : en 2009, lors du sommet des Amériques à Trinidad et Tobago, l'ancien président vénézuélien Hugo Chavez offrit Les veines ouvertes de l'Amérique latine au président Barack Obama. Une manière de montrer à son homologue états-unien l'histoire et les souffrances endurées par le sous-continent notamment et surtout à cause de l'impérialisme états-unien.
Ce chef-d'oeuvre est en effet un violent réquisitoire contre la situation alarmante dans laquelle se trouve alors le continent aux veines ouvertes. Misère, dénutrition, indigence, analphabétisme, inégalité, injustice... La liste est encore longue. Et les responsables de ces maux atroces sont tous identifiés avec précision par Galeano. Ce sont d'abord les colonisateurs espagnols et portugais, génocidaires d'Indiens. Puis viennent les multinationales, l'impérialisme et le néocolonialisme, d'abord anglais puis états-unien. Mais aussi les oligarchies nationales plus disposées à servir les intérêts des États-Unis qu'à développer leur pays.
Tout au long de sa vie, Eduardo Galeano n'aura cessé de mener le combat contre tous ceux qui ont ensanglanté l'Amérique Latine, une terre qui l'aimait tant.
Néanmoins, Eduardo Galeano n'est mort que physiquement. Ses luttes, ses écrits en faveur des plus pauvres eux ne mourront jamais et continueront à résonner en Amérique latine et dans le monde. C'est aussi à cela que l'on reconnaît les grands hommes. Leur intemporalité.
Hasta la victoria siempre !