Le magazine allemand Die Zeit s'attaque aux décisions du gouvernement français contre le Covid-19. Il les juge autoritaires et prises «sans le Parlement» avec des risques de «conséquences lourdes» et n'ayant pas empêché un bilan «catastrophique».
Le 12 novembre, l'hebdomadaire de référence allemand Die Zeit a publié sur son site internet 𝕏 un article intitulé «Un Absurdistan autoritaire», dans lequel il critique les mesures prises par les autorités françaises pour lutter contre la propagation du coronavirus. Des mesures qui sont selon lui inefficaces, prises de façons autoritaire et - pour certaines - insensées.
L'article signé par Annika Joeres s'en prend tout d'abord aux auto-attestations nécessaires pour quitter son domicile et à la limitation de déplacement dans un rayon d'un kilomètre, qui conduit les adeptes de course à pied à «se bousculer dans les rues» plutôt qu'à pratiquer dans la nature.
L'auteur critique également l'ouverture partielle des magasins, caractérisée dans les grandes surfaces par «des panneaux d'avertissement ou des gardes de sécurité devant les bottes d'hiver ou devant les étagères avec des ours en peluche, afin que les clients n'achètent rien d'interdit».
Des mesures selon elle infantilisantes et incompréhensibles - ce qui entraîne une situation de mécontentement à l'égard du pouvoir, envers lequel «la confiance de la population est la plus basse en Europe» -, et qui seraient par ailleurs inutiles. «Le bilan français est catastrophique : bien que Paris ait au printemps et actuellement livré une réponse parmi les plus autoritaires contre la pandémie, le nombre de morts y ait plus élevé qu'en Suède où les mesures sont des plus libérales», relève sans appel le magazine de centre-gauche.
Une politique «quasi-monarchique»
Au delà de la nature des mesures, l'article à charge critique également la façon dont celles-ci ont été prises : «La politique de Macron est quasi monarchique. Des décisions aux lourdes conséquences sont adoptées par un conseil de Défense qui comprend quelques ministres, des fonctionnaires et des officiers. Le Parlement n'a pas son mot à dire et ne peut entériner les décisions.»
Die Zeit affirme par ailleurs que la Ligue des droits de l'Homme aurait affirmé ne pouvoir intenter de poursuite judiciaires contres les décisions liberticides prises par le gouvernement français car «l'état d'urgence permet tout». Une situation démocratiquement problématique et politiquement dangereuse, étant donné qu'«à part le Rassemblement national à l'extrême droite, la France n'a guère d'opposition audible».
En Allemagne, un reconfinement et un bilan plus légers
Si le magazine allemand se permet de telles critiques, c'est que la situation est moins sévère outre-Rhin. Un reconfinement anticipé y a également été instauré depuis 2 novembre mais, contrairement à la France, tous les magasins restent ouverts (à condition que les commerces en question accueillent une seule personne par 10 mètres carrés) et les Allemands ne doivent se munir d'attestations de déplacement dérogatoires lorsqu'ils quittent leur domicile. Ces fameuses attestations dont le Premier ministre Jean Castex a annoncé la prolongation du caractère obligatoire après le 1er décembre, et dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a appelé les préfets à renforcer le contrôle.
Mis en œuvre pour contenir une seconde vague du virus qui devrait selon le gouvernement être «sans doute plus meurtrière» que la première, le reconfinement va entrer dans sa troisième semaine. 418 personnes étaient décédées du Covid-19 en 24 heures selon les données du 12 novembre en France, et 33 172 nouveaux cas ont été détectés, ce qui porte le total à 1 898 710 cas. En Allemagne, le nombre de cas confirmés de contamination au coronavirus a atteint 727 553 et le nombre de morts s'élève à 11 982 depuis le début de l'épidémie selon Reuters, soit 3,5 fois moins qu'en France (42 960 décès).
Lire aussi Le décryptage - Confinement : des règles inchangées jusqu'au 1er décembre