25/08/2011 10 articles voltairenet.org  5min #56705

 L'après-kadhafi : des appétits à satisfaire, une transition compliquée et des orages annoncés avec Alger

La rapine du siècle : l'assaut des volontaires sur les fonds souverains libyens

Manlio Dinucci revient sur un élément souligné dans nos colonnes dès le début de la guerre de Libye :  les puissances coloniales « volontaires » se sont appropriées les colossaux investissements de l'État libyen à l'étranger. L'argent gelé dans des banques occidentales menaçait le monopole de la Banque mondiale et du FMI en finançant des projets de développement dans le tiers-monde. Il continue à « travailler » (non plus sous forme d'investissements, mais de garanties bancaires), cette fois au profit des Occidentaux.

La Banque centrale libyenne

L'objectif de la guerre en Libye n'est pas seulement le pétrole, dont les réserves (estimées à 60 milliards de barils) sont les plus importantes d'Afrique et les coûts d'extraction parmi les plus bas du monde, ni le gaz naturel dont les réserves sont estimées à environ 1 500 milliards de m3. Dans le viseur des « volontaires » de l'opération « Protecteur unifié  » il y a aussi les fonds souverains, les capitaux que l'État libyen a investi à l'étranger.

Les fonds souverains gérés par la Libyan Investment Authority (LIA) sont estimés à environ 70 milliards de dollars, qui grimpent à plus de 150 si l'on inclut les investissements étrangers de la Banque centrale et d'autres organismes. Et ils pourraient être plus importants encore. Même s'ils sont inférieurs à ceux de l'Arabie saoudite ou du Koweït, les fonds souverains libyens se sont caractérisés par leur croissance rapide. Quand la LIA a été constituée en 2006, elle disposait de 40 milliards de dollars. En cinq années à peine, elle a effectué des investissements dans plus de cent sociétés nord-africaines, asiatiques, européennes, nord-américaines et sud-américaines : holding, banques, immobilier, industrie, compagnies pétrolières et autres.

En Italie les principaux investissements libyens sont ceux effectués dans UniCredit Banca (dont LiA et la Banque centrale libyenne possèdent 7,5 %), dans Finmeccanica (2 %) et Eni (1 %) : ces investissements et d'autres (dont 7,5 % au Juventus Football Club) ont une signification moins économique (ils se montent à environ 4 milliards de dollars) que politique.

La Libye, après que Washington l'ait effacée de sa liste de proscription des « États voyous », a essayé de se refaire une place à un plan international en misant sur la « diplomatie des fonds souverains  ». Quand les États-Unis et l'Union européenne ont abrogé leur embargo de 2004 et que les grandes compagnies pétrolières sont revenues dans le pays, Tripoli a pu disposer d'un surplus commercial d'environ 30 milliards de dollars annuels qu'il a destiné en grande partie aux investissements étrangers. La gestion des fonds souverains a cependant créé un nouveau mécanisme de pouvoir et de corruption, aux mains de ministres et hauts fonctionnaires, qui a probablement échappé au contrôle de Kadhafi lui-même : confirmé par le fait qu'en 2009, ce dernier a proposé que les 30 milliards de dividendes pétroliers allassent « directement au peuple libyen  ». Ceci a accentué les fractures à l'intérieur du gouvernement libyen.

C'est sur ces fractures que se sont appuyés les cercles dominants étasuniens et européens qui, avant d'attaquer militairement la Libye pour mettre la main sur sa richesse énergétique, se sont appropriés les fonds souverains libyens. Cette opération a été favorisée par le représentant même de la Libyan Investment Authority, Mohamed Layas : comme le révèle un câble diplomatique publié par Wikileaks, le 20 janvier Layas a informé l'ambassadeur étasunien à Tripoli que la LIA avait déposé 32 milliards de dollars dans des banques étasuniennes. Cinq semaines plus tard, le 28 février, le Trésor étasunien les a « gelés  ». Selon les déclarations officielles, c'est « la plus grosse somme d'argent jamais bloquée aux États-Unis », que Washington garde « en dépôt pour l'avenir de la Libye ». Elle servira en réalité pour une injection de capitaux dans l'économie étasunienne toujours plus endettée. Quelques jours plus tard, l'Union européenne a « gelé » environ 45 milliards d'euros de fonds libyens.

L'assaut sur les fonds libyens aura un impact particulièrement fort en Afrique. Ici, la Libyan Arab African Investment Company a effectué des investissements dans plus de 25 pays, dont 22 en Afrique sub-saharienne, en programmant de les augmenter dans les cinq prochaines années, surtout dans les secteurs minier, manufacturier, touristique et dans celui des télécommunications. Les investissements libyens ont été décisifs dans la réalisation du premier satellite de télécommunications de la Rascom (Regional African Satellite Communications Organization) qui, mis en orbite en août 2010, permet aux pays africains de commencer à se rendre indépendants des réseaux satellitaires étasuniens et européens, en réalisant ainsi une économie annuelle de centaines de millions de dollars.

Plus importants encore ont été les investissements libyens dans la réalisation des trois organismes financiers lancés par l'Union africaine : la Banque africaine d'investissement, dont le siège est à Tripoli ; le Fond monétaire africain, basé à Yaoundé (Cameroun) ; la Banque centrale africaine, installée à Abuja (Nigeria). Le développement de ces organismes devait permettre aux pays africains d'échapper au contrôle de la Banque mondiale et du Fond monétaire international, tous deux instruments de domination néo-coloniale, et devait marquer la fin du franc Cfa, la monnaie que sont obligés d'utiliser 14 ex-colonies françaises. Le gel des fonds libyens assène un coup très dur à tout le projet. Les armes utilisées par les « volontaires » ne sont pas seulement celles de l'opération « Protecteur unifié  ».

 Manlio Dinucci
Traduction  Marie-Ange Patrizio
Source  Il Manifesto (Italie)

 voltairenet.org

Articles enfants plus récents en premier
05/09/2011 legrandsoir.info  7min #57055

 La rapine du siècle : l'assaut des volontaires sur les fonds souverains libyens

La guerre de l'otan contre la Libye est une guerre contre le développement de l'afrique (countercurrents)

Rebel Griot

"L'Afrique est la clé du développement économique mondial" ; ce récent titre du Washington Post est d'une honnêteté rafraîchissante, mais pas vraiment un scoop. La main d'oeuvre et les ressources africaines comme vous le dirait n'importe quel historien économique décent sont la clé du développement économique mondial depuis des siècles.

Quand les Européens ont découvert l'Amérique il y a 500 ans, leur système économique s'est disséminé à vive allure.

OTAN
28/08/2011 info-palestine.net  4min #56797

 La rapine du siècle : l'assaut des volontaires sur les fonds souverains libyens

Une guerre et des débiteurs

M. Saadoune - Le Quotidien d'Oran

La guerre en Libye n'a rien à voir avec le pétrole. C'est ce qu'on disait à Paris et à Londres.

Et ceux qui, sans avoir la moindre once de sympathie pour Kadhafi, osaient mettre en avant l'enjeu pétrolier dans le grand engagement des Occidentaux pour la « liberté » des Libyens passaient pour des rabat-joie. Ou pire, pour des défenseurs des dictatures.

Il y avait pourtant quelques éléments factuels évidents.

27/08/2011 mondialisation.ca  2min #56761

 La rapine du siècle : l'assaut des volontaires sur les fonds souverains libyens

Libye - le principal motif de l'agression: le Dinar Or (vidéo)

Encore une fois la chaine de télévision Russia Today offre un point de vue intéressant sur les véritables raisons de l'attaque en Lybie.

Le pétrole est certes une explication possible mais il s'agirait surtout d'empecher Kadhafi de vendre son pétrole en Gold Dinars (en or) au détriment du dollars, de changer le système bancaire de la nation Lybienne en imposant une banqu

26/08/2011 elcorreo.eu.org  10min #56742

 La rapine du siècle : l'assaut des volontaires sur les fonds souverains libyens

Bienvenus dans la « démocratie » de la Libye - pepe Escobar - El Correo

Pepe Escobar *

Le Grand Kadhafi a à peine quitté l'édifice - le complexe Bab-al-Aziziyah - que les vautours occidentaux font déjà une ronde là haut ; la rapine a commencé pour s'emparer du « grand prix » - la richesse libyenne de pétrole et de gaz. newsnet.fr

La Libye est un ouvrier agricole dans un échiquier idéologique, géopolitique, géoéconomique et géostratégique sérieux, au même degré qu'une pièce de théâtre de rue est comme un reality show de la télévision ; les « rebelles » idéalistes gagnent contre l'Ennemi Public Numéro Un.