Je continue mes "Chroniques de la dictature en marche", avec cet article de l'association Attac, qui s'empresse de s'engouffrer dans ce qui leur semble être une ouverture permise par les circonstances, et comme je l'ai dit précédemment, se sentent, grâce au discours du héros masqué Mister Superscore, "autorisés"à tenir leur discours habituel, mais cette fois en montant d'un ton.
C'est là que se soulèvent des questions, à propos des cellules dormantes, et du fait que ces associations, comme les politiciens, ne font que remplir le paysage des opinions de différents points de ralliement du peuple pour les conduire ver leur destinée unique, celle de l'auto-destruction (on peut le dire comme ça).
En réalité, même avec les plus bonnes intentions du monde, soit les initiatives populaires sont récupérées, selon une méthode qui consiste à en modifier le contexte pour leur donner un sens nouveau, soit elles sont simplement éliminées, quand il n'y a rien à en tirer, du point de vue du plan que j'ai évoqué, c'est à dire qui contribue au système injuste tel qu'il existe.
Il y a plein de manières d'y contribuer, y compris en s'y opposant, autant du moins qu'on n'en vienne pas à en remettre en cause les fondements, qui eux, on verra ce mot apparaître souvent, sont (considérés comme) "déterministes".
Voici le titre de leur article-tract auto-promotionnel ( newsnet.fr):
Face à l'urgence sanitaire, la solidarité au poste de commandes
Voilà, comme ça, tout est dit.
Nous étudions ce qu'est la dictature en cours, dans laquelle nous sommes, et nus nous référons à ce qu'est une dictature dans sa définition la plus stricte, un pouvoir autoritaire, "qui commande".
Et nous nuançons cette vision de l'esprit de ce qu'est une dictature théorique, par ce qu'est la dictature particulière dans laquelle nous voguons. C''est à dire qu'on ne l'observe pas de l'extérieur, avec un regard anthropologique, nous la vivons, et quand on siège en son sein, elle ne semble avoir que de bonnes raisons d'exister.
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Le sujet de la discussion est : Comment Attac est devenu la vitrine de la dictature.
Le modus operandi de la dictature est le suivant :
D'abord, la dictature se définit par l'imposition de l'autoritarisme. Et sa méthode est d'avoir de fausses bonnes raisons, mais c'est une dictature parce qu'elle est indiscutable, et qu'elle refuse d'être remise en cause. Elle ne peut l'être pour les raisons qui justifient son existence. En général ces raisons sont construites délibérément ; par exemple, au moyen-âge, elle s'associait avec la fatalité d'un Dieu vengeur, dont elle prétendait être le porte-parole. En cela, Feu Manuel de Diéguez aurait pu constater comment s'est concrétisée la barbarie qu'il prophétisait.
Il y a que, dans la psychologie humaine, les concepts sont glissants. La psychologie est telle qu'elle souffre d'habituation. Cette habituation s'orne de principes du politiquement correct. Ce qui est rendu admissible, peut ensuite être utilisé par l'inadmissible. Mais à ce moment-là, le remettre en cause, c'est remettre en cause ce qui est réellement inadmissible. C'est à dire que l'autoritarisme, et c'est ce qui est à craindre, puisse fonder son action sur des raisons aussi triviales que la - très fameuse - sécurité (publique), au détriment de la liberté. Ce schéma qu'on voit aujourd'hui est planifié de longue date, bien avant les attentats odieux de Paris, depuis l'époque du 11 septembre 2001, où la terreur a été instillée dans les esprits (comme le rappelle avec intelligence Thierry Meyssan newsnet.fr).
La sécurité. Je pense que ce gouvernement, les gouvernements, se gargarisent de l'aspect sécuritaire de la situation actuelle. C'est en son nom, suite à ces attentats [en France] qui étaient très probablement perpétrés par la coalition occidentale sous fausse bannière, et dont on voit aujourd'hui comment ce fameux Etat Islamique factice est protégé par la Turquie qui postule pour faire partie du clan occidental, qu'a été institué l'Etat d'urgence, des mesures dictatoriales bien utiles. Elles consistent à interdire les réunions publiques, ce qui est un droit de l'homme.
En aparté, on peut se dire qu'elles consistent à contrecarrer les manifestations populaires, sauf que là c'est plus compliqué, ces manifestations ont été entretenues dans le cadre du plan qui consiste à créer le chaos, et à démembrer les nations de leur autodétermination, au profit d'un "nouvel ordre mondial" en gestation - dont l'OMS a été le fer de lance.
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L'angle par lequel il faut aborder "la dictature particulière" qui nous occupe est celui de la psychologie. Pour comprendre succinctement le propos au travers d'un exemple, visualisez cette grosse policière à la voix de poissonnière, qui hurle à-tout-va au milieu de la foule, frappant sur les objets avec sa matraque : "Je veux une personne par magasin ! Un mètre de distance entre vous ! Qu'est-ce que vous comprenez pas là-dedans !! Ce sont les consignes !!! Vous devez respecter les consignes !!!". Et, expliquant à une mère de famille avec sa poussette qui vient de se prendre une amende [pour avoir marché dans la rue] "C'est pour sécurité madame !".
Vous n'avez pas manqué 𝕏 ce twit :
"Vous me connaissez, je vais faire comprendre assez vite les consignes", promet le préfet de police de Paris Didier Lallement qui en profite au passage pour vanter sa récente politique de maintien de l'ordre.
On voit un policier qui, lui aussi, tremble de joie de pouvoir exercer le cœur de son métier : imposer les choses par la force.
On a entendu la petite phrase assassine, médiocre et furtive, mais mémorisée puis amplifiée dans une caisse de résonance : "Les français n'ont pas le sens des responsabilités". Ceci, alors que les politiciens sont restés inactifs durant toute la période d'incubation. Et ceci, derechef, alors que précisément, ce qui distancie une dictature, est le sens des responsabilités, qui est le produit de la liberté. Je veux dire pas là que cette accusation est surtout une incantation ; elle consiste à faire devenir réalité la prétendue raison d'agir de la dictature. En rpivant les gens de liberté, forcément, on les démise de toute forme de responsabilité. Il ne faut pas inverser l'ordre des causes et des conséquences. C'est toujours comme ça que commence l'injustice.
Mais il n'y a aucune raison de s'énerver. Il y a des raisons de paniquer, à cause de la crainte d'être contaminé (et de mourir), mais il faut garder les pieds sur Terre. L'esprit est parfois trop approximatif à propos de nuances fatales. Si on ne cultive pas le sens du discernement, il se produit immanquablement ce que déjà on peut constater dans les rues : la violence, les bagarres, et une forme d'hystérie collective. J'y reviendrai après avoir fini avec ce dont je parle maintenant. Car ce n'est pas un sujet facile. Il se produit qu'on reproche aux gens ce qu'on leur impose, et qu'on justifie la violence par leur propre sécurité. On les matraque pour pas qu'il ne se matraquent eux-mêmes, en gros.
L'article d'Attac aide beaucoup à faire ce travail de tri entre les vecteurs de tensions contradictoires, et les collisions de concepts, qui font la dictature particulière que nous observons. Elle est fondée sur une folie, et ce chaos est instillé par les gouvernements, et c'est le rêve de toute dictature d'avoir le pouvoir, la maîtrise, et le contrôle des esprits. Donc de son point de vue, tant que ça marche, c'est qu'il y a de la demande, et leur action est justifiée.
Il ne faut pas s'étonner de ce que soient contradictoires les propos tenus, relayés à grand coup de médias et avalisés par des associations qui se présentent comme indépendantes, alors qu'elles sont gouvernementales, et les faits constatés : l'autoritarisme, et surtout, l'habituation à l'autoritarisme. Car c'est là le fond de notre propos. C'est à dire qu'il doit se parer de raisons acceptables, voire indubitables, telles que si on ne les accepte pas, un coup de matraque peut y aider.
On aurait pu aller voir la policière-poissonnière, et lui demander "Quelle preuve avez-vous, madame, avec tout le respect que je vous dois, que ce que vous dites est correct ?". Elle nous aurait juste donné un coup de matraque, en répétant pour la millième fois de la journée "il faut respecter les consignes". Les flics adorent dire "moi, je fais ce qu'on me dit", et ce faisant, forcent les gens à faire ce que eux, disent. Et partant de là, munis de ce super-pouvoir, ils peuvent forcer les gens à faire ce qu'ils veulent, en toute impunité. C'est cela, le glissement dont je parlais.
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Face à l'urgence sanitaire, la solidarité au poste de commandes
C'est absolument incroyable qu'Attac ait visé aussi juste avec ce titre. C'est exactement ce qui se passe, hormis un tout petit détail, qui est la dissociation, la dislocation, que fait la maladie mentale. Il y a ce qu'on dit et ce qu'on fait. Il y a ce qu'on croit et ce qui est effectif. On peut très bien être berné par ce qu'on dit et ce qu'on croit, alors que ce qu'on fait et ce qui est fait, vont complètement à l'opposé. C'est de la berlue. Mieux, c'est une surcouche de politiquement correct, appliqué à une dictature impitoyable.
"La solidarité". C'est le maître-mot du moment. On l'avait oublié, ou du moins il résidais dans des recoins éloignés de la civilisation. Et soudain c'est le le slogan de la France, "liberté, égalité, etc.", sauf que là c'est "pas de liberté, inégalités flagrantes, mais vous inquiétez pas, solidarité !".
Quel rôle est amené à jouer Attac dans cette berlue ? On s'y attendait, ce genre d'organisation est dormante jusqu'au jour où elle éclate publiquement pour y jouer son rôle de composant de la pérennisation du système injuste, le capitalisme. Il est devenu majeur pour lui, alors qu'avant c'était mineur, de soigner sa devanture. Le greenwashing, les "énergies vertes", la mascarade Greta (j'ai mal au cœur en disant cela), le fait que les grosses entreprises aient des petits projets verts pour soigner les apparences (et avoir de quoi rétorquer aux critiques), tout cela est de l'ordre de la devanture.
Depuis longtemps, Attac est critiquable pour ne pas aller au fond des choses, rester en surface, à la limite du politiquement correct. Une vraie politique anticapitaliste consisterait à en remettre en cause les fondements sur un plan théorique. Mais au lieu de cela elle ne consiste qu'à rester respectable, audible, acceptable, au sein de ce qui existe, de manière à s'en arranger. Ils veulent quand même un minimum de public. Car s'ils étaient vraiment de bons analystes, cela n'intéresserait qu'une poignée de personnes.
Et voilà que le père SuperScore déboule en héros, en prônant, carrément, la re-nationalisation des industries de biens et services essentiels (les BSE). En faisant cela il surplombe totalement toute l'activité d'associations telles que Attac qui n'était jamais allée aussi loin, et va beaucoup plus loins qu'elles ne l'ont jamais osé. Elles se contentaient de critique les privatisations, mais n'allaient quand même pas jusqu'à prôner les re-nationalisation en masse des industries de BSE.
La vérité est qu'elles se sont faites dépasser par les événements, par la vague, après laquelle désormais ils se retrouve à courir. "Attendez-moi !"
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Ensuite, dans l'article prit en référence (au rayon "publicité" sur newsnet.fr), utilisant l'immonde écriture inclusive, comme pour relayer le discours présidentiel, ils font l'éloge de la solidarité.
Je dois dire à ce titre que j'ai entendu des berlués parler au téléphone "ah oui ça a déclenché une vraie vague de solidarité". Mais ces berlués n'ont pas pris en compte les mouvements sociaux qui enchantent le monde depuis plusieurs années, et le fait que, nouvellement bien informés grâce à la presse parallèle, les gens se mettent à discuter des grands sujets avec une meilleure connaissance de cause.
Ce que cela signifie, de parler à la télé de solidarité, est ce à quoi cela s'oppose : le fait que les gens vont entrer en folie collective et commencer à se battre les uns contre les autres. Cela en est directement la publicité.
Il est prévisible que cela arrive, parce que les denrées vont être de plus en plus rares, il va y avoir des coupures d'eau, d'électricité, tout en restant confinés à domicile, sachant à quel point il est fréquent qu'il y ait des tensions entre les membres d'une même famille. Mais cela, le politiquement correct ne pourra jamais l'admettre ; normalement les familles sont comme dans un pub pour Nutella, heureuses et riches.
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La devanture prend l'exemple extrême des personnes en situation précaire, précisément mise en danger par la politique de spoliation des services publics, qui est une politique menée à l'échelle mondiale. Cette stratégie de spoliation est assez particulière puisqu'elle consiste, une fois dénoncée, à se servir du mal qui est fait pour en faire encore plus, en la dénonçant, ce qui accroît la terreur (de type post-911).
Et, par cette paupérisation, dit Attac, "tout le monde peut être frappé".
C'est incroyable de lire une telle proximité avec ce que fait une dictature.
Donc, que je résume pour être clair : d'abord on crée la paupérisation, ensuite on la dénonce, et enfin on s'en sert pour faire peur. Et le plus redoutable dans tout cela est que la phase de dénonciation a été, la plupart du temps, passée sous silence par les médias. Mais soudain, ça y est, c'est le bon moment pour en parler.
Il se trouve, de par les circonstances, que ce "tout le monde peut être frappé" a une résonance vraiment mortifère. On pense immédiatement au coup de bâton de la policière. Il faut dire que dans notre monde avec son langage orwellien, on ne dit jamais les choses franchement, mais toujours de façon alambiquée, par des litotes, des figures de style, des euphémismes ou de simple détournements innocents. Mais là le message est clair, il me semble. [Par exemple, dans les compétitions sportives où les concurrents sont formés à répondre aux questions, on tient énormément de discours oisifs qui consistent à orner sa posture par de la modestie. Le fond du discours est "je veux gagner", mais sa forme est "les concurrents sont tous très forts, et ça va être difficile". Mais le message évoqué est clair est simple, c'est de la pure concurrence]. Ou encore quand on se fait licencier, on nous dit d'abord "je t'aime beaucoup, on a passé de bons moment, mais là voilà, on n'a pas le choix"... alors qu'en fait ça veut dire "on ne veut plus voir ta tronche". Tout dans le langage moderne est usurpé, et du coup, menaçant. Alors quand on entend "tout le monde peut être frappé", qu'est-ce que cela veut dire, si ce n'est "tout le monde VA être frappé".
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Et en l'occurrence, ce qui se passe (est difficile à décrire) est à la fois de dire aux gens de rester calmes, alors qu'ils le sont, et à la fois de leur dire qu'on les maintient par la force pour leur bien, ce dont ils n'ont pas besoin. Si le couvre-feu n'était pas imposé par cette loi martiale (non constitutionnelle, cela dit en passant), les gens iraient travailler, mais pas par plaisir ou par usage de leur liberté, seulement par nécessité. C'est donc contre cette nécessité que la situation impose de lutter.
Alors, pour ne pas exacerber cette contradiction, c'est à dire le fait que ce monde ne soit qu'un esclavage généralisé et que le système marchand n'est rien d'autre qu'un chantage permanent, "la devanture prend les devants", et expose sa critique très orientée du système, en admettant ses fautes, qui toutefois étaient volontaires, qui ont consisté à paupériser les gens et à privatiser les services publics. Il ne s'agit de rien d'autre que d'une promesse de campagne tout à fait banale, qui consiste à dire "maintenant j'ai compris, allons-y tous ensemble".
Mais là encore, tout comme l'a toujours fait Attac, il ne s'agit nullement d'une remise en cause de quoi que ce soit, ce ce qui fait que le système social est injuste dans ses fondements. Au contraire, il apparaît une nouvelle forme de connivence, comme si grâce à la situation, et tel le flic zélé qu'on a vu au début, Attac est directement en ligne de mire de la situation actuelle, qui consiste à dénoncer des petits crimes de spoliation. Et que si on résout ces petits crimes, alors ensuite tout ira bien, il pourra y avoir autant de virus mortels qu'on voudra (et apparus de nulle part, mais ça c'est une autre question, quoi qu'en prenant une perspective plus large, cela ait un rapport avec le tableau général, qui est "le plan à l'œuvre" - voir mes précédentes "chroniques de la dictature en marche").
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Par ailleurs, Emmanuel Macron a multiplié les références à la guerre lors de son allocution du 16 mars. Mais la guerre contre qui ? S'il s'agit d'une mobilisation générale, ce sont bien les valeurs de solidarité et d'égalité (face à l'accès aux soins, aux biens...) qui doivent nous guider, à l'opposé de toutes les valeurs martiales et belliqueuses que véhicule cet imaginaire guerrier inapproprié.
Une approche un peu plus minutieuse n'hésiterait pas à constater que derrière cette référence de façade à la "gentille guerre", il y a en a une vraie qui se joue. Depuis longtemps les émeutes urbaines font partie des prédictions liée à l'effondrement systémique. Ici, nous y sommes. Non pas seulement un effondrement économique, qui n'en est qu'au début (comme une phase de démolition d'immeuble au ralenti), mais les premières émanations de l'émergence des contradictions douloureuses du capitalisme, dont le but est inconnu (le capitalisme n'a pas de but), mais dont la pratique montre qu'il consiste à faire que les richesses s'agglutinent entre les mains d'un très petit nombre. Cet effondrement systémique va s'exprimer par l'apparition de failles dans les chaînes de production, qui vont devenir de plus en plus béantes, créant des pénuries et des émeutes de la faim. Ce sont les mêmes ruptures de chaînes que celles qu'on constate dans la chaîne alimentaire, au fur et à mesure de l'exploitation sauvage de la nature (sauvage). Sauf qu'ici, elles seront bien plus palpables, de manière chiffrée et démonstratives, Et que les gens seront touchés de plein fouet.
Et donc je pose la question, que viennent faire les valeurs de solidarité, qui apparaissent naturellement dans toute situation de guerre réelle (avec des bombardements et des bruits de bottes), sans qu'on n'ai besoin de les "commander" ou d'en faire la promotion publicitaire, dans ce schéma de l'effondrement économique, qui lui aussi est mathématiquement indubitable, prévisible, sauf que rien n'a été fait pour s'en prémunir, au contraire, les élites se sont dites que ça pourrait leur servir. Ces élites psychopathes ne savent que profiter de tout, c'est la raison pour laquelle, de leur point de vue, elles ne commettent aucune erreur ; et refusent toujours, en toute circonstance, de se remettre en cause. Ils se voient comme au-dessus du peuple. Et ce sont bien eux, ici, qui promeuvent cette idée de "solidarité typique des guerres formelles". Ils disent au fond "allez-y, vous y êtes déjà de toutes façons".
Et nous serons vigilant·e·s face à toute tentative du pouvoir d'utiliser la crise pour accentuer ses traits autoritaires. L'avenir s'écrit dans cette épreuve nous rappelle Naomi Klein : « Lorsque nous sommes mis·e·s à l'épreuve par la crise, soit nous nous replions et nous nous effondrons, soit nous grandissons, et nous trouvons des réserves de force et de compassion dont nous ne savions pas que nous étions capables. »
Précisément Attac se défend par avance des dérives qui, en plus d'être habituelles, sont ici exposées ouvertement, comme pour s'y préparer. Ils disent, en gros "voilà ce qui va arrive, mais ce ne sera pas de notre faute en tous cas". Pourtant, si on ne veut pas que cela arrive, il faudrait peut-être commencer par refuser, critiquer, et répondre à technique de pacification employée, qui consiste à faire appel à la solidarité de guerre. Car franchement, elle n'a rien à faire là, et ce n'est pas du tout le centre du sujet qui devrait nous intéresser. Le centre du sujet est "le plan à l'œuvre".
Cette citation qu'ils utilisent a été très précisément sélectionnée pour maintenir la cohérence de leurs propos, alors que le livre de Naomi consiste plutôt à parler (ah oui au fait) de stratégie de guerre contre les peuples, qui justement s'exprime par la "Dépossession" (un autre livre), qui est la finalité du système marchand, et la conséquence du simple facteur de la propriété privée, puisque grâce à elle on peut tout s'approprier légalement, institutionnalisant le phénomène de chantage, de création des besoins, de stimulation de la demande, par opposition radicale avec tous les principes qui auraient pu mener à l'abondance et la gratuité.
Là, on est en plein dans le sujet. L'industrie (Big Pharma) va pouvoir récupérer des tonnes d'argent. Et en même temps, la main sur le coeur, l'esprit emplit de désir de tout renationaliser (en attendant ce jour tout du moins), d'énormes crédits vont être débloqués pour "empêcher les faillites". Ce qui, au cas où il fallait le dire, ne va rien faire d'autre qu'accélérer la faillite des pays, et leur "dépossession", et leur perte de souveraineté. Est-ce si difficile de le voir ?
Ici, Attac fait œuvre de profession de foi.
La gravité de la situation nécessite un plan d'urgence pour les hôpitaux, qui doit s'appuyer sur les exigences des personnels en lutte depuis des mois, avec notamment :
- l'embauche de personnels ;
- la réouverture de lits (il manque 10 000 places aux urgences et 40 000 dans les Ehpad) ;
- la mise à disposition systématique de tenues de protection efficaces ;
- la mise à disposition de moyens de diagnostic ;
- des soins assurés pour tout·e·s les contaminé·e·s, quel que soit leur âge et leur statut juridique ;
- l'achat de matériel lourd pour les soins (respirateurs...) ;
- l'annulation des dettes des hôpitaux accumulés par 10 ans de politiques néolibérales (8 à 10 milliards d'euros).
Et bam ! voilà comment les révolutionnaires de satin sont en parfait accord avec le discours présidentiel ; voilà comment on passe de l'ombre à la lumière.
Mais tout ceci, de l'ordre de l'acceptable, du raisonnable, ne fait plus aujourd'hui partie que de ce qui est déjà entendu. Cela devrait résulter de politiques bien plus vastes, et non pas être des pansements à une déchéances généralisée. La situation actuelle [de la pandémie, qui est un acte criminel] est utilisée pour, et rien d'autre, nier complètement les causes réelles, encore sacrilèges à dire, de la faillite de ce monde.
Il faut étendre le confinement aux salarié·e·s qui travaillent dans les secteurs qui ne sont pas d'utilité publique en période de crise sanitaire, en fermant provisoirement les entreprises, en assurant un maintien des salaires et l'interdiction des licenciements.
Ici, ce ne sont que des relais de la politique gouvernementale, ce n'est qu'un tract.
Pour une sortie de crise sociale et écologique
Les mesures que vient d'annoncer Emmanuel Macron sont la démonstration que les choix politiques ne sont pas nécessairement soumis à un déterminisme économique. Les mesures d'austérité et les injonctions de l'Europe libérale ne valent plus rien dans un tel contexte. Cela doit nous servir de leçon : non, la mondialisation néolibérale n'est pas une fatalité ; oui, les populations peuvent reprendre la main sur leurs destinées économiques grâce à une intervention politique déterminée ; oui, il est possible de réorganiser l'économie pour répondre aux besoins sociaux, environnementaux et sanitaires du plus grand nombre.
Oh ! Comment dire le choc de lire une telle platitude ?
Je crains même qu'il y ait ici une forme, la même forme que dans le discours présidentiel, d'opération psychologique (PSYOP).
Le terme de la fatalité et du déterminisme, est celui, en premier lieu, central, de la situation actuelle. Il est indubitable. C'est le fondement psychologique de toute dictature, dont la posture est celle de "ce qui tombe du ciel". C'est le fond de commerce de l'autoritarisme. Il faut bien mettre en évidence ces faits avant de lire ce qui est écrit. Car ainsi on voit ce qui veut ne pas être dit. À savoir que le déterminisme ambiant est utilisé à bon escient.
Mais franchement, quelle critique peut-on faire du fait qu'il faille en arriver là, pour se rendre compte de ce qui ne fait que relever de la logique la plus élémentaire ?