Incendie, dégradations, affrontements, la situation a brutalement dégénéré à Santiago, au Chili, après qu'une augmentation du prix des tickets de métro a entrainé d'importantes manifestations. Le président a décrété l'état d'urgence.
Des manifestations de protestation contre l'augmentation des prix des transports ont rapidement dégénéré de manière spectaculaire à Santiago, au Chili le 18 octobre.
Le président du pays, Sebastián Piñera, a décrété l'état d'urgence et fait appel à l'armée dès la fin de journée face au chaos qui s'est abattu sur la capitale. Il a annoncé à cet égard avoir nommé un général de division à la tête de la défense nationale.
La violence des affrontements a conduit à la fermeture de toutes les stations de métro. «L'ensemble du réseau est fermé en raison des émeutes et des destructions qui empêchent les conditions minimales de sécurité pour les passagers et les travailleurs», a annoncé sur Twitter le gestionnaire du métro, après des attaques contre presque l'intégralité des 164 stations, où beaucoup de barrières et tourniquets ont été détruits.
Avant que les stations de métro ne soient bouclées, des appels à monter dans les trains sans billet avaient circulé, pour protester contre l'augmentation des prix des tickets de métro, passés de 800 à 830 pesos (1,04 euro) aux heures de pointe, après déjà une première augmentation de 20 pesos en janvier dernier. Des photos publiées par Reuters et l'AFP montrent des stations de métro en proie aux flammes.
A travers la ville de Santiago, des manifestants ont érigé des barricades et se sont heurtés à la police, qui a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes, des scènes de bataille de rue plus vues depuis longtemps dans la capitale chilienne.
Des images circulant sur les réseaux sociaux attestent en effet de ces destructions et de ces violences.
Plus grave : Erika Ortega Sanoja, journaliste vénézuélienne pour RT en espagnol a publié des vidéos montrant des images très choquantes d'une jeune femme qui semble perdre beaucoup de sang et qu'elle présente comme venant d'être blessée par balle pendant les manifestations.
Dans une autre vidéo postée un peu plus tard par la même journaliste, on peut voir du sang par terre et une personne allongée à laquelle d'autres apportent des soins. Il s'agirait a priori de la même jeune femme, selon la journaliste de RT en espagnol.
Les affrontements se sont multipliés à la tombée de la nuit et le bâtiment de la compagnie d'électricité Enel ainsi qu'une succursale de Banco Chile, tous deux dans le centre-ville, ont été incendiés. Les pompiers ont cependant indiqué après environ une heure d'efforts que le sinistre était en phase de contrôle, et aucun employé n'a été blessé.
Un supermarché tout proche a aussi été pillé et plusieurs stations de métro ont été attaquées à coup de cocktails molotov. Le 17 octobre, 133 personnes avaient été arrêtées pour des dégradations dans les stations de métro, où les dommages se montent selon le gestionnaire à 400 à 500 millions de pesos (630 000 euros).
Les transports en commun sont très utilisés à Santiago, une ville très polluée et congestionnée. Le métro de Santiago, le plus étendu (140 km) et le plus moderne d'Amérique du sud, par lequel transitent environ 3 millions de passagers par jour, devrait rester clos ce week-end et pourrait rouvrir progressivement la semaine prochaine. Beaucoup d'habitants de Santiago ont ainsi dû rentrer chez eux à pied, parcourant parfois de longue distances, ce qui a provoqué des scènes de chaos et de désespoir.
Le président Sebastián Piñera a déclaré que «la hausse des prix des tickets de métro obéit au mandat de la loi, répond à la hausse des prix du dollar et du pétrole et a été déterminée par un panel d'experts». Devant la situation chaotique, il a toutefois annoncé que le gouvernement organiserait dans les prochains jours un «dialogue intersectoriel» afin de tout mettre en œuvre pour atténuer et alléger la situation des citoyens qui ont été touchés par la hausse.
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