Yann FIEVET
Depuis toujours, un peu partout dans le monde, des guerres meurtrières sévissent. Elles finissent toujours par s'interrompre, son suivies d'une reconstruction plus ou moins malaisée. Des contrées entières du globe n'ont plus connu de guerres depuis longtemps. Et voilà qu'en 2020 la planète dans sa totalité est aux prises avec un ennemi non organisée en armée, un ennemi invisible que les sociétés les plus « avancées » ne se sont pas préparées à affronter, les plus pauvres à pouvoir le faire faute de moyens. L'ennemi sans visage a pourtant un nom : Covid 19. Cependant, nous ne sommes pas confrontés à une guerre contrairement à ce que proclame d'abusives déclarations officielles. Nous sommes assaillis par une pandémie. Elle va passer mais aura fait auparavant d'incommensurables dégâts humains dans les sociétés ayant négligées de se protéger ou dans celles qui étaient dans l'incapacité de le faire. Il ne s'agit pas non plus d'une crise. Après la traversée d'une crise les choses reviennent à peu près comme elles l'étaient auparavant. Là, il s'agit d'une catastrophe à partir de laquelle il sera impossible de restaurer les sociétés dans leur état préalable. Et, le moment venu, nous aurons à demander des comptes.
La France, contrairement à ce que prétendaient ses dirigeants lorsque le Coronavirus commença de sévir en Chine, est l'un des pays les moins bien armés pour contenir la pandémie. C'est affligeant pour une nation qui appartient à la sphère des pays dits développés et possédait il y a encore quinze ans l'un des premiers systèmes de santé au monde. Nul besoin d'une enquête approfondie pour déterminer les causes de cette vulnérabilité que l'on fait mine de découvrir quand la menace annoncée est devenue une dramatique réalité. Après quinze années d'une politique de santé de gribouille on manque de presque tout ce qui est nécessaire pour faire face à la propagation massive du dangereux virus : tests de dépistage, gel hydro-alcoolique, masques, respirateurs, lits de réanimation, infirmières, etc. Seul l'extrême dévouement des personnels soignants ne manque pas. Cela ne saurait être suffisant car ils ne peuvent tenir indéfiniment le front sans dommages graves dans leurs rangs. Du reste, quand ils furent appelés au front nouveau qui s'ouvrait cela faisait déjà un an qu'ils s'épuisaient à réclamer des moyens humains et matériels pour leurs hôpitaux, moyens que nos gouvernants s'obstinaient à leur refuser au nom d'un dogme budgétaire que l'on sait criminel désormais. On peut bien les applaudir tous les soirs à 20 heures, le mal est fait. On les envoie au casse-pipe comme disaient nos aïeux, et cela sans protection suffisante. Jugeons-en : il y avait en France au début des années 2010 près de deux milliards de masques. Lorsque le virus couronné pointa son nez il n'en restait plus que 110 millions ! Où sont passés les stocks ? Il paraît qu'une commission d'enqête sera nécessaire pour le savoir.
Puisque l'on manque de presque tout il n'y avait plus qu'à confiner tout le monde pour tenter de contenir la progression de l'ennemi invisible. Pour justifier la contraignante mesure on ajouta à l'imprévoyance coupable des mensonges encore plus coupables. On prétendit, avec l'aval de certains « scientifiques », qu'il ne sert à rien de faire des tests de dépistage pour toute la population et que « les masques ne sont pas vraiment utiles car les gens ne savent pas les utiliser ». Il fallait bien prendre rapidement le contre-pied de la pénurie organisée de longue date. Alors, on confina ! Pourtant, là aussi l'inconséquence est de mise. Comme nos dirigeants comptent ardemment faire repartir la machine économique sur les mêmes rails hasardeux une fois passée la pandémie il convient que le monde du travail ne soit pas trop à l'arrêt. Et, on entretint le flou autour des « activités indispensables à la vie de la Nation ». Le droit de retrait est praticable mais avec modération, et pas pour les précaires. Le télétravail c'est surtout pour les cadres. Les autres vont au charbon - encore nos aïeux ! - avec encore moins de protection que les soignants. Bref, nous sommes dans l'incurie, Du latin incuria signifiant défaut de soin, négligence, insouciance. Oui, tout cela à la fois. Une incurie monstrueuse !
Cependant, comme tout cela ne suffisait sans doute pas à vous discréditer, Monsieur Macron, votre police continue durant le confinement à matraquer les plus démunis. Ce fut le cas tout récemment avec l'évacuation particulièrement musclée du campement de fortune de migrants du nord-est parisien. Ces pauvres gens, hommes, femmes et enfants sont encore plus vulnérables que nos compatriotes face à la pandémie qui gronde mais vous ne trouvez rien de plus urgent que de les faire violenter davantage. Pour tout cela, Monsieur Macron, vous devrez, lorsque nous pourrons de nouveau nous mouvoir normalement, nous rendre des comptes. Vous avez décrété « l'état d'urgence sanitaire » - notion pour le moins floue aux dires de nombre de juristes - que vous pourriez songer à prolonger après le passage de la pandémie dans le but non avoué de faire taire toute contestation. Parions dès maintenant que cet ultime avatar de votre incurie, le cas échéant, ne suffira pas à éteindre l'incendie qui déjà couve sous la braise. Dans l'immédiat, il vous reste, pour sauver un peu votre honneur, à tout mettre en œuvre pour sauvegarder notre population au lieu de songer encore à protéger les intérêts des plus nantis comme vous le faites depuis votre arrivée à l'Elysée. Enfin, ce ne sera pas à vous, M. Macron, qu'incombera la responsabilité de (re)construire la société d'après-pandémie. Pour une raison évidente : les valeurs qui sont les vôtres n'auront pas la moindre place dans la construction d'une société enfin solidaire et plus sûre, plus sûre parce que solidaire.
Yann Fiévet