18/03/2011 14 articles info-palestine.net  6min #50924

 Une guerre de l'Occident pour recoloniser la Libye

« zone d'exclusion aérienne » sur la Libye

Le Conseil de sécurité a décidé d'imposer une zone d'exclusion aérienne sur la Libye et d'autoriser « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils.

Al Jazeera

Cette affiche, photographiée à Benghazi, représente des opposants massacrés lors d'une vague répressive particulièrement violente en 1996. Les habitants de Benghazi savent ce qui les attend si les milices de Khadafi entrent dans la ville - Photo : REUTERS/Asmaa Waguih

Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (CSNU) a voté une résolution imposant une zone d'exclusion aérienne sur la Libye et « toutes les mesures nécessaires » - lire « action militaire » - pour protéger les civils.

Dix des 15 membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution, ce jeudi, tandis que la Russie, la Chine, l'Allemagne, l'Inde et le Brésil se sont abstenues.

Malgré le choix de ne pas utiliser son droit de veto pour bloquer la résolution, la Chine a exprimé vendredi de graves préoccupations au sujet de l'imposition de la zone d'exclusion aérienne.

« Nous nous opposons à l'utilisation de la force militaire dans les relations internationales, et nous avons de sérieuses réserves sur une partie du contenu de la résolution, » a déclaré dans un communiqué Jiang Yu, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Mais aucun vote opposé n'a été enregistré contre la résolution, co-parrainée par la France, la Grande-Bretagne, le Liban [représentant la Ligue Arabe] et les États-Unis.

Conformément à la définition de la zone d'exclusion aérienne, seuls les avions militaires sont interdits de voler dans l'espace aérien libyen. La résolution exclut de cette interdiction les vols commerciaux et humanitaires.

À Benghazi, fief de l'opposition, une grande foule à pris connaissance du vote par une projection TV en plein air, la célébrant par des feux d'artifice vert et rouge qui emplissaient l'air.

Rapportant de Benghazi, Tony Birtley d'Al Jazeera a déclaré que de nouveaux espoirs ont été donnés à la ville. « Ils peuvent s'engager dans cette lutte avec une vigueur renouvelée, avec une espérance renouvelée », dit-il.

Rapportant depuis Tobrouk, James Bays d'Al-Jazeera a déclaré de son côté que des coups de feu ont retenti dans la nuit de jeudi. « C'était des coups de feu de célébration. »

« C'est ce qu'ils attendaient, ils ont appelé à une zone d'interdiction de vol par l'ONU... les gens ici sont encouragés par les nouvelles. »

Toutefois, Bays a ajouté qu'il fallait « injecter une dose de prudence dans l'enthousiasme du moment, car les troupes de Kadhafi étaient loin d'être défaites. »

La résolution est intervenue quelques heures seulement après que Mouammar Kadhafi, le dictateur libyen contesté, ait averti les habitants de Benghazi que ses forces seraient « sans pitié » dans un assaut imminent sur ​​la ville.

« La question a été tranchée... nous venons », a-t-il dit dans une allocution radiodiffusée ce jeudi.

Le dictateur libyen a qualifié les combattants pro-démocratie de Benghazi de « bandits armés » et a exhorté les habitants à les attaquer, en disant : « Vous devez tous sortir et nettoyer la ville de Benghazi ».

« Nous allons les traquer et les rechercher, allée par allée, rue par rue... Des vagues massives arriveront en rampant pour sauver les habitants de Benghazi, qui demandent de l'aide, qui nous demandent de les sauver. Nous devons venir à leur secours. »

« Nous aussi allons être fous »

Dans une interview diffusée juste avant le Conseil de sécurité qui devait voter la résolution, Kadhafi a rejeté les actions de l'institution.

« Le Conseil de sécurité n'a pas de mandat. Nous ne reconnaissons pas ses résolutions », a-t-il dit au public de Radiotelevisao Portuguesa [on peut aussi se demander quel est le mandat de Khadafi et de son psychopathe de fils ? Mais gageons que le journaliste de la radio portugaise n'a pas posé la question... - N.d.T].

Il s'est engagé à répondre durement aux attaques parrainées par l'ONU. « Si le monde est fou, nous serons fous aussi », a-t-il dit.

S'adressant aux journalistes à Tripoli après le vote, Khalid Kaim, le sous-ministre libyen des Affaires étrangères, a pris un ton conciliant, offrant de négocier une trêve avec les rebelles.

« Nous sommes prêts pour cette décision (un cessez-le), mais nous avons besoin d'un interlocuteur pour discuter de la façon de la mettre en œuvre », a dit Kaim lors d'une conférence de presse.

« Nous avons discuté hier soir avec l'envoyé des Nations Unies (le jordanien Abdul Ilah Khatib) et posé des questions légitimes sur l'application d'un cessez-le. »

Kaim a indiqué que la Libye « réagira positivement à la résolution de l'ONU, et nous allons prouver cette volonté, tout en garantissant la protection des civils. »

Des diplomates ont indiqué que les frappes aériennes de la coalition menée par la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis pourraient être imminentes, mais la résolution de l'ONU exclut d'envoyer des troupes au sol.

 Vidéo d'une manifestation à Benghazi ce jeudi 17 mars 2011

Susan Rice, l'ambassadeur américain à l'ONU, a déclaré : « Cette résolution exige un cessez le feu immédiat et un arrêt complet de la violence et des attaques contre les civils. »

« Le Conseil de sécurité a autorisé l'utilisation de la force, y compris l'application d'une zone d'exclusion aérienne pour protéger les civils et les zones civiles ciblées par le colonel Kadhafi, ses services de renseignements, ses forces de sécurité et ses mercenaires, » a dit Rice.

Plus tôt, le ministère libyen de la défense a averti que « toute opération militaire contre la Libye allait mettre en danger l'ensemble du trafic aérien et maritime en Méditerranée. »

« Tout le trafic civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne, » a fait savoir l'agence de nouvelles officielle Jana, citant le porte-parole du ministère de la défense.

Les zones de combat

Les derniers développements sont intervenus au milieu des revendications et contre-revendications sur l'évolution des combats entre les milices de Kadhafi et les insurgés.

Les insurgés cherchent à mettre fin à la dictature vieille de plus de 41 ans de Kadhafi.

La télévision d'Etat a déclaré que les milices de Khadafi étaient à la périphérie de Benghazi, alors que l'opposition affirmait de son côté que les combattants de Benghazi avaient abattu deux avions de combat de Khadafi.

Les combattants de l'opposition dans la ville occidentale de Zintan, à environ 120 km au sud-ouest de la capitale Tripoli, ont dit qu'ils se préparaient à une attaque des milices de Kadhafi.

« Selon les combattants, les forces pro-Kadhafi tentent d'encercler Zintan. Il y a des mouvements de troupes au nord et au sud-ouest de la ville. Ils s'attendent à une forte attaque sur la ville. Je n'ai pas entendu de coups de feu ce matin. Ils disent avoir bloqué [la colonne principale de tanks] pendant la nuit, » a déclaré un témoin cité par l'Agence France Presse.

La lutte fait rage également pour le contrôle d'Ajdabiya, la dernière ville avant Benghazi [les insurgés ont dit avoir tué ou blessé près d'une centaine de khadafistes].

Un médecin a dit à l'AFP que les combats se poursuivaient dans et autour de la ville, qui assure le contrôle de la route allant à Tobrouk et à la frontière égyptienne à l'Est, et qui est aux mains des insurgés.

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