17/12/2014 7 articles wikistrike.com  5min #93735

 La guerre glaciale de Washington contre la Russie (counterpunch)

Le Krach historique du rouble créé la panique en Russie

Les USA en pleine crise économique attaquent la Russie et son Rouble, nouvelle étape avant l'affrontement militaire

Cette dégringolade continue ravive le souvenir de 1998, lorsque l'effondrement du rouble avait conduit, en quelques jours, à un défaut de la Russie sur sa dette.

Le rouble continue sa descente aux enfers. Après sa chute de près de 10% lundi, la monnaie russe s'est effondrée de 20% mardi 16 décembre, atteignant de nouveaux records de faiblesse face au dollar (80 roubles pour un dollar) et à l'euro (100 roubles pour un euro). Il s'agit d'un choc d'une ampleur qui n'avait plus été observée depuis 15 ans. Depuis le début de l'année, le rouble a cédé près de la moitié de sa valeur face au dollar. Cette dégringolade continue ravive le souvenir de 1998, lorsque l'effondrement du rouble avait conduit, en quelques jours, à un défaut de la Russie sur sa dette. Tour d'horizon des questions que pose cette crise.

1. Pourquoi le rouble s'effondre ?

La chute de la monnaie russe tient principalement à trois facteurs : la spéculation contre le rouble, le recul du prix du baril de pétrole et les sanctions occidentales prises contre la Russie en raison de son rôle dans la crise ukrainienne. "L'élément fondamental de cet effondrement est d'abord la très grosse spéculation contre la monnaie russe, juge l'économiste Jacques Sapir. Depuis plusieurs semaines mais surtout depuis vendredi 12 décembre, on assiste à un fort mouvement spéculatif contre le rouble et cela émane pour une bonne partie de spéculateurs russes."

La chute du pétrole contribue aussi fortement à cette crise. Mardi, le baril de Brent a plongé sous les 60 dollars pour la première fois depuis juillet 2009. "C'est une très mauvaise nouvelle pour la Russie qui en est extrêmement dépendante, analyse François Chevallier, en charge de la stratégie à la Banque Leonardo. Cela va lui faire perdre d'énormes recettes".

En effet, la Russie tire de l'or noir la moitié de ses revenus budgétaires. Et la banque centrale a dressé lundi un tableau noir de l'année à venir, avertissant que le produit intérieur brut du pays pourrait chuter de 4,5% à 4,8% si les prix du pétrole se maintiennent autour de 60 dollars le baril. Le gouvernement russe prévoit d'ailleurs une récession en 2015 (-0,8 %), après une croissance d'environ 0,6 % cette année.

D'autres facteurs, comme une série de sanctions européennes et américaines sans précédent contre Moscou dans le cadre de la crise ukrainienne, plombent l'économie russe. "Il est vrai que les banques occidentales ont la trouille du gouvernement américain et ne prêtent quasiment plus à la Russie en dollars, soutient Jacques Sapir. Mais ces sanctions n'ont que peu d'impact par rapport à la spéculation et à la baisse du prix du pétrole".

2. Quelles conséquences ?

Pour les ménages, les conséquences de l'affaiblissement de la monnaie nationale sont déjà très concrètes. La hausse des prix approche déjà 10% sur un an et promet de s'envoler encore. Les autorités ont notamment vu ces derniers jours réapparaître les étiquettes en devises étrangères dans certains magasins, des étiquettes fréquentes dans les années 1990. Cette valse des prix provoque une fièvre d'achats, certains Russes se pressant pour acheter du matériel électronique, meubles ou même voitures avant de voir leurs prix flamber.

La Russie est aussi confrontée à un départ des capitaux : 128 milliards de dollars (103 milliards d'euros) se sont "envolés" en 2014, selon la Banque centrale de Russie (BCR).

Cette chute du rouble corrélée à la baisse du prix du pétrole a également eu des conséquences en France et en Allemagne. Signe de l'inquiétude des investisseurs, les actifs les plus sûrs comme les dettes des Etats connaissent une forte demande. Les taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne (0,601%) et de la France (0,877%) ont ainsi touché mardi de nouveaux plus bas historiques sur le marché obligataire.

3. Que peut faire la Russie ?

Le gouvernement russe est déjà passé à l'action. Dans la nuit de lundi à mardi, il a, fait exceptionnel, augmenté de 6,5 points son taux directeur à 17%, contre 10,5% auparavant et 5,5% au début de l'année. "Cela n'a eu aucune efficacité mardi puisque le rouble a encore plus chuté que lundi, juge Jacques Sapir. Et même si la Russie augmente encore son taux, cela ne changera rien car les spéculateurs pourront continuer à spéculer contre le rouble".

Le site Lenta.ru, a d'ailleurs calculé qu'avec un taux directeur à 17%, un crédit immobilier sera ainsi désormais accordé avec un taux d'au moins 22%, un niveau difficile à tenir par des ménages au pouvoir d'achat malmené par la hausse des prix.

Dans ce contexte, l'idée d'introduire des restrictions sur les mouvements de capitaux est de plus en plus évoquée. "C'est la meilleure solution même si cela peut avoir un coût politique", répond Jacques Sapir. "C'est un peu la dernière arme qu'il reste à la Russie mais ce n'est pas un très bon signal car c'est un message de fermeture et cela ne redonnera pas confiance en la monnaie russe", souligne François Chevallier.

Autre hypothèse : faire intervenir la Banque centrale de Chine. "La Banque centrale de  Russie peut s'entendre avec la Banque centrale de Chine et injecter d'énormes quantités de dollars, c'est-à-dire entre 100 et 120 milliards de dollars en quelques semaines, imagine Jacques Sapir. Elle prendrait alors les spéculateurs à contrepied et leur ferait perdre beaucoup d'argent. C'est toutefois peu probable car le gouvernement russe n'acceptera sans doute pas de se mettre dans la main des Chinois".

 Vladimir Poutine devrait apporter un début de réponse à ces questions jeudi. Le chef de l'Etat russe doit passer un grand oral devant des centaines de journalistes russes et étrangers qui devrait faire la part belle à la situation économique.

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Par Giuseppe Masala

Quelques considérations sur la crise russe (et aussi sur celle américaine). Tout d'abord, il parait évident que la crise financière russe est totalement fabriquée par les USA pour des motifs géopolitiques et économiques (et d'ailleurs  à ce sujet, je n'ai entendu aucun « libéral » hurler contre la distorsion du « marché libre »). Les fondamentaux russes ne justifient en aucune façon un tel effondrement de la monnaie russe : des finances étatiques saines, une dette publique très basse, de grosses réserves en devises étrangères et en or (et il s'agit véritablement du métal or et nonpas de papier).