France-Soir, avec AFP
L'opposant russe Alexeï Navalny fait le signe de la victoire depuis son box vitré durant une audience du tribunal de Babouchkinski à Moscou, le 20 février 2021.
© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP/Archives
Vendredi 16 février, les services pénitenciers russes ont annoncé la mort d'Alexeï Navalny, ennemi public numéro 1 en Russie. Le décès a eu lieu dans une colonie pénitentiaire reculée de l'Arctique, à seulement un mois de la présidentielle.
Âgé de 47 ans, le militant purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme". Il y était depuis trois ans. Comme le rapporte l'AFP, il avait enchaîné les problèmes de santé liés à une grève de la faim, ainsi qu'à cet empoisonnement, dont il avait été victime en 2020 et auquel il avait survécu miraculeusement. Depuis quelques semaines, si son corps apparaissait particulièrement affaibli, sa détermination n'avait pas failli.
Au cours des audiences et dans des messages diffusés sur les réseaux sociaux par l'intermédiaire de son équipe, il continuait sans relâche de conspuer Vladimir Poutine, qualifié de "papi caché dans un bunker". Au cours de son procès, il avait fustigé "la guerre la plus stupide et la plus insensée du XXIe siècle", évoquant l'assaut russe contre l'Ukraine. Dans ses messages en ligne, il ironisait sur les brimades que l'administration carcérale lui faisait subir.
Du reste, on ne sait pas grand-chose sur le contexte de sa mort, les autorités s'étant limitées à un communiqué lapidaire : "Le 16 février 2024, dans le centre pénitentiaire N°3, le prisonnier Navalny A.A. s'est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance [...] Tous les gestes de réanimation nécessaires ont été pratiqués, mais n'ont pas donné de résultat positif. Les médecins urgentistes ont constaté la mort du patient. Les causes de la mort sont en train d'être établies", ont expliqué les services pénitenciers.
Il va sans dire que les hypothèses vont bon train. Pour le président de la Lettonie, il "vient d'être brutalement assassiné par le Kremlin". Idem pour le chef de la diplomatie polonaise. Pour le chef de la diplomatie française, il "a payé de sa vie sa résistance à un système d'oppression". Pour le Premier ministre britannique Rishi Sunak, c'est une "immense tragédie" pour le peuple russe. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit "très attristé" et a jugé qu'il avait "payé son courage de sa vie".
Ce qui est certain, c'est que sa disparition va rebattre les cartes de la présidentielle à venir. Dans un message publié le 1ᵉʳ février dernier par son équipe, il avait appelé à des manifestations partout en Russie lors de la présidentielle prévue du 15 au 17 mars. Si rien ne l'en empêche, Vladimir Poutine se maintiendra au pouvoir jusqu'en 2030 au moins.