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Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov et son homologue israélien Yaïr Lapid (image d'illustration).
2 mai 2022, 18:39
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclenché la colère d'Israël en évoquant des origines juives supposées d'Hitler sur une chaîne de télévision italienne. Le ministre des Affaires étrangères israélien Yaïr Lapid a demandé des excuses.
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a déclenché une tempête diplomatique en évoquant des origine juives supposées d'Hitler sur la chaîne de télévision italienne Mediaset le 1er mai.
Le diplomate entendait de cette manière récuser l'argument que fait valoir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon lequel le nazisme ne pouvait être présent dans son pays étant donné qu'il est lui-même juif.
Cela fait longtemps qu'on entend les plus sages des juifs nous dire que les pires des antisémites sont juifs
«Je peux me tromper, mais Hitler avait aussi du sang juif», avait alors rétorque Sergueï Lavrov, dont l'interview a été retranscrite sur le site de son ministère. «Cela fait longtemps qu'on entend les plus sages des juifs nous dire que les pires des antisémites sont juifs», a-t-il aussi déclaré dans l'entretien.
Sitôt connue, la déclaration a provoqué la colère de l'exécutif israélien. «Les propos du ministre [Sergueï] Lavrov sont à la fois scandaleux, impardonnables et une horrible erreur historique», a déclaré le chef de la diplomatie de l'Etat hébreux Yaïr Lapid dans un communiqué où il a demandé des excuses et précisé que l'ambassadeur russe était convoqué pour des «clarifications».
«Les Juifs ne se sont pas assassinés eux-mêmes pendant l'Holocauste», a-t-il écrit par ailleurs.
The use of the Holocaust of the Jewish people as a political tool must cease immediately."
«Comme je l'ai déjà dit, aucune guerre à notre époque ne ressemble à l'Holocauste ou n'est comparable à l'Holocauste. L'utilisation de l'Holocauste du peuple juif comme outil politique doit cesser immédiatement», a protesté pour sa part le Premier ministre Naftali Bennett. De nombreuses autres protestation ont été formulées en Israël, notamment par le président de Yad Vashem (mémorial de la Shoah en Israël) Dani Dayan qui a estimé que ces propos étaient «sans fondement, délirants et dangereux».
Israël a tenté un rôle de médiateur dans la crise en raison notamment de ses bonnes relations et des liens d'une partie de sa population avec l'Ukraine, comme avec la Russie. Le pays a envoyé du matériel de protection à l'Ukraine, mais pas d'armes. Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba a quant à lui estimé que ces propos révélaient «l'antisémitisme profondément enraciné au sein des élites russes».
Les spéculation sur les origines juives supposées d'Hitler reposent principalement sur les affirmations du criminel nazi jugé à Nuremberg Hans Frank, qui a prétendu dans ses mémoires qu'il lui avait découvert des ascendants juifs. Les zones d'ombre de l'arbre généalogique du dictateur (son père était né d'un couple illégitime entre autres) ont alimenté cette rumeur qui n'a cependant jamais pu être prouvée. En 2019, le débat a été relancé par une étude du psychologue Leonard Sax publié dans le Journal of European Studies et dont le Jerusalem Post s'était fait l'écho. Une théorie qui nourrit aujourd'hui encore une controverse entre certains historiens.