Arrêt de travail automatique, chômage partiel, report du paiement des cotisations sociales...le gouvernement déploie des outils budgétaires pour tenter de faire face au choc économique qui s'annonce dans le sillage de l'épidémie.
Rappelant le «whatever it takes» (tout ce qu'il faudra) prononcé par Mario Draghi lors de la crise de l'euro en juillet 2012, l'expression «quoi qu'il en coûte» s'est révélée l'élément de langage principal des communications présidentielle et gouvernementale sur les mesures prises face aux effets de l'épidémie de Covid-19 et de la crise qui s'annonce.
«Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises, quoi qu'il en coûte», a par exemple déclaré, jeudi soir 12 mars, le président de la République Emmanuel Macron, au cours de son allocution filmée depuis le palais de l'Elysée. Il a également évoqué la mise en œuvre d'un «mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel».
Dès le lendemain, sur les ondes de BFMTV, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a donné une estimation large du coût de l'ensemble des mesures économiques et sociales prévues : «des dizaines de milliards d'euros», et précisé que l'indemnisation du chômage partiel serait «probablement le dispositif le plus coûteux pour l'Etat».
«Aucun salarié ne perdra un centime», a martelé le ministre en précisant : «L'Etat prendra à sa charge charge l'intégralité de l'indemnisation de tous les salariés placés en chômage partiel quel que soit leur niveau de rémunération, alors qu'aujourd'hui c'est plafonné à un SMIC.» Mais c'est l'indemnisation, et non la totalité de la rémunération du salarié, qui sera pris en charge à 100% par l'Etat, a-t-on précisé au ministère du Travail.
En une semaine, le nombre d'entreprises ayant demandé à bénéficier de la mise en chômage partiel a explosé. Muriel Pénicaud la ministre du Travail a révélé vendredi 13 mars qu'elles étaient, la veille au soir, déjà 5 117 pour des mesures concernant 80 000 salariés, et pour un coût de 242 millions d'euros.
«Mais ça va aller bien au-delà évidemment», a-t-elle ajouté, reprenant l'élément de langage de cette séquence de communication gouvernementale en déclarant: «Quel que soit le coût, nous ferons face.»
«Vous faites un mail et vous ne payez pas»
Parmi les autres mesures destinées à protéger l'activité économique et éviter les faillites, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a annoncé le report sans conditions du paiement des cotisations sociales par les entreprises «sur simple mail» à l'administration, notamment pour le versement des cotisations Urssaf qui intervient le 15 mars. «Vous faites un mail et vous ne payez pas», a-t-elle ajouté.
Le gouvernement semble aussi réfléchir aux moyens de compenser les conséquences pour les parents de la fermeture des établissements scolaires à partir du lundi 15 mars. La ministre a par exemple annoncé que les parents d'enfants de moins de 16 ans qui ne peuvent pas recourir au télétravail «[avaient] droit automatiquement» à un arrêt maladie (sur demande de l'employeur).
Cependant l'ensemble des mesures économiques et sociales ne semble pas avoir encore été arrêté avec précision. Lors de son passage sur BFMTV le ministre de l'Economie et des Finances a par exemple évoqué des «indemnités journalières []... pour toutes les femmes seules qui gardent leurs enfants et ne sont pas forcément en activité partielle».
Je pense qu'il faut également prévoir des dispositifs spécifiques pour les aides-soignantes
Evoquant le cas des personnels hospitaliers en première ligne face à l'urgence sanitaire et appelés, eux, à tenir leurs postes, enfants à charge ou pas, Bruno Le Maire a aussi déclaré : «Je pense qu'il faut également prévoir des dispositifs spécifiques pour les aides-soignantes», suscitant une impression d'improvisation.
Concertation au niveau du G7
Enfin, alors que les effets secondaires de l'épidémie sur l'activité économique se conjuguent à un effondrement boursier et que la perspective d'une récession se fait de plus en plus menaçante, le président a annoncé lors de son discours télévisé qu'il avait demandé au gouvernement de «préparer un plan de relance, national et européen».
«Nous, Européens, ne laisserons pas la crise financière et économique se propager []... L'ensemble des gouvernements européens doit prendre les décisions de soutien de l'activité puis de relance, quoi qu'il en coûte», a déclaré le président.
Emmanuel Macron a également annoncé pour le lendemain une conversation téléphonique avec le président des Etats-Unis Donald Trump qui a abouti à un accord pour une réunion des dirigeants du G7 par visioconférence le lundi 15 mars pour débattre d'une réponse coordonnée à la crise du coronavirus.